" Mémoires en cavale du p'tit homme "

- Si on repartait au laboratoire d'expériences?, lançais-je, sans trop savoir pourquoi en fait, mais j'avais comme une intuition subite...après tout, il fallait bien agir d'une manière ou d'une autre!

Pa eut l'air étonnée, hésita, et accepta finalement.

Qu'avait-elle en tête? que pensait-elle faire là-bas? Je remuais une fois encore toutes ces questions sans réponses. Mais quand, bon sang de bon sang, allais-je pouvoir avancer normalement et re-prendre le cours de ma vie, que je ne connaissais que par bribes pour l'instant?

Pendant le trajet je décidais de relire la documentation "confisquée" aux scientifiques. J'apprenais très rapidement le fonctionnement des corps étrangers qui squattaient ma tête. Je fus même étonné de ma compréhension si rapide. Il est vrai que d'après ce que l'on m'avait dit, j'avais été un élément exceptionnellement doué en mon temps. Il était temps de faire resurgir ces compétences enfouies. En moins de dix minutes, je connaissais entièrement la complexité de chaque fil et chaque rouage installés dans les méandres de mon cerveau.

J'eus le sentiment orgueilleux d'être tout à coup un surhomme. J'avais compris comment je pourrais déjouer toute la machination de mes bourreaux. Je pourrais me passer de la puce que Pat s'était si vite empressée de me retirer.

Tout en continuant ma lecture, je prenais soin de répondre aux quelques paroles anodines de Pa m'adressait de temps en temps. Je pouvais donner le change comme un Chef! Hourra, je me sentais vraiment en pleine forme tout à coup et rien ne pourrait entraver mes desseins!

On arriva enfin à l'entrepôt. Silence dans tout le bâtiment. Nous atteignames la salle capitonnée où j'avais enfermé les membres du groupe. Je surveillais du coin de l'oeil les moindres gestes ou attitudes "suspectes" de Pa. Pour l'instant, elle semblait me suivre tout à fait naturellement, le visage un peu fermé, mais comme la situation s'y prêtait, elle ne pouvait pas non plus rire aux éclats.... néanmoins, je ne lui accordais plus aucune confiance.

- Oupsss, ils ont vraiment dû y mettre le paquet dans les drogues...ils dorment encore comme des marmottes!

- Je vais tout de même vérifier leurs constantes, suggéra Pa, nous ne sommes pas des criminels?

Etonnante sa fin de phrase...je la regardais faire, épiant le moindre signe changeant sur son visage. en gestes experts et rapides, elle eut tôt fait d'achever sa tâche. Tout allait bien pour chacun d'eux.

- A présent, dis-je, nous allons chercher plus minutieusement toutes preuves de leurs projets et travaux. Avec un dossier conséquent, je pourrais les faire croupir jusqu'à la fin de leur vie en prison!

Pa sembla pâlir un instant, puis se reprit, et me sourit faiblement. Je lui donnai un rapide baiser sur le front, en esquissant un large sourire....histoire de la mettre ....à l'aise!

Pour la première fois depuis que je me suis réveillé sur ce bitume froid à Lille, je me sentais revivre. 

J’allais pouvoir enfin percer tout ce misère qui m’entoure, Savoir pourquoi j’avais tué ma soeur et son mari. Savoir qui était réellement Pa. Je me sentais indestructible.

La voiture s’arrête. Nous sommes arrivés. Une fois descendu, je m’empresse de courir vers Pa pour lui prendre la main. Surtout ne pas la lâcher on ne sait jamais.

Une porte s’ouvre. Devant nous un labyrinthe de couloir. Lequel prendre. Dois-je me fier à mon instant où suivre Pa aveuglement? Elle m’entraîne vers la gauche, je décide d’aller vers la droite. Pa marque un temps d’arrêt, elle me retient. Mon intuition était la bonne. mais qu’y a t-il a fond de ce couloir sinistre et lugubre.

Plus j’avance, plus Pa se fait discrète; le silence devient pesant. Les lumières sont basses, vacillantes. L’impression de rentrer dans les ténèbres.

Un porte, je l’ouvre, et...

...

chaleureux et accueillant. De quoi me réconforter encore plus. Momo nous servit une bonne infusion pleine d'âromes subtils qui me fit l'effet d'un nectar divin! J'étais presque aux anges dans cette douce atmosphère près de cette personne si bienveillante. Je me sentais à l'aise, elle était si naturelle de gentillesse.Je sus que je pouvais tout lui dire.

J'essayais de lui décrire le plus succinctement possible, pour ne pas l'ennuyer, le parcours de mes tous mes périples depuis ce fameux matin complètement égaré dans une rue de Lille.

Elle m'écoutait avec attention sans m'interrompre jusqu'à ce que je lui raconte l'épisode avec le Groupe et mes douloureux soupçons envers celle que je croyais ma moitié.

Momo fronça les sourcils, se leva d'un bond et me dit : "Il faut RETOURNER là-bas! Vite! d'ailleurs je ne comprends pas pourquoi vous l'avez laissée s'occuper seule des recherches, alors que vous la soupçionniez être de mèche avec les autres?"

- Vous avez tout à fait raison, lui dis-je, avec un large sourire. Vous êtes épatante! Merci de m'écouter avec tant d'intérêt et de confiance. Mais ne vous inquiétez pas! A l'heure qu'il est, elle doit dormir d'un sommeil aussi profond que ses "acolytes anonymes"... Vous m'accompagnez?

- Et comment que je vous accompagne! Pour une fois que dans ma vie, j'assiste - excusez-moi, je sais que pour vous ce n'est si drôle- à une histoire aussi rocambolesque! C'est encore mieux qu'au cinéma!

-Action! dit-elle en souriant, en faisant mine de rabattre un "clap" comme le technicien sur le tournage d'un film.

- En voiture, chère cinéphile intrépide et précieuse! Je pense que nous allons faire du bon boulot tous les deux.  Mais il faudra prendre toutes les précautions, je ne veux surtout pas vous mettre en danger.

- Ne vous inquiétez pas...je sais me défendre. , et avec un clin d'oeil rajouta,..je suis championne en arts martiaux, désirez-vous une preuve? ... je sens que je pourrais sincèrement vous être utile. Et tout cela me plaît vraiment...comme je vous l'ai dit, ça mettra du sel dans mon quotidien!!

-Du sel?... pensa Tom....plutôt du "piment oiseau" vu le piquant de la situation!

Avant de prendre la route pour le QG du Groupe, Tom sortit de son coffre une grosse enveloppe et la déposa dans la boîte aux lettres du Commissariat de la petite ville. Pas âme qui vive dans le hall, c'était très bien!

Il ne voulait pas tout de suite avoir à raconter son histoire incroyable aux policiers. Mais il se sentait rassuré d'avoir dans un premier temps déposé son dossier, qui même incomplet, pouvait intéresser les moins curieux d'entre eux! De plus, il avait pris soin de noter précisément des détails concernant la situation géographique du laboratoire, avec photos et quelques noms.

Le trajet fut d'humeur guillerette comme s'ils s'en allaient faire une petite balade champêtre. Cette Momo, avait en plus de son charme fou, un humour à dérider tout un centre de dépressifs. Cette rencontre, pour moi, était prodigieuse!

Nous entrâmes dans le bâtiment toujours aussi calme. Rien n'avait bougé. Dans la salle où tous mes "expérimentateurs" étaient regroupés, personne n'était sorti de sa léthargie.

Il faut dire que j'avais rajouté une petite dose de narcoleptique à chacune de ses chères personnes après avoir fait avaler à Pam le puissant "calmant".

Ils le méritaient bien! Un bon petit somme de temps en temps ne peut pas faire de mal après tout.

Je continuais à donner des détails de mon histoire à Momo qui m'écoutait les yeux écarquillés.

Momo etait surexcitee par la situation .Plus j avancais dans mon recit et plus elle semblait emballee par la situation.Son enthousiasme m avait profondement touche au depart , mais malgre tout , il me semblait qu elle ne comprenait pas la gravite de la situation .J avais eu tort de la meler a tout ca .Son enthousiasme juvenile , pourtant si charmant , sa naivete , l empechaient de se rendre compte du danger .

Pourquoi m etais je tourne vers elle ? Elle etait si jeune et inexperimentee ! Et je la mettais en danger !

-Momo , dis je , il nous faut rentrer maintenant ...on ne sait jamais , il vaut mieux etre prudent ..

-non, pas encore ! Repondit elle toute guillerette , je meurs d envie de tout visiter ici , on se croirait dans un episode de X-files !!

Son comportement m interloquait ..elle ne semblait avoir peur de rien et surtout etre tres curieuse ...et tout a coup , un detail me revint ..Lors de notre premiere rencontre , en bord de mer , son visage m avait semble familier et elle m avait etrangement rappele une presentatrice tele de la chaine infos .Je m approchais alors discretement d elle pour mieux l observer ..Oui ..c etait bien elle , plus naturelle certes mais oui !

-dites moi , Momo..je vous trouve tres curieuse ...Ne seriez vous pas plutot ....

une des membres du Groupe aussi?...

Malheureusement, je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase que je vis déjà un rictus se dissoner aux bords de ses lèvres.

-Et oui Tom, il t’ne a fallu du temps pour comprendre que je faisais parti du Groupe. Comment pouvais-tu imaginer que je viendrais dans un tel lieu comme cela sans le connaître avant ?

Un porte s’ouvre, je vois Pa entrer dans la pièce, embrasser Momo.

-bonjour tite soeur, comment tu vas ? Merci de nous ramener notre Tom

Bite, je m’enfuis, mes mes jambes étaient comme tétanisées, je ne pouvais bouger . Il le fallait. Je pris mon courage à deux mains, je poussais les filles qui se retrouvaient les quatre fers en l’air sur le sol froid et je couru dans les couloirs sans fin de ce bâtiment.

J’arrive sur la parking, je prend ...une voiture...zut..pas de clé.....alors je vois un VTT garé sous le parc à Vélo. Ma chance, pas d’anti vol. Je l’enfourne et pédale à toute vitesse croisant juste Pa et Momo. Un regard en arrière, elles prennent leur voiture. 

Une course poursuite s’engage alors..

...mais ce n'était que mon imagination vagabonde qui venait de tisser un scénario catastrophe de plus!!

Pendant mon récit, j'étais demeuré le regard figé sur l'émerveillement et l'étonnement grandissant de Momo. Cet état m'avait comme hypnotisé, et toute en continuant à parler, mon esprit était parti dans les dédales fous de mon cerveau hyper-électrifié par tous les fils qu'on m'avait implantés.

Ouf. Momo était tout à fait normale. Friande et curieuse de tout apprendre sur cette drôle d'histoire, mais aucunement dangereuse. En jetant un regard furtif sur Pa qui dormait encore comme tous les autres, je fus encore plus rassuré.

- Voilà vous savez à peu près tout, Momo, lui-dis, en l'invitant à continuer les recherches pouvant m'instruire d'avantage sur mon passé, ma véritable identité, le pourquoi de toutes ces expériences sur mon père et moi, qui était réellement ce groupe et pour qui il travaillait?.

Je lui expliquais tout d'abord comment m'aider à me "reconnecter" pour retrouver mes capacités extra-ordinaires. Avec les plans que j'avais récupéré et la "mémoire professionnelle" que j'avais au plus profond de moi, ce fut chose assez aisée. Mon assistante se montra digne d'une vraie scientifique. Elle comprenait très vite, et c'était un vrai bonheur de l'avoir près de moi.

Peu à peu mes facultés sensorielles se décuplèrent...je me sentais un peu comme un robot que l'on active peu à peu, manette après manette, bouton après bouton...

J'allais pouvoir aller directement à l'information en ouvrant un ordinateur où les barrières des mots de passe tombèrent une à une sans que j'ai à faire le moindre effort.

Enfin, j'allais savoir QUI j'étais, d'Où je venais ....et toute la suite .....

...

...

lit.

Autant dire que je ne pus fermer l'oeil de la nuit. Je me repassais l'histoire de "Tom" en boucle...tous ces détails! C'était trop précis et incroyable en même temps. Comment papa avait-il pu jour après jour nous éblouir, nous troubler, nous inquiéter, nous indigner... avec les péripéties tumultueuses et trépidantes de ce pauvre personnage? Mon pauvre papa avait l'air si accablé de son manque d'idées soudain.

Je réfléchis ainsi jusqu'à l'aube...et quand la petite maisonnée s'éveilla doucement, je pris la décision de reprendre le soir même le récit, où l'avait laissé papa.... même si je manquais terriblement de son génie de conteur !

La journée à l'école me sembla très longue, pourtant j'adorais tous les cours que nous suivions. Je ne dis rien à ma soeur de mon projet, mais mon impatience était grandissante de voir leur surprise quand, ce soir, je prendrai pour quelques instants la place du "conteur" pendant  la veillée familiale.

A la sortie, de classe, je prétextais un oubli en classe et dit à ma soeur de partir devant, je la rejoindrai à la maison. J'avais quelques sous en poche et tout heureux de ce que préparais, j'entrai dans une petite épicerie, où tous les parfums "sans frontières" se mélangeaient...un vrai délice!

Après le repas du soir, mes parents et ma soeur faisaient grise mine. On avait bien sûr chacun échangé sur nos activités de la  journée mais à présent le silence commençait à peser. Mon père dans son fauteuil, perdait son regard dans les flammes de la cheminée, Maman en face de lui, reprisait un vêtement. Ma soeur tournait distraitement les pages d'une bande dessinée...atmosphère lourde. Je montais dans la chambre et redescendis très vite, pour le moment que j'attendais depuis ce matin!

Sous le regard médusé de ma petite famille, je posai sur la table une petite valise jaune bien connue dans nos régions pour sa symbolique qui me plaisait tant depuis ma toute petite enfance.

Cette valise fait partie des « fétiches d'Etat »  L'origine de cette tradition est un vieux conte de fées russe, dans lequel un homme offre à des enfants des bonbons sortis d'une valise jaune et parvient à les rendre heureux. La moralité est la suivante : à "KaZantip", ceux qui savent rendre les autres heureux reçoivent aussi de la joie et du bonheur…

- Maman, excuse moi, je suis allé débusquer la petite valise jaune sans ta permission, mais c'était pour vous faire une petite surprise....

Mais ni maman, ni papa ne semblaient furieux. Au contraire, leur émotion semblait vouloir déborder de leurs yeux revenus à la "vie".

Elena demanda timidement si elle pouvait ouvrir la fameuse valise, prometteuse de douceurs.... avec fierté et bonheur, je lui fis un signe affirmatif.

La soirée continua entre gourmandise, rires et joies de vivre retrouvés. Puis, je leur annonçais, après ce petit intermède de bonheur, que j'avais décidé de reprendre le flambeau, si papa était d'accord, pour animer notre histoire de Tom. Il me prit dans ses bras avec chaleur et fougue et me dit : mon petit Sergeï, je suis certain qu'avec toi l'histoire pourra continuer, et je demanderai aux personnes que je côtoie toujours d'étayer de leur imagination le parcours de Tom.