Vivre avec l’hypertension arterielle

Les recommandations en matière d’hygiène de vie faites aux hypertendus sont celles qui s’appliquent – ou devraient s’appliquer – à tout un chacun. Elles sont extrêmement simples et visent à éviter les grands excès en sel, en matières grasses et en calories pour limiter la prise de poids progressive du sujet avec l’âge.
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Ces règles seraient encore plus efficaces si elles étaient proposées aux « pré-hypertendus », c'est-à-dire aux personnes qui ne sont pas encore hypertendues mais qui présentent un risque élevé de le devenir. Il s’agit notamment de personnes entre 30 et 40 ans qui se sont sédentarisées, qui ont pris régulièrement du poids au fil du temps et ont des antécédents familiaux d’hypertension artérielle.

Une bonne prévention de l’hypertension artérielle primaire consiste à orienter ce message de mise en garde vers cette catégorie de personnes : pratiquer ou reprendre une activité physique, veiller à garder son poids de forme le plus longtemps possible, éviter les excès de sel, etc.

Chez un hypertendu traité, ces règles hygiéno-diététiques sont importantes mais éviteront difficilement la prise chronique d’un médicament. Elles renforceront l’efficacité du traitement, permettront parfois de diminuer le nombre de médicaments à prendre, mais le traitement devra être pris de manière systématique afin de limiter les risques de complication.

Même si l’hypertension est une maladie très répandue, il est essentiel d’éviter de la banaliser. Plutôt que d’être infantilisé, le patient doit à contrario être responsabilisé vis-à-vis de sa maladie. Le médecin joue un rôle pédagogique fondamental car c’est lui qui va faire prendre conscience au patient du bénéfice réel du traitement. Cette matérialisation du bénéfice sera différente selon les individus. Le médecin devra trouver au cas par cas l’argument le plus pertinent pour que le patient adhère au traitement et aux conseils donnés : crainte de la démence et de la dépendance, crainte de l’infarctus du myocarde, envie de poursuivre une activité physique, etc. Les recommandations devront être progressives et prioritaires car il est déraisonnable de penser que le patient peut changer son style de vie dans les six premiers mois qui suivent le diagnostic. A ce titre, il faudra trouver le moment adéquat dans la vie du patient pour lui demander de perdre de poids, d’arrêter de fumer ou de reprendre une activité physique. Il est illusoire d’attendre d’un sujet qu’il perde 30 kg en l’espace de 6 mois. Il faut savoir se fixer des objectifs à court terme, par exemple perdre 500 grammes par mois, et persister dans la motivation. Ainsi une personne qui perd 500 grammes par mois pendant deux ans aura au final perdu 12 kg. Ainsi considéré, l’objectif devient intéressant et réaliste.

Fixer des objectifs réalistes au patient hypertendu

Un hypertendu bien contrôlé est une personne qui vit tout à fait normalement. Il n’y a pas d’activité sociale ou sportive contre-indiquée. Néanmoins, il est vrai que le diagnostic de l’hypertension est souvent associé à la vieillesse dans l’esprit des gens. L’annonce du diagnostic peut être mal vécue psychologiquement par une personne se pensant en pleine santé et basculant dans une catégorie de personne « âgée » devant prendre des médicaments quotidiennement. Il est donc important d’expliquer d’emblée l’intérêt et la raison du traitement pour en matérialiser le bénéfice, d’autant que ce dernier n’est pas évident à court-terme. Le rôle du médecin est d’expliquer pour convaincre, sinon le patient va le plus souvent arrêter son traitement.

En revanche, une contrainte souvent rapportée par les patients concerne la politique de certaines sociétés d’assurance qui sur-priment les hypertendus pour l’obtention d’un crédit immobilier par exemple, l’hypertension étant considérée comme un facteur de risque cardiovasculaire.

L’entourage a un rôle crucial. Lorsqu’un membre de sa famille est hypertendu, il n’est pas question de l’exclure ou de lui faire un menu particulier. Il est souvent très bénéfique à l’entourage de l’hypertendu, qui a souvent les mêmes comportements à risque ou les mêmes prédispositions que le patient, de suivre les mêmes conseils hygiéno-diététiques. Reprendre une activité physique en famille, faire un régime en famille, arrêter de fumer en famille sera beaucoup plus bénéfique que d’isoler ou de priver le patient.

L’entourage doit se sentir concerné par le diagnostic car il peut être affecté lui aussi par la maladie. Il a été observé que la conjointe d’un patient avait 50% de risque supplémentaire d’être elle-même hypertendue que la conjointe d’un sujet non hypertendu. Cela confirme le rôle de l’environnement dans cette pathologie.
L’entourage doit donc aider le sujet à modifier son comportement au quotidien et être participatif parce qu’il est de facto concerné par l’hypertension.

En matière d’autocontrôle de sa maladie, un hypertendu concerné par sa maladie doit être capable d’apporter à son médecin traitant des marqueurs du suivi de sa maladie. Les deux marqueurs essentiels sont son poids et son niveau de pression artérielle à la maison. Il est démontré depuis 2005 que la mesure de la pression artérielle au cabinet du médecin comporte des imperfections, notamment parce que certains patients stressent un peu et font monter leur pression artérielle lors de la consultation. Le risque consiste alors à sur-traiter les patients, ce qui peut conduire à des complications. Il est donc aujourd’hui recommandé aux hypertendus de contrôler eux-mêmes leur pression artérielle chez eux. La généralisation des appareils de mesure de la pression artérielle pour le grand public permet au patient de surveiller sa pression artérielle dans les conditions de sa vie quotidienne. Le protocole de mesure est aujourd’hui bien défini : dans la semaine qui précède un rendez-vous médical, le patient doit faire pendant trois jours d’affilé trois mesures consécutives le matin et trois mesures consécutives le soir au repos, soit 18 mesures au total. La moyenne de ces mesures doit être inférieure à 135/85 mmHg, ce qui qualifie le sujet comme étant normalisé par le traitement. Ces chiffres doivent être apportés au médecin qui va alors adapter le traitement en fonction de ces valeurs.

Il est également recommandé au patient de se fixer un objectif avant chaque consultation médicale : éviter de fumer, faire baisser son cholestérol, accroître son activité physique, etc. Le patient ne doit pas attendre de sa consultation un renouvellement mécanique de son ordonnance, mais plutôt rechercher une nouvelle information et se fixer un nouvel objectif.

Article rédigé sous la supervision du Professeur Jean-Jacques MOURAD, chef de l’unité Médecine Interne-HTA au CHU Avicenne de Bobigny (93), Président du Comité Français de Lutte contre l’Hypertension Artérielle.

Sources : Comité Française de Lutte contre l’hypertension artérielle, Fédération Française de Cardiologie

Dernière mise à jour : 27/07/2018

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