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Vivre la sclérose en plaques sans traitements

Publié le 6 mars 2018 • Par Léa Blaszczynski

Découvrez le parcours de Lisa, membre Carenity, sépienne depuis neuf ans, et auteur d'un blog intitulé Ma meilleure ennemie.

Vivre la sclérose en plaques sans traitements

"Sépiens, sépiennes, c’est ainsi que nous nous nommons entre nous, les personnes touchées par la sclérose en plaques. Il est vrai que le terme « heureuse » ne va logiquement pas de pair avec cette maladie. Souffrance, peurs, épée de Damoclès, handicap, fatigue… C'est tout un panel de mots, peu réjouissants, que l’on y associe.

Alors, bien sûr, « heureuse » n'a pas toujours été le terme le plus adéquat me concernant. J'avais 23 ans lorsque je l'ai appris, l’âge où l’on se croit encore immortel. J’étais jeune et j’avais la vie devant moi. Devoir faire face à une limite physique m’apparaissait comme insurmontable. Et pourtant...

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Pourtant, c’est grâce à cette maladie que j’ai appris à découvrir et à aimer la personne que je suis devenue. Si elle m’a profondément dérangée et perturbée au départ, j’ai fini par comprendre le sens qu’elle avait dans ma vie. Aujourd’hui, elle fait partie intégrante de moi, je vis en paix avec elle et elle est même devenue une fidèle alliée.

Mais pour comprendre cela, il aura d’abord fallu que je prenne le temps de traverser les différentes étapes qui suivent un traumatisme : le Choc, le Déni, la Colère, la Tristesse, la Reconstruction et, enfin, l’Acceptation.

Choc

Suite à l’annonce du diagnostic, je suis entrée dans une phase de Choc. Je n’arrivais pas à prendre la mesure de ce qui venait de m’arriver et j’avais surtout besoin que l’on me plaigne, que l’on s’intéresse à moi. Je racontais à tout le monde ce qui m’arrivait : à la boulangère en allant chercher le pain, au boucher, au primeur, à nos voisins, à la femme de ménage… A toute oreille qui se montrait un tant soit peu bienveillante et qui me confortait dans ce rôle. 

Non seulement, je cherchais à susciter la compassion mais une partie de moi cherchait aussi à rendre cette annonce plus réelle, à me l’approprier. Je l’annonçais sans vraiment être à même de ressentir quoique ce soit. Seule m’intéressait la réaction suscitée chez mon interlocuteur.

Déni et Colère

Puis, en plein Déni, j'ai décidé de l'ignorer, de continuer comme si de rien était. Je suis retournée finir mon stage comme si rien ne s’était jamais passé. Pourtant, elle était bien présente et c’est sous forme de Colère qu’elle a fini par ressortir un peu plus tard. 

Pourquoi moi ? J’avais toujours été tournée vers les autres, prête à aider les gens en détresse, je m’orientais même vers une carrière dans les ONG. Pourquoi cela était-il tombé sur moi ? Personne dans ma famille n’avait cette maladie, l’hérédité n’était donc pas en cause. C’était beaucoup trop tôt pour me retrouver stoppée dans mon élan de vie ! Alors, pourquoi ? Je l'ai détestée, haïe... J'ai voulu la combattre, la vaincre !

Tristesse

Et puis une seconde poussée est arrivée et la Tristesse me terrassa. Mais, malgré ma détresse, je me suis sentie enfin en paix. Alors que les périodes de Déni et de Colère avaient été vécues dans une grande tension et une certaine culpabilité, je ressentis un profond soulagement à me laisser aller dans cette Tristesse. Si je pleurais ma « vie perdue », j’acceptais enfin le passage vers une nouvelle étape.

Cette nouvelle poussée étant apparue seulement quatre mois après la première, la perspective de revivre le lourd traitement à base de cortisone m’était inenvisageable. C’est alors que j’ai découvert les vertus de l’acupuncture. Non seulement, j’y étais très réceptive mais en plus, ma poussée se résorba complètement à raison d’une séance par jour pendant dix jours. Cela fonctionnait pour moi !

Dans le même temps, le corps médical m’annonça, qu’à ce rythme, sous deux ans, je serais en fauteuil roulant. Selon eux, il fallait que je suive désormais le traitement préventif classique de la sclérose en plaques, à savoir les interférons. La liste d’effets secondaires était tellement longue qu’un déclic se fit en moi : non je ne prendrai pas ce traitement ! Puisque l’acupuncture fonctionnait pour moi, j’apprendrais à écouter mon corps et à faire régulièrement des séances en prévention. Mon traitement à moi, ce serait par le biais des médecines douces (acupuncture, shiatsu, naturopathie, méditation …)

Reconstruction 

C’est alors que j'ai choisi de creuser et d’aller étudier d’autres manières de se soigner. Il me fallait pour cela écouter ce que ma sclérose en plaques avait à me dire. Pourquoi était-elle là ? Quel était son message ?

Je décidais d’aller plus loin et de regarder au-delà des maux du corps, m’orientant vers  divers courants thérapeutiques : le décodage biologique, qui met en avant la relation entre le corps et l’esprit ; la Gestalt, qui vise à développer l’autonomie, la responsabilité et la créativité de l’individu… 

Je découvris alors que plus je me libérais de mes blessures émotionnelles, de mes névroses, de mes peurs, mieux mon corps se portait. Ma sclérose en plaques m’avait réellement emmenée dans un voyage à la découverte de moi-même, de mon passé, mes blocages...

Acceptation

Il y a quatre ans, une nouvelle poussée vint se manifester. Elle intervint dans un moment de ma vie où je me sentais littéralement bloquée, dans une situation professionnelle qui ne me convenait pas (harcèlement moral, stress intense). Mais je ne parvenais pas à trouver la porte de sortie. Pire, je persistais et m’entêtais dans cette situation !

Ce fut mon corps qui me libéra ! Cette troisième et dernière poussée fut le déclic final pour me rappeler à l’ordre et me faire comprendre que je n’étais pas dans la vie qui me convenait.

Aujourd’hui, j’ai appris à me connaitre et à me laisser guider par ma sclérose en plaques, à vivre en phase avec moi-même, avec mes aspirations profondes. Chaque fois que je m’en éloigne, mon corps se met en fibrillation et me le signale. Un peu comme un signal radio lorsque nous ne sommes pas sur la bonne fréquence, il se met à grésiller.

Ma sclérose en plaques est tout simplement devenue ma meilleure alliée pour aborder mon futur.

Et après ?

Si une autre poussée devait venir un jour, je sais qu’elle ne serait pas mon ennemie. Et je sais que je prendrais désormais le temps de l’écouter.

A l’heure actuelle, je ne me suis jamais sentie aussi bien dans mon corps. Forte de ce chemin de résilience, je cherche désormais à diffuser ce message d’espoir, à travers mon blog, des conférences, et à présenter une autre façon de percevoir nos maladies, à montrer qu’il ne nous arrive rien que l’on ne puisse surmonter et que si l’on creuse et que l’on prend le temps de les traverser, ces maladies nous permettent d’apprendre à mieux nous découvrir pour pouvoir  vivre en adéquation avec nous-même.

Car, comme le dit, Carl Gustave Jung : « La maladie est l’effort que fait la nature pour guérir l’homme. Elle renferme l’or véritable qu’il n’a trouvé nulle part ailleurs. »"

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avatar Léa Blaszczynski

Auteur : Léa Blaszczynski, Rédactrice santé, experte en communication

Chez Carenity depuis 2013, la rédaction d’articles santé n’a plus de secrets pour Léa. Elle a une appétence particulière pour les domaines de la psychologie, de la nutrition et de l’activité physique.

Léa est... >> En savoir plus

22 commentaires


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Utilisateur désinscrit
le 12/04/2018

Coucou 

j’ai trouvé ton histoire extraordinaire et je trouve que c’est comme ça qu’il faut voir les choses.

je pense que ton parcours est bon à suivre 

merci


grisou63
le 16/04/2018

Bonsoir, je suis naturopathe et je trouve ton message et ton témoignage exceptionnel ! cela peut donner du courage à des personnes atteintes de la même maladie, moi on m'a découvert une cholangite biliaire primitive, c'est pas facile à accepter pour une naturopathe qui dit de faire attention à son foie toute la journée avec ses clients !

Je suis passée par une phase de colère et de tristesse et puis l'acceptation  je me dis que j'ai des clés pour avancer et guérir.

encore Bravo !


LisaMaMeilleureEnnemie
le 25/04/2018

Merci à vous tous pour vos messages ! Je me régale à travers cette expérience de blogging de rencontrer autant de personnes qui sont sur le même chemin que moi (ou qui sont dans la quête d’une autre façon de voir leur maladie)

@Mmsclt‍  non je ne connais pas. Je fais attention à ma manière de me nourrir mais je me refuse à faire un régime strict. Le mieux-être dans cette maladie passe aussi par le plaisir et la nourriture en est un. Donc aucun abus mais manger en conscience. 

Ma quête est plus orientée vers le développement personnel, les médecines douces et une meilleure écoute et attention de soi. 

Je suis d’ailleurs en pleine écritee d’une saga d’articles sur mes différents outils. Vous pourrez les trouver sur mon blog ou ma page facebook, et aussi ici !

au plaisir d’échanger avec vous :-)


Tracy7110
le 25/04/2018

Waw le texte est beau sa fait réfléchir 


Lodo26
le 26/04/2018

Merci pour ce beau témoignage. Arriver à gérer cette maladie et la mettre au "silence". Je viens de lire un super livre et je le conseil à toutes les personnes atteintes de Sep:" Quand le pouvoir de la pensée l'emporte sur les médicaments " Dr Lissa Rankin.

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