Rhumatisme psoriasique : les biomarqueurs peuvent-ils prédire les poussées ?
Publié le 12 déc. 2025 • Par Somya Pokharna
Vivre avec un rhumatisme psoriasique (PsA) signifie souvent composer avec des poussées imprévisibles qui affectent les articulations, l’énergie et le quotidien. Ces poussées peuvent être difficiles à repérer tôt, surtout que les symptômes peuvent fluctuer et que les tests classiques ne reflètent pas toujours la réalité.
Heureusement, la recherche progresse : les scientifiques explorent différents biomarqueurs qui pourraient faciliter le suivi de l’activité de la maladie, permettre de détecter les poussées plus tôt et personnaliser le traitement.
Découvrez dans cet article tout ce qu'il faut savoir sur le sujet !
Qu’est-ce que le rhumatisme psoriasique ?
Le rhumatisme psoriasique est une maladie inflammatoire souvent observée chez les personnes qui souffrent de psoriasis. Il se manifeste par des douleurs articulaires, des gonflements, une raideur matinale ou une sensibilité au niveau des insertions tendineuses. Les symptômes peuvent fluctuer, apparaître puis disparaître, et les poussées sont parfois imprévisibles. Comme la maladie varie beaucoup d’une personne à l’autre, un dépistage précoce et un suivi personnalisé sont essentiels.
Qu’est-ce qu’un biomarqueur ?
Un biomarqueur est un indicateur mesurable de ce qui se passe dans l’organisme. Il peut s’agir d’une substance détectée dans le sang, d’une image révélée par un examen d’imagerie ou d’un motif génétique. Dans le rhumatisme psoriasique, les biomarqueurs permettent de repérer l’inflammation, d’évaluer l’activité de la maladie et parfois même d’anticiper une poussée.
Les biomarqueurs sanguins
Les analyses de sang sont souvent le premier outil utilisé pour rechercher des signes d’inflammation.
Protéine C-réactive (CRP) et vitesse de sédimentation (VS)
La CRP et la VS sont deux marqueurs très courants : leurs niveaux augmentent quand l’organisme est en état inflammatoire. Mais dans le rhumatisme psoriasique, jusqu’à 60 % des patients peuvent avoir des taux normaux, même en pleine poussée. Ces tests restent utiles, mais ils ne sont pas fiables pour tout le monde.
Calprotectine
La calprotectine est un biomarqueur plus récent, qui reflète l’activité des cellules immunitaires. Des taux élevés semblent associés à une inflammation articulaire plus active. Ce test n’est pas encore utilisé partout, mais il suscite un intérêt croissant, notamment quand les marqueurs classiques restent normaux.
Cytokines
Les cytokines, comme le TNF-alpha, l’IL-17 ou l’IL-23, sont des messagers du système immunitaire. Elles augmentent souvent lors des poussées, mais leur dosage reste pour l’instant essentiellement réservé à la recherche.
Les biomarqueurs d’imagerie
Parfois, la meilleure manière d’évaluer l’inflammation est de l’observer directement.
Échographie
L’échographie peut révéler un gonflement articulaire, un épanchement ou une augmentation du flux sanguin dans les tissus, autant de signes d’une poussée. Elle est plus sensible que l’examen clinique et peut détecter une inflammation même en l’absence de symptômes marqués.
IRM
L’IRM est un outil précieux, particulièrement lorsque le rhumatisme psoriasique touche la colonne vertébrale ou le bassin. Elle permet d’observer une inflammation osseuse ou des signes précoces d’atteinte articulaire, souvent invisibles sur les radiographies classiques. Elle est recommandée lorsque les symptômes sont difficiles à interpréter ou en cas de réponse insuffisante au traitement.
Ces techniques ne sont pas utilisées quotidiennement, mais elles deviennent plus fréquentes dans les centres spécialisés.
Marqueurs génétiques et épigénétiques
Les caractéristiques génétiques ne varient pas selon les poussées, mais elles peuvent influencer la forme et l’évolution du rhumatisme psoriasique.
HLA-B27
Le gène HLA-B27 est plus souvent retrouvé chez les personnes dont la maladie touche la colonne vertébrale. Être positif ne signifie pas automatiquement davantage de poussées, mais cela aide les médecins à mieux comprendre le profil de la maladie.
MicroARN
Les microARN sont de petites molécules qui régulent l’expression des gènes. Certaines études montrent que les personnes atteintes de rhumatisme psoriasique présentent des profils de microARN différents de celles ayant uniquement un psoriasis cutané. Ces recherches sont encore préliminaires, mais elles pourraient un jour aider à identifier les personnes à risque ou à prédire plus précisément les poussées.
Quelles perspectives pour l’avenir ?
Les chercheurs étudient de plus près ce qui se passe dans l’organisme lors des poussées, et plusieurs pistes prometteuses émergent.
Fragments de protéines issus de la dégradation des tissus
Des fragments de protéines, comme le collagène ou la vimentine, augmentent dans le sang durant les poussées. Ils témoignent d’une inflammation active ou de lésions au niveau des articulations et des tissus environnants. Certains de ces biomarqueurs, comme la calprotectine dégradée, se révèlent particulièrement prometteurs dans les études.
Panels multi-marqueurs
Au lieu de s’appuyer sur un seul test ou un seul examen, combiner plusieurs biomarqueurs — protéines sanguines, imagerie, données génétiques — pourrait offrir une vision beaucoup plus complète de l’activité de la maladie. Une sorte de “tableau de bord” permettant d’adapter le traitement de manière plus fine et personnalisée.
Pourquoi est-ce important ?
Aujourd’hui, la prise en charge du rhumatisme psoriasique repose en grande partie sur les symptômes décrits par le patient et ce que le médecin observe. Or, les signes peuvent être discrets et une inflammation silencieuse peut persister sans provoquer de douleurs intenses. Des biomarqueurs plus sensibles pourraient permettre de détecter plus tôt les poussées — voire avant l’apparition des symptômes — et d’ajuster les traitements plus rapidement. Résultat : moins de mauvaises surprises, davantage de contrôle et potentiellement une meilleure évolution à long terme.
À retenir !
- La CRP et la VS sont utiles, mais pas toujours fiables dans le rhumatisme psoriasique,
- La calprotectine, l’échographie et l’IRM peuvent repérer des poussées que les tests classiques manquent,
- Les marqueurs génétiques et les microARN pourraient un jour aider à prédire les poussées ou la progression de la maladie,
- De nouveaux biomarqueurs liés à la dégradation des tissus ou à l’inflammation émergent rapidement.
Comme toujours, il est important de rester en lien étroit avec votre rhumatologue. Les biomarqueurs ne constituent qu’un élément du suivi, mais ils prennent une place de plus en plus importante à mesure que les recherches avancent.
Si vous observez des poussées sans déclencheur apparent ou si vos examens ne reflètent pas votre ressenti, n’hésitez pas à discuter avec votre équipe médicale des biomarqueurs plus récents qui pourraient aider à orienter votre prise en charge.
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