L’hypersomnie : Pourquoi dormons-nous trop et nous réveillons-nous malgré tout épuisés?
Publié le 3 déc. 2025 • Par Somya Pokharna
Se réveiller après dix ou onze heures de sommeil et avoir l’impression de n’avoir récupéré aucune énergie peut être vraiment déroutant. Beaucoup de personnes se mettent à s’inquiéter pour leur santé ou se sentent jugées par leur entourage, comme si « dormir trop » voulait dire qu’elles manquent de motivation ou de volonté. Pourtant, l’hypersomnie est presque toujours liée à quelque chose de physiologique ou d’émotionnel. C’est souvent une manière pour le corps d’affronter une période de stress, une maladie chronique, un sommeil de mauvaise qualité, ou un trouble du sommeil qui n’a pas encore été identifié.
Si vous avez besoin de longues nuits ou de siestes prolongées simplement pour vous sentir à peu près opérationnel·le, sachez que vous êtes loin d’être seul·e. L’hypersomnie est bien plus fréquente qu’on ne le pense, et ses causes sont souvent très compréhensibles.
Combien de sommeil est “trop” de sommeil ?
La plupart des adultes ont besoin d’environ sept à neuf heures de sommeil par nuit. Cela dit, cette fourchette ne convient pas à tout le monde, et elle peut varier selon votre état de santé, votre niveau de stress ou les périodes où votre corps récupère d’une maladie ou d’une fatigue prolongée.
On parle généralement d’hypersomnie lorsque l’on dort plus de neuf ou dix heures de façon régulière, ou lorsqu’on sent qu’on pourrait dormir bien plus longtemps si les obligations du quotidien ne nous forçaient pas à nous lever. Mais même là, ce n’est qu’une partie de l’histoire. Ce qui compte vraiment, c’est la qualité du réveil. Une personne qui dort dix heures mais qui se lève vidée de son énergie n’est pas forcément en train de “trop dormir” ; elle essaie plutôt de compenser un sommeil peu réparateur.
Quelles sont les causes possibles de l’hypersomnie ?
Un sommeil de mauvaise qualité ou trop léger
C’est l’une des raisons les plus fréquentes et pourtant souvent ignorée. On peut passer de longues heures au lit sans jamais atteindre les phases profondes du sommeil, celles qui permettent une réelle récupération physique et cognitive. Certaines personnes se réveillent plusieurs fois sans en garder le moindre souvenir. D’autres bougent beaucoup à cause de la douleur, d’une inflammation ou d’un inconfort persistant. Quand les nuits sont aussi fragmentées, le corps cherche naturellement à rallonger la durée de sommeil pour rattraper ce qu’il n’a pas obtenu.
L’apnée du sommeil
L’apnée du sommeil passe facilement inaperçue. Même sans ronflements marqués, il peut y avoir des pauses respiratoires répétées qui interrompent le cycle du sommeil. Le cerveau déclenche alors de minuscules micro-réveils pour relancer la respiration, ce qui maintient la personne dans un sommeil très superficiel.
Maux de tête au réveil, fatigue écrasante, irritabilité ou difficulté à se concentrer sont des signes fréquents. Beaucoup décrivent l’impression de pouvoir dormir indéfiniment… tout en ne se sentant jamais réellement reposés.
Dépression, burn-out et surcharge émotionnelle
L’hypersomnie peut aussi être liée à la santé mentale. En cas de dépression, se lever peut devenir physiquement et émotionnellement difficile. Le corps se met alors en mode « économie d’énergie » pour faire face à une charge interne trop lourde. Dormir davantage devient une forme de protection.
Le burn-out peut provoquer le même phénomène. Quand on a poussé ses limites pendant des mois ou des années, le corps finit par réclamer un repos massif. Beaucoup de personnes se disent surprises par la quantité de sommeil dont elles ont besoin une fois qu’elles ne tiennent plus uniquement “sur les nerfs”.
Maladies chroniques
Certaines maladies chroniques augmentent les besoins énergétiques du corps. C’est le cas, par exemple, des maladies auto-immunes, du covid long, du syndrome de fatigue chronique/EM, de la fibromyalgie ou encore des douleurs chroniques. Les troubles métaboliques et hormonaux, comme le diabète ou les problèmes de thyroïde, peuvent aussi provoquer une somnolence importante.
Dans ces situations, dormir davantage n’a rien à voir avec de la “paresse”. Le corps réoriente simplement son énergie vers la guérison, la gestion de l’inflammation ou le maintien des fonctions essentielles. Beaucoup de patients décrivent une fatigue profonde qu’une longue nuit ne suffit pas à effacer, même si prolonger le sommeil les aide à tenir.
Effets des traitements
Certains médicaments peuvent augmenter la durée du sommeil ou renforcer la sédation. C’est notamment le cas de plusieurs antidépresseurs, antihistaminiques, stabilisateurs de l’humeur, antiépileptiques, antalgiques ou traitements contre l’hypertension. Si une hypersomnie apparaît après un nouveau traitement, cela vaut la peine d’en discuter avec un médecin.
Perturbations du rythme circadien
Notre horloge interne est sensible à la lumière, aux horaires et aux routines. Le travail de nuit, les couchers tardifs, l’usage prolongé des écrans ou un changement important de rythme peuvent déséquilibrer ce cycle. On peut alors dormir longtemps sans pour autant se sentir aligné·e ni reposé·e, comme si l’organisme n’arrivait plus à trouver son rythme naturel.
Carences et états d’épuisement
Une carence en fer, en vitamine B12, des variations hormonales, un stress chronique ou un deuil peuvent également augmenter les besoins en sommeil. Le corps réagit souvent à l’épuisement en demandant davantage de repos pour se préserver.
Quand faut-il s’inquiéter ou simplement prêter attention ?
L’hypersomnie n’est pas toujours le signe d’un problème grave, mais certains changements méritent qu’on s’y intéresse. Il s’agit surtout d’écouter la façon dont votre sommeil évolue, l’impact que cela a sur vos journées et ce que vous ressentez par rapport à votre rythme habituel.
Vous pourriez surveiller la situation si vous remarquez par exemple :
- que vous dormez plus de neuf ou dix heures la plupart des nuits, sans que ce soit habituel pour vous
- que vous vous réveillez lourd·e, brouillé·e ou déjà fatigué·e
- que vous avez besoin de longues siestes pour fonctionner
- que vous peinez à vous réveiller, peu importe l’heure du coucher
- que vos horaires de sommeil se décalent peu à peu
- que vous vous endormez sans le vouloir, même devant la télévision
- que vous avez de nouveaux maux de tête ou une fatigue qui ne cesse de s’accentuer
- que votre humeur change, avec plus d’irritabilité, de tristesse ou d’anxiété
- que vous vous sentez moins concentré·e, moins efficace, ou que vous oubliez davantage
- que votre énergie globale semble différente, sans que vous sachiez vraiment pourquoi
Ces signaux ne signifient pas qu’il y a “un problème” chez vous. Ils indiquent simplement que votre corps essaie peut-être d’exprimer un besoin.
Que peut-on faire ?
Il n’existe pas de solution unique, car l’hypersomnie peut avoir des origines très variées. L’approche la plus aidante consiste souvent à accueillir cette fatigue avec bienveillance, et à ajuster doucement votre routine pour soutenir votre énergie plutôt que de lutter contre elle.
Voici quelques pistes utiles :
- Essayer de garder une heure de réveil relativement stable
- S’exposer à la lumière naturelle dès le matin pour aider l’horloge interne
- Limiter la caféine en fin d’après-midi
- Mettre en place un petit rituel du soir pour favoriser l’endormissement
- Réduire les sources de stimulation tardives, notamment les écrans
Si l’hypersomnie est récente, s’intensifie ou perturbe votre quotidien, il peut être utile de consulter. Un·e professionnel·le pourra proposer :
- Un bilan sanguin (thyroïde, fer, B12, glycémie)
- Une révision de vos traitements actuels
- Une étude du sommeil en cas de suspicion d’apnée
- Un espace pour évoquer une éventuelle dépression, un épuisement professionnel ou une charge émotionnelle importante
La santé émotionnelle compte autant que les aspects physiques. Lorsque l’hypersomnie est liée à la dépression, à l’anxiété ou au stress chronique, elle tend à s’alléger une fois que l’on est soutenu·e. Parler à quelqu’un, écrire, ou rejoindre une communauté peut réellement faire la différence.
Pour les personnes vivant avec une maladie chronique, trouver un rythme plus stable grâce au pacing, au repos et à une gestion plus douce de l’énergie peut aider à mieux vivre cette fatigue. Dans ces situations, dormir davantage n’est pas un échec : c’est un mécanisme de protection.
À retenir !
- L’hypersomnie correspond souvent à des nuits qui dépassent neuf ou dix heures.
- Elle reflète fréquemment un sommeil peu réparateur, une maladie, un stress important ou un rythme circadien perturbé.
- Les traitements, les maladies chroniques et la santé mentale peuvent y contribuer.
- La vraie question n’est pas “combien d’heures ?”, mais “dans quel état est-ce que je me réveille ?”.
- Si la situation persiste ou vous inquiète, un avis médical peut vous apporter des réponses.
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Sources:
Centers for Disease Control and Prevention. (2024, September 18). ME/CFS Basics. Myalgic Encephalomyelitis/Chronic Fatigue Syndrome.
Centers for Disease Control and Prevention. (2025, February 12). About Sleep. Sleep.
Johns Hopkins Medicine. (2019). Oversleeping: Bad for Your Health? John Hopkins Medicine.
Johns Hopkins Medicine. (n.d.). Sleep apnea.
National Heart, Lung, and Blood Institute. (2014). What is sleep apnea.
National Institute of Mental Health. (2023). Depression: Overview.
Sateia M. J. (2014). International classification of sleep disorders-third edition: highlights and modifications. Chest, 146(5), 1387–1394.
World Health Organization. (2020). Iron deficiency anaemia: Assessment, prevention and control.
World Health Organization. (2021). WHO technical meeting on sleep and health.
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