Quand on n’a que l’humour…

Face à la maladie, certains s’effondrent, d’autres s’adaptent. Et parfois, on rit. Non pas parce que la situation est drôle, mais parce que le rire devient un moyen de tenir debout, de respirer, de continuer. Un petit écart de légèreté dans un quotidien qui pèse lourd.

Rire dans des situations dramatiques peut sembler déplacé. Certains en sont choqués. Comme si l’émotion la plus pure, celle qui jaillit malgré tout, devait être contenue, étouffée, censurée. Mais quand on répète quinze fois en deux heures ce qu’on va manger, ou à quelle heure part le train, ou la date du jour… il y a un moment où l’épuisement frôle l’absurde. Et alors, le rire devient un réflexe de survie.

Avec mon frère, nous avons partagé des fous rires mémorables. Pas sur la maladie elle-même, bien sûr, mais sur des situations complètement ubuesques, celles où la logique semble s’être évaporée. Ces éclats de rire ne sont jamais un manque de respect. Ce sont des soupapes. Des respirations nécessaires pour ne pas s’effondrer.

Et parfois, le rire naît avec notre mère. Parce qu’elle sent l’ambiance, elle perçoit nos sourires. Quand elle repose la même question pour la sixième fois et qu’on lui explique, doucement, qu’elle l’a déjà posée — et que cela nous fait rire un peu, de fatigue mais aussi de tendresse — elle rit avec nous.Pas parce qu’elle comprend tout, mais parce qu’elle ressent. Elle capte la chaleur de l’instant, la légèreté de nos visages. Et ce rire partagé, fugace, devient un lien.Il dit : on est encore ensemble.