Top

Maladroit, déséquilibré ou déconnecté de votre corps ? Cela pourrait venir d’un trouble sensoriel !

Publié le 7 nov. 2025 • Par Somya Pokharna

Imaginez ressentir en permanence un déséquilibre ou ne pas savoir où se trouvent vos membres, sauf si vous les regardez constamment. C’est l’expérience vécue par de nombreuses personnes atteintes de dysproprioception, un trouble sensoriel encore peu connu qui affecte l’équilibre et la perception du corps.

La dysproprioception n’est pas une maladie en soi, mais un symptôme qui peut apparaître dans des maladies chroniques comme la sclérose en plaques, la fibromyalgie ou encore le COVID long. Quelles en sont les causes ? À quoi cela ressemble-t-il ? Et que peut-on faire pour mieux vivre avec ?

Cet article répond à ces questions et à bien d’autres, pour mieux comprendre cette expérience invisible mais souvent frustrante.

Maladroit, déséquilibré ou déconnecté de votre corps ? Cela pourrait venir d’un trouble sensoriel !

Qu’est-ce que la dysproprioception ?

La dysproprioception désigne une diminution ou une altération de la perception de la position de son corps dans l’espace. La proprioception, parfois appelée « sixième sens », nous permet de bouger sans avoir besoin de regarder constamment nos membres. Lorsque ce sens est perturbé, le cerveau ne reçoit plus de retour fiable de nos articulations et muscles.

En conséquence, les mouvements peuvent sembler maladroits, incertains ou déconnectés. On peut mal évaluer les distances, se cogner contre des objets ou ressentir le besoin de se concentrer consciemment sur des actions qui étaient auparavant automatiques, comme marcher ou attraper un objet.

La dysproprioception n’est pas une maladie en soi, mais un symptôme lié à des troubles sous-jacents affectant le système nerveux ou les articulations. Cela inclut notamment :

À quoi ressemble la dysproprioception ?

Les personnes touchées décrivent souvent une sensation de « déséquilibre » ou de « déconnexion avec leur corps ». Elle peut se manifester par :

  • Des difficultés à marcher sans regarder ses pieds,
  • Une incapacité à percevoir la position des membres sans repères visuels,
  • Une sensation d’instabilité dans l’obscurité ou sur un terrain irrégulier,
  • Des chutes fréquentes ou le fait de renverser des objets,
  • Des vertiges ou une désorientation, car le cerveau ne reçoit pas de retour fiable,
  • Une sensation que son corps est « étranger » ou peu fiable.

Ces symptômes peuvent aller de légers à sévères et s’aggravent souvent en cas de fatigue, de maladie ou de stress, des facteurs fréquents dans de nombreuses maladies chroniques. Certaines personnes compensent en se fiant beaucoup à la vue, ce qui peut être épuisant et limiter l’autonomie.

Quelles sont les causes de la dysproprioception dans les maladies chroniques ?

La dysproprioception peut survenir dans diverses blessures ou maladies chroniques qui perturbent les signaux sensoriels du corps. Parmi les causes les plus fréquentes :

Troubles neurologiques

Les dommages au système nerveux central peuvent altérer les voies proprioceptives. Par exemple, la sclérose en plaques, une maladie auto-immune qui détruit la gaine de myéline des nerfs, entraîne souvent des déficits proprioceptifs et une ataxie sensorielle. Les personnes atteintes peuvent ressentir un engourdissement ou une perte de perception de leurs membres, ce qui favorise les chutes. D’autres maladies neurodégénératives, comme la maladie de Parkinson ou la maladie de Huntington, peuvent également affecter la proprioception.

Neuropathies périphériques

Toute affection endommageant les nerfs périphériques, qui transmettent les signaux des muscles et des articulations au cerveau, peut provoquer une dysproprioception. La neuropathie diabétique en est un exemple : lorsque les fibres nerveuses des jambes sont touchées, le patient peut perdre la perception de la position de ses pieds. De même, le COVID long a été associé à des atteintes nerveuses périphériques et à une neuropathie des petites fibres chez certains patients, entraînant des troubles de l’équilibre et de la proprioception.

Troubles articulaires et musculosquelettiques

Les propriocepteurs situés dans les articulations et les ligaments envoient des informations essentielles au cerveau. Les blessures articulaires ou l’arthrite peuvent donc réduire localement la proprioception (par exemple, une entorse sévère de la cheville peut laisser des séquelles de perception même après guérison). Les personnes avec des articulations hypermobiles ou le syndrome d’Ehlers-Danlos ont souvent des troubles proprioceptifs chroniques, car leurs tissus conjonctifs lâches envoient des signaux moins clairs. Cela entraîne maladresse et difficulté à contrôler les mouvements.

Douleur chronique et fibromyalgie

La fibromyalgie, en plus de la douleur et de la fatigue, est associée à des troubles sensorimoteurs subtils. Des études récentes montrent que les patients fibromyalgiques ont une perception de position des articulations moins précise et une instabilité posturale plus importante que les personnes saines, ce qui peut expliquer les problèmes d’équilibre et la peur de tomber.

Troubles du traitement sensoriel

Certaines conditions comme le trouble du spectre de l’autisme (TSA) ou la dyspraxie peuvent aussi entraîner des altérations proprioceptives. Les enfants ou adultes concernés peuvent paraître maladroits, rechercher des stimulations sensorielles (comme des câlins fermes ou des couvertures lestées) ou avoir du mal à savoir où se situe leur corps dans l’espace.

Vieillissement

Même sans pathologie particulière, la proprioception décline avec l’âge. La dégénérescence des articulations et le ralentissement des nerfs périphériques augmentent le risque de chute chez les personnes âgées.

Comment la dysproprioception impacte-t-elle la vie quotidienne ?

Équilibre et mobilité

La dysproprioception affecte surtout la marche et le maintien debout. Les personnes touchées marchent plus prudemment, regardent souvent leurs pieds et évitent l’obscurité. Marcher sur des surfaces irrégulières devient un véritable exercice mental, et la peur de tomber est fréquente.

Coordination

Les gestes simples deviennent plus difficiles. On peut renverser un verre, avoir du mal à s’habiller ou à nouer ses chaussures sans regarder. Les activités demandant de la précision, comme écrire ou taper sur un clavier, peuvent être affectées.

Conscience corporelle et confiance

La sensation de déconnexion avec son corps peut être frustrante et affecter la confiance en soi. Certaines personnes évitent certaines activités par peur de se blesser ou de se sentir embarrassées.

Fatigue

Le cerveau travaille davantage pour compenser le manque de retour sensoriel, ce qui entraîne une fatigue mentale importante. Même les mouvements simples demandent une attention accrue et peuvent être épuisants sur la journée.

Comment gérer ou améliorer la dysproprioception ?

Il n’existe pas de « remède » unique, surtout lorsqu’elle est liée à une maladie chronique, mais plusieurs stratégies peuvent aider à améliorer la proprioception et assurer la sécurité :

Faire évaluer sa proprioception

Parlez-en à votre médecin si vous remarquez des troubles de l’équilibre ou une maladresse inexpliquée.

Travailler avec un kinésithérapeute ou un ergothérapeute

Ces professionnels peuvent proposer des exercices pour améliorer la perception corporelle et l’équilibre :

  • Exercices d’équilibre (sur un pied, planches instables),
  • Mouvements les yeux fermés,
  • Renforcement musculaire pour stabiliser les articulations.

Les ergothérapeutes peuvent aussi recommander des aménagements à domicile et des aides pour sécuriser le quotidien.

Utiliser des repères visuels et tactiles

Observer ses mouvements, bien éclairer son environnement, ou utiliser des dispositifs comme des veilleuses et capteurs de mouvement peut aider. Les vêtements compressifs ou attelles peuvent fournir un retour sensoriel supplémentaire et améliorer la stabilité.

Pratiquer des activités corps-esprit

Le tai-chi, le Pilates ou le yoga, qui encouragent des mouvements lents et contrôlés, peuvent renforcer la conscience corporelle et la coordination.

Traiter la cause sous-jacente

Prendre correctement en charge la maladie sous-jacente (SEP, fibromyalgie, arthrite, etc.) est essentiel pour réduire les symptômes et soutenir le système nerveux.

Points clés à retenir !

  • La dysproprioception perturbe la perception de son corps et entraîne des problèmes d’équilibre et de coordination.
  • Elle survient souvent dans des maladies chroniques comme la SEP, la fibromyalgie, l’EDS ou le COVID long.
  • Les symptômes incluent maladresse, instabilité et sensation de déconnexion corporelle.
  • La prise en charge repose sur la rééducation, des compensations visuelles et tactiles, l’adaptation de l’environnement et le traitement de la cause sous-jacente.
  • Avec un soutien approprié, beaucoup de personnes parviennent à gérer la dysproprioception et à retrouver confiance en leurs mouvements.

Cet article vous a plu ?

Cliquez sur J’aime ou partagez votre ressenti et vos interrogations avec la communauté en commentaire ci-dessous !

Prenez soin de vous !

Sources:
Cleveland Clinic. (2024). Proprioception: What it is, how to improve it & disorders. Cleveland Clinic Health Library.
Gervasoni, F., LoMauro, A., Ricci, V., Salce, G., Andreoli, A., Visconti, A., & Pantoni, L. (2022). Balance and visual reliance in post-COVID syndrome patients assessed with a robotic system: a multi-sensory integration deficit. Neurological sciences : official journal of the Italian Neurological Society and of the Italian Society of Clinical Neurophysiology43(1), 85–88.
Hamonet, C., & Ducret, L. (2019). Ehlers-Danlos, proprioception, dystonia, dysautonomy, L-Dopa and oxygenotherapy’s efficacy. Journal of Alzheimer’s & Neurodegenerative Diseases, 5, 031.
Kandakurti, P. K., Reddy, R. S., Alnakhli, H. H., Alkhamis, B. A., Koura, G. M., ALMohiza, M. A., Alyazedi, F. M., Mukherjee, D., & Rao, V. S. (2025). Joint-level proprioceptive deficits and postural instability in Fibromyalgia: a biomechanical assessment using digital inclinometry and dynamic posturography. Frontiers in bioengineering and biotechnology13, 1622679.
Kozinc, Ž., Žura, E., & Brecl Jakob, G. (2025). Postural sway in multiple sclerosis patients: Interaction of vision, surface, and fatigue effects. Frontiers in Human Neuroscience, 19, 1624969.
Winter, L., Huang, Q., Sertic, J. V. L., & Konczak, J. (2022). The effectiveness of proprioceptive training for improving motor performance and motor dysfunction: A systematic review. Frontiers in Rehabilitation Sciences, 3, 830166.

avatar Somya Pokharna

Auteur : Somya Pokharna, Rédactrice santé

Somya est créatrice de contenu chez Carenity, spécialisée dans la rédaction d'articles sur la santé. Elle est diplômée d'un master à l'école de... >> En savoir plus

Commentaires

Vous aimerez aussi

Don d’organes : un geste qui peut changer des vies

Don d’organes : un geste qui peut changer des vies

Lire l'article
La vérité sur les vaccins : que se passe-t-il vraiment quand on les néglige ?

La vérité sur les vaccins : que se passe-t-il vraiment quand on les néglige ?

Lire l'article
Le syndrome de Takotsubo : la maladie du cœur brisé

Le syndrome de Takotsubo : la maladie du cœur brisé

Lire l'article
Antibiotiques : les effets secondaires à connaître pour protéger votre santé

Antibiotiques : les effets secondaires à connaître pour protéger votre santé

Lire l'article

Discussions les plus commentées