" Mémoires en cavale du p'tit homme "

...

revenant avec cet air blafard!?...mais...que t'es t-il arrivé? tu as eu un accident?..." me demanda -t-elle en fronçant les sourcils en direction de mon crâne.

- Ho, oublions cela, veux-tu...c'est..heu...du Passé! Parlons plutôt du Présent. C'est ce qui compte le plus. Tu es revenue dans la région?

Elle scrutait encore l'étendue de mes pansements décorant mon crâne rasé et semblait se poser mille questions, mais n'osa pas me questionner plus.

"Oui, je suis revenue après quelques semaines de voyage. Le "grand bleu" m'a rappelé à lui, dit-elle en faisant un signe vers les vagues d'écumes qui jouaient leur crescendo devant nous. J'ai beau essayer de me refaire une vie ailleurs...c'est toujours ici que mes poumons et mon âme respirent le mieux."

Momo prenait un ton décontracté et léger en parlant, tout en faisant tranquillement quelques pas avec moi, mais son visage assombri trahissait une certaine tension que je ne pouvais déterminer. Il s'était passé beaucoup de trop de choses dans mon quotidien depuis son départ quelque peu précipité, il y a quelques semaines. Et en y réfléchissant bien, nous n'avions guère eu le temps de bien nous connaître.

A cours de sujet de conversation, ou sans doute parce que l'un et l'autre étions perdus chacun dans ses pensées, le silence s'établit peu à peu entre nos pas sur le sable...seul l'océan répétait inlassablement les notes de son concerto puissant.

...

verre...je te laisse choisir l'endroit qui te convient?

Momo planta son regard dans le mien et avec un léger sourire me répondit : "Avec plaisir Tom.. Disons 15h00 au bistrot " Le Bleu Café", sur le quai de la grande plage. De sa terrasse, on a une vue magnifique sur l'océan!"

Puis elle partit très vite...trop vite à mon goût! C'est moi qui avais parlé de devoir rentrer, et c'est elle qui prenait les devants. Je la regardais s'éloigner vers le boulevard, sans se retourner une seule fois vers moi.

Après tout, elle avait sûrement à faire! pourquoi me poser tant de questions? Il faisait un peu frais tout à coup. Le soleil commençait à faiblir, la soirée irisait le ciel de reflets flamboyants...bientôt la pénombre déploierait ses voiles de nuit...Allez il me fallait rentrer à la Villa!

La nuit qui suivit fut assez agitée. Le traitement anti-douleurs semblait ne plus faire son effet. Mon crâne était martelé de part et d'autre de pulsations violentes. Mon cerveau semblait se déchirer dans tous les sens.

Impossible de dormir!: c'était la porte ouverte aux pensées de toutes sortes qui ne demandaient surtout pas la permission pour m'envahir comme des rapaces!

Ma situation demeurait toujours précaire, cette intervention dans les dédales de mon cerveau n'allait-elle pas me laisser des séquelles? Combien de temps encore souffrirai-je ainsi? De plus, Gabrielle m'hébergeait gracieusement mais je ne voulais pas abuser de sa générosité. Il me faudrait vite retrouver une autonomie, gagner à nouveau ma vie et retrouver ma femme et ma fille... Une image s'imposa à moi comme un flash : le visage resplendissant de Momo cet après-midi...mais ses traits se durcissant tout à coup jusqu'à devenir menaçants. Pourquoi? Je n'eus pas le temps de plus m'interroger, car la vision de Momo s'estompa et laissa place à un autre visage doux et triste qui semblait m'implorer...Oh... Cristina!!

Un sentiment de honte m'envahit soudain. Comme pour me signifier que l'attirance pour Momo était une trahison envers Cristina. Que de confusions et de tiraillements dans ces sentiments et ces sensations multiples! Je sentais ma tête au bord de l'explosion. Je me levais, titubant, pour aller respirer sur la terrasse et aérer mon âme tumultueuse.

A l'autre bout de la ville, je ne le savais pas...une autre personne n'arrivait pas à trouver le sommeil....

Après avoir quitté Tom, elle s'était rendu dans une immense propriété, isolée à l'écart de la ville. Elle y avait rencontré "Le Docteur" pour lui relater sa rencontre avec Tom et reçu de nouvelles instructions.

A présent, allongée dans son lit, elle revivait ce moment de l'après midi. Tom, naïf, croyait l'avoir rencontrée par hasard et ne s'était pas douté un instant que ces retrouvailles avaient été calculées. Quand elle le vit si pâle, le haut de la tête constellé de pansements et de cicatrices violacées, elle eut tout à coup mauvaise conscience de le duper ainsi.

Mais il était trop tard : elle avait en quelque sorte vendu son âme au diable. C'était la vie de son frère et la sienne contre celle de Tom!  Le diable en question, c'était "le docteur", celui qui faisait de sordides expériences, pour qui la vie des gens n'avait aucune importance et que rien n'arrêterait jusqu'à son triomphe.

Demain, elle devrait obéir froidement aux ordres et mènerai le pauvre Tom dans les filets du Groupe. Elle avait beau se persuader qu'elle était coincée, qu'elle n'avait aucune autre solution pour survivre...son âme et son coeur lui faisaient mal. Pauvre Tom! Dans un autre contexte, peut-être seraient-ils devenus de vrais amis. Voire plus même : il avait tellement de qualités, semblait si différent des hommes qu'elle avait connus dans toute son existence.

Comment allait-elle pouvoir le regarder demain dans les yeux? Comment jouer l'innocence en sachant le drame qu'elle allait provoquer?

La nuit fut longue pour Tom...elle le fut aussi pour Momo...et le jour s'installa peu à peu, calmement, alors que leurs esprits en feu demeuraient très agités...

...

cette voix douce en me posant furtivement une bise sur la joue, avant de s'installer en face de moi. Elle semblait inquiète, à l'affût de tout ce qui nous entourait, jetant sans cesse un regard soucieux sur la rue.

- Irina? mais que fais tu là? Tu es seule? Anatoly va bien?....??

- Oui oui Tom...Anatoly va très bien, ne t'inquiète pas. Il s'agit de toi!! Il m'a envoyé pour te conduire chez nous... il faut se dépêcher!

- A Nice? mais que se passe t-il, Irina?

- tu es de nouveau en danger ...le Groupe t'a retrouvé et t'a tendu un piège...dis-moi, cet après-midi...tu as bien fixé un rendez-vous avec une jeune femme?..

- Oui..mais qu'a t-elle à voir dans cette histoire?.....Non? tu ne vas pas me dire que...

- Si, Tom...j'en ai bien peur. Désolée de détruire le peu d'illusion qu'il te restait sur le genre humain...mais oui : le rendez-vous de cet après midi n'avait malheureusement rien d'idyllique  ou de romantique. Momo te tendait un piège, orchestré par Héliott Ness...toujours lui! C'est Anatoly qui a eu l'information par un agent travaillant encore au sein de l'équipe.

Je restais muet devant mon café... Momo solidaire de ce monstre? prête à me faire du mal, elle aussi? mais pourquoi donc? Je n'arrivais à y croire!

- je sais que c'est dur à croire...Tom! Mais il faut que tu réagisses très vite. Cet endroit devient dangereux. Et...pense à Gabrielle aussi!!

Gabrielle!... c'est vrai! je ne pouvais lui faire courir de nouveau risque...beaucoup de mes connaissances en avaient déjà assez supporté. Je me levais d'un bond pour aller rassembler mes quelques affaires...

...

mettre en danger, je vais devoir encore partir et quitter ceux que j'aime, en cavale comme un fugitif et je n'ai pas retrouvé toutes mes forces. - Mais Tom, vous n'avez pas reçu votre congé  -Qu'est-ce qu'il se passe?  -Pourquoi ce départ si précipité Tom? Ne vous ai-je déplu? -Ho! que non Gaby, ma douce brise aux fragrences parfumés. Vous avez fait beaucoup et je suis vraiment et sincèrement désolé de devoir précipité mon départ, une grande urgence fait que je dois partir....-Hé là ce n'est pas Tobie qu'on entend chapé... Et Tobie sauta sur ses genoux  -Allo! dit Irina.. Oups! on jurerais un enterrement. Ha! Gabrielle, vous n'avez pas reçu l'avis du congé du Dr...

 tom, souviens toi...tu as oublié tobby  enchaîné à un rocher, c' est vrai, ce n' est pas toi, qui a mis la chaîne ....il va bien , ils 'est echappé, un cerf volant l' a emporté, tu vas bientôt le retrouver.