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Hypertension artérielle : “On peut vivre cette caractéristique non pas comme une maladie, mais comme un état.”

Publié le 16 juil. 2025 • Par Claudia Lima

Quand l’hypertension artérielle entre dans une vie, elle ne vient pas toujours avec fracas. Pour Jean-Paul, 77 ans, elle s’est installée discrètement, révélée par un test médical alors qu’il menait une carrière brillante dans le domaine du nucléaire. Aujourd’hui retraité, il revient avec lucidité et sérénité sur ce diagnostic, ses conséquences, et la manière dont il a appris à l’apprivoiser. Avec un regard à la fois scientifique et profondément humain, il témoigne d’un parcours de transformation intérieure et d’adaptation, dans lequel la maladie devient presque… un révélateur. 

Un récit inspirant et lucide, qui redonne du sens à la manière de vivre avec l’hypertension artérielle au quotidien. 

Hypertension artérielle : “On peut vivre cette caractéristique non pas comme une maladie, mais comme un état.”

Bonjour @NONILEM, vous avez accepté de témoigner pour Carenity et nous vous en remercions. 

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Bonjour, je suis Jean-Paul, né en 1947. Marié en 1973 puis divorcé en 2008, je vis seul depuis 2003. Après de longues études scientifiques conclues par un doctorat en physique des hautes énergies et nucléaire, j’ai commencé à enseigner les mathématiques en collège, lycée, puis à l’université, afin de financer mes études à Marseille, ma ville natale. 

En 1977, une opportunité m’a conduit à Tours, en Touraine, pour travailler comme radiophysicien hospitalier dans un centre de cancérologie. J’y suis resté deux ans, responsable de la partie technique de l’unité de radiothérapie. J’ai été licencié sans motif ni indemnité, ce qui m’a conduit à une période de chômage difficile. J’avais trop de diplômes pour être facilement reclassé. 

Par la suite, j’ai rejoint EDF en 1979, où j’ai participé à la mise en service de 10 réacteurs nucléaires entre 1980 et 1986. J’ai ensuite formé des ingénieurs chinois avant de me spécialiser dans la sûreté nucléaire, un domaine dans lequel je suis devenu expert jusqu’à ma retraite officielle en 2007. J’ai continué à exercer ponctuellement jusqu’en 2017 pour des organismes internationaux, civils et militaires, en Europe, en Afrique et en Asie. Ces missions étaient courtes mais intenses. 

Mon passage en oncologie m’a laissé un fort attrait pour la médecine et la science au service de la santé. Depuis ma retraite complète en 2017, je me suis investi bénévolement dans l’accompagnement des personnes en difficulté face à l’emploi, engagement que j’ai récemment cessé pour des raisons de santé. 

Avant que l’hypertension artérielle ne soit identifiée, aviez-vous ressenti certains signes ou observé des anomalies dans votre état de santé ? 

Oui, j’avais remarqué des signes diffus : le cœur qui s’accélérait rapidement à l’effort ou à la moindre émotion, quelques maux de tête légers, et des réveils nocturnes deux ou trois heures après l’endormissement. 

Dans quelles circonstances le diagnostic d’hypertension artérielle a-t-il été posé ? Était-ce lors d’un examen de routine ou à la suite de complications particulières ?  

Le diagnostic a été posé en 1987 par le médecin du travail, dans le cadre du suivi médical poussé des salariés du nucléaire. Les signaux que je ressentais m’ont poussé à l’interroger, ce qui a mené à un test d’effort et à une mesure continue de la tension artérielle sur 24 heures, en hospitalisation courte. 

Quelle a été votre réaction à l’annonce de votre hypertension artérielle ? Était-ce une surprise ou étiez-vous déjà informé sur les risques cardiovasculaires ? 

Ce n’était pas vraiment une surprise : il existe une hérédité marquée dans ma famille, des deux côtés. Mon intérêt personnel pour la médecine m’avait également permis d’être bien informé sur les risques liés à l’HTA. 

Quels sont les symptômes ou impacts les plus marquants dans votre vie quotidienne ? 

Ma tension a été rapidement stabilisée grâce à une quadrithérapie (bêtabloquant, IEC, diurétique et hypo-adrénergène). Les seuls impacts notables ont été la prise de médicaments matin et soir. Une hypertrophie cardiaque naissante a été maîtrisée par le traitement. Aujourd’hui, il ne subsiste qu’un bêtabloquant et un diurétique. La fatigue a pu être présente au début, mais sans conséquence marquante. 

Cette maladie a-t-elle nécessité des changements importants dans votre hygiène de vie ? Avez-vous modifié votre alimentation, votre niveau d’activité physique, votre rapport au stress ? 

Le changement principal a été l’arrêt total et définitif du tabac une semaine après le diagnostic. J’ai également modifié mon alimentation : réduction drastique du sel, suppression des sucres ajoutés, arrêt des produits transformés et des laitages, réduction de la charcuterie. Mon activité physique est restée la même, liée à mon travail. Concernant le stress, je travaille dessus depuis mes 18 ans. 

Êtes-vous actuellement sous traitement ? Si oui, comment cela se passe-t-il ? Tolérez-vous bien les médicaments ? Avez-vous rencontré des effets secondaires ? 

Oui, je suis toujours sous traitement, très bien toléré. Aucun effet secondaire notable. Cependant, l’arrêt du tabac en 1987 a entraîné une prise de poids importante : de 60 kg à l’époque, je suis passé à 110 kg en 2017. Aujourd’hui, je pèse 88 kg, et en raison d’un cancer, mon objectif est de stabiliser mon poids plutôt que de maigrir. 

Avez-vous senti du soutien ou avez-vous parfois eu besoin de mieux faire comprendre les impacts d’une maladie "invisible" comme l’hypertension artérielle ? 

Oui, j’ai reçu du soutien, surtout de personnes atteintes elles aussi d’HTA. Ce lien crée une forme de solidarité. J’ai cherché à comprendre les mécanismes de la maladie à travers des lectures spécialisées. Cela m’a permis de la percevoir non comme une pathologie, mais comme une caractéristique de vie nécessitant une adaptation. La gestion du stress est essentielle. J’ai appris à maîtriser mon souffle (cohérence cardiaque, respiration en carré), à revoir ma perception des événements, et à modifier mes rapports aux autres et à la vie. 

Quelles stratégies avez-vous mises en place pour mieux contrôler votre tension au quotidien ? Avez-vous trouvé certaines pratiques particulièrement efficaces ? 

Oui, j’ai développé un regard différent sur le monde, et surtout sur les relations humaines. J’ai éliminé la colère et le jugement des autres comme de leurs actes. Mon objectif est de témoigner d’une autre manière de vivre, tournée vers le partage et la paix intérieure. Ces pratiques m’ont permis de stabiliser ma tension avec un traitement allégé, et même de faire régresser l’hypertrophie cardiaque. Si je ne peux pas gérer une source de stress, je m’en éloigne. 

Avez-vous eu des réflexions ou vécu des situations où la maladie a remis en question votre rapport à la santé, au travail, à la performance ou à la virilité ? 

Oui. Certaines personnes m’ont rejeté à cause de mes changements, mais d’autres ont reconnu un tempérament plus apaisé. Cela a transformé mon rapport au travail et à la performance : j’ai préféré rester expert passionné plutôt que chercher à gravir les échelons. Cela m’a aussi amené à revoir certaines dimensions personnelles, y compris dans la relation à la virilité. 

Que souhaiteriez-vous dire à une personne qui vient d’apprendre qu’elle est atteinte d’hypertension artérielle ?  

Je lui dirais qu’il existe un chemin pour vivre cette condition non pas comme une maladie, mais comme un état révélateur d’un besoin de transformation. Ce chemin peut devenir une véritable découverte de soi. 

Pour conclure, aimeriez-vous transmettre un message ou un mot d’encouragement à la communauté Carenity ?  

Oui, Carenity a accompagné mon cheminement et c’est merveilleux que cela continue. 

Depuis quelques mois, je mène un nouveau combat contre le cancer, et je sais qu’il en sera de même : un parcours à faire ensemble. Alors que Carenity continue à nous relier, nous éclairer, et nous permettre de nous accompagner les uns les autres. 

Malades ? Non. Seulement différents. 

Un grand merci à @NONILEM pour son témoignage !

Ce témoignage vous a-t-il été utile ? Cliquez sur J'aime et partagez vos réflexions avec la communauté dans les commentaires ci-dessous !
Prenez soin de vous ! 

avatar Claudia Lima

Auteur : Claudia Lima, Rédactrice Santé

Claudia est créatrice de contenus chez Carenity, elle est spécialisée dans la rédaction d’articles santé.

Claudia est titulaire d’un Executive MBA en Direction Commerciale et Marketing et continue de se... >> En savoir plus

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