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Dépression - “La recherche en psychiatrie doit être soutenue afin de mieux soigner et prendre en charge les troubles mentaux”

Publié le 10 mars 2021 • Mis à jour le 11 janv. 2022 • Par Candice Salomé

Anne Sauvaget, Professeur de psychiatrie et praticien hospitalier, nous parle longuement de deux études, dont une toujours en cours, qui pourraient permettre de mieux comprendre, mieux soigner et améliorer la prise en charge des maladies psychiatriques. Découvrez vite son témoignage !

Dépression - “La recherche en psychiatrie doit être soutenue afin de mieux soigner et prendre en charge les troubles mentaux”

[Article mis à jour le 11/01/2021] Bonjour Professeur Sauvaget, vous avez accepté de témoigner pour Carenity et nous vous en remercions.

Le covid a multiplié par 2 la prévalence de la dépression. Les assises de la santé mentale qui ont eu lieu fin septembre ont mis en avant l'intérêt de la stimulation cérébrale pour le traitement des pathologies psychiatriques.

Tout d’abord, pourriez-vous vous présenter à la communauté Carenity ?

Bonjour à tous, je suis Professeur de psychiatrie à l’Université de Nantes et praticien hospitalier en psychiatrie au CHU de Nantes. Mon activité clinique et de recherche est orientée sur les dépressions résistantes, les troubles de l’humeur, et tous les troubles psychiatriques résistants (TOC, schizophrénie, états de stress post-traumatiques, troubles anxieux, troubles du neurodéveloppement….). Je suis particulièrement attachée à ce que tous les patients puissent avoir accès à toutes les innovations thérapeutiques, que ce soit dans le domaine médicamenteux, du dispositif médical (par exemple les techniques de neurostimulation, mais aussi les applications numériques….) ou des psychothérapies. La recherche en psychiatrie doit être soutenue, afin de mieux comprendre, mieux soigner et prendre en charge les troubles mentaux, à tous les âges de la vie.

Je salue la création de plateformes comme Carenity qui offre aux patients la possibilité d’être informés sur les études en cours, et d’avoir une attitude proactive.

Vous menez actuellement une étude médico-économique dans la dépression sur 12 établissements de santé en France. Pourriez-vous nous en parler ? Cette étude se divise en deux protocoles de recherche : DISCO et ACOUSTIM. Quelles sont leurs différences ?

DISCO et ACOUSTIM sont en fait deux études (ou protocoles de recherche) différentes :

  • Sur le coordonnateur national : DISCO est porté par le Pr Anne Sauvaget, et ACOUSTIM par le Dr Samuel Bulteau
  • Sur la technique utilisée : les techniques de neurostimulation cérébrale non invasive comme la tDCS (stimulation transcrânienne à courant continu) ou la rTMS (stimulation magnétique transcrânienne) représentent des nouvelles possibilités de traitement de nombreux troubles psychiatriques avec une très bonne tolérance.
  • DISCO utilise la tDCS
  • ACOUSTIM utilise la rTMS
  • Sur le type de dépression : 
  • DISCO s’adresse à des patients souffrant de dépression non résistante (qui sont le plus souvent traitée par le médecin traitant), qu’elle soit unipolaire (c’est quand on fait plusieurs dépressions dans sa vie) ou bipolaire (c’est quand on fait à la fois des dépressions et des épisodes maniaques)
  • ACOUSTIM s’adresse à des patients souffrant de dépression résistante (c’est quand on résiste à plusieurs lignes de traitement) chez les patients unipolaires
  • Sur le nombre de centres en France :
  • DISCO inclut 13 centres en France (Nantes, Rennes, Angers, Tours, Brest, Poitiers, Besançon, Clermont-Ferrand, Paris, Dijon, Lyon, Rouen, Anglet)
  • ACOUSTIM inclut plus de 20 centres (Nantes, Rennes, Angers, Tours, Poitiers, Besançon, Clermont-Ferrand, Paris, Dijon, Lyon, Rouen, Lille, Montpellier, Limoges, Toulouse, Caen, Neuilly sur Marne)

L’étude DISCO va comparer le traitement par tDCS associé à un traitement usuel, avec la prise en charge classique « sans tDCS » (médicaments, psychothérapies, etc.,) sur un plan clinique (efficacité) et médico-économique (coût) chez les personnes souffrant d’une dépression unipolaire ou bipolaire, en échec d’un ou 2 antidépresseurs.

L’étude ACOUSTIM va comparer le traitement par rTMS associé à un traitement usuel, avec la prise en charge classique « sans rTMS » (médicaments, psychothérapies, etc.,) sur un plan clinique (efficacité) et médico-économique (coût) chez les personnes souffrant d’une dépression unipolaire en échec d’au moins 2 antidépresseurs.

Quelles sont les conditions pour participer à ces protocoles ?

De façon générale, il faut, comme pour toute étude, pouvoir participer de façon libre et volontaire, et avoir donné son consentement éclairé.

Pour participer à l’étude DISCO, il faut : souffrir d’une dépression unipolaire ou bipolaire ; être âgé de plus de 18 ans ; être en échec d’1 ou 2 antidépresseurs maximum pris successivement ou en association pour l’épisode actuel.

Pour participer à l’étude ACOUSTIM, il faut : souffrir d’une dépression unipolaire ; être âgé de plus de 18 ans ; être en échec au moins de 2 antidépresseurs administrés au moins 6 semaines à dose stable. 

Quelles sont vos attentes en termes de résultats quant à ces protocoles ?

Les résultats attendus de DISCO sont de savoir si proposer un traitement par tDCS d’emblée dans la dépression non résistante, en association à une prise en charge usuelle, améliore la qualité de vie des patients à 12 mois mieux qu’une prise en charge usuelle. A terme, cette étude a aussi pour objectif d’obtenir une reconnaissance officielle de la technique, ainsi qu’un remboursement de ce traitement.

[Mis à jour] L'étude ACOUSTIM, coordonnée par le Dr Samuel Bulteau, du CHU de Nantes, évaluant la rTMS (stimulation répétitive transcrânienne) sur la dépression résistante a terminé son recrutement avec 119 patients inclus dans 15 centres de référence français. C'est la première étude comparative sur la rTMS dans le monde ayant recruté autant de patients. Il s'agit de la première étude internationale randomisée contre placebo étudiant l'intérêt de la rTMS de maintenance pour éviter les rechutes dans la dépression avec un suivi sur 2 ans et des données médico-économiques. Le suivi des patients se terminent fin 2023, les résultats sont attendus courant 2024.

En quoi peuvent-ils faire avancer la recherche médicale ?

Nos attentes de DISCO et ACOUSTIM sont de démocratiser et d’offrir aux patients des alternatives et nouvelles solutions thérapeutiques à la dépression, en plus des psychothérapies et des médicaments. La dépression est la première cause mondiale de handicap selon l’OMS. Il faut continuer de chercher des solutions efficaces, si possible à des prix raisonnables pour la société.

Enfin, comment peut-on participer à votre étude ?

Pour l’étude DISCO : 
Renseignements et contact par mail à etude.disco@gmail.com ou par téléphone au 02-40-08-48-71
L'étude DISCO, coordonnée par le Pr. Anne Sauvaget, du CHU de Nantes évaluant la tDCS (stimulation transcrânienne à courant continu) sur la dépression non résistante, est toujours en cours de recrutement, jusqu'à fin juin 2022.

Pour l’étude ACOUSTIM :
Recrutement terminé

Vous pouvez aussi consulter notre site qui référencie toutes nos études en cours : https://www.chu-nantes.fr/psychiatrie-universitaire-adulte-et-personne-agee 

Le Dr Samuel Bulteau et moi-même remercions tous les patients pour leur confiance en nos études, et tous ceux qui souhaiterons participer, et contribuer ainsi à l’amélioration des connaissances.


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avatar Candice Salomé

Auteur : Candice Salomé, Rédactrice Santé

Créatrice de contenus chez Carenity, Candice est spécialisée dans la rédaction d’articles santé. Elle a une appétence particulière pour les domaines de la psychologie, du bien-être et du sport.

Candice est... >> En savoir plus

16 commentaires


chrissevemele
le 25/01/2022

Les découvertes du docteur Sauvaget sont très encourageantes mais inutiles parceque les psychiâtres et H.P. ne les pratiquent pas. Ils ne connaissent que les médicaments, C'est là qu'il faut faire des progrès. Mon amie bipolaire souffrant terriblement d'une dépression aigue et résistante aux médicaments est hospitalisée,suite à une enième tentative de suicide, dans le service voisin de celui du docteur Sauvaget. Elle suplie qu' on la laisse y aller pour des soins urgents mais sa responsable de soins s'y oppose catégoriquement, elle lui impose un nouveau médicament. Elle est désespérée.

l




aquarella
le 28/01/2022

@chrissevemele je compatis pour votre amie, si je comprend bien le service est voisine de celui qui fait l'enquête ? c'est fou, on marche sur la tête là,.. Déjà elle a une amie, vous, c'est déjà beaucoup, moi j'ai arrêté tout les médicaments depuis 2016 grâce à la psycho généalogie, et le régime du docteur Seignalet, après ça m'arrive d'avoir le moral à zéro, je supporte mal le stress mais si je ne travaille pas et si je n'ai pas une personne toxique et proche ça va tout de suite mieux, je ne suis pas "complétement guérie" mais j'arrive à vire sans médoc et pour moi c'est déjà une victoire, aidez là à se promener tout les jours ou presque, j'aurais bien besoin de ça en ce moment, la luminothérapie c'est pas mal aussi j'en fait tout les matins c'est un appareil qui fait une lumière assez intense qu'on doit faire 20 mn, pour les insomnies j'ai trouvé l'EFT, il y a aussi l'hypnose, la thérapie par le toucher, si elle a un peu de sous, faire les salons de bien être, prendre soin d'elle autrement lui fera beaucoup de bien aussi et si ça lui fait pas de bien, au moins ça lui fait pas de mal comme les effets secondaires des psychotropes ! j'ai pris 60 kg avec les régulateurs d'humeurs qu'on m'a changé 3 fois parce que ça n'agissait pas sur moi, forcément je n'étais pas bipo,, et avec le cymbalta, j'ai eu des règles hémorragiques qui durait des mois entiers, mon record c'est 6 mois de règles non stop arrêt une semaine et rebelote et ça pendant 3 ans et 2 opération jusqu'à ce que je décide d'arrêter l'AD, bon courage à votre amie


marota47
le 30/01/2022

la rTMS (stimulation répétitive transcrânienne est valable pour de la psychose ?


chrissevemele
le 24/02/2022

@coccinelle77 @coccinelle77 @ 0 utilisateut désinscrit. Si ta maladie est reconnue résistante il faut te battre pour obtenir des traitements non médicamenteux, La recherche en a trouvé beaucoup, très .efficaces Mais de nombreux psychiatres sont très réticents et s'obstinent à donner des médicaments aux malades, même si on essaie de leur faire comprendre qu'on est résistant. C'est le cas de mon amie Monique : c'est la guerre, J'ai déposé une réclamation pour "traitement inadapté". J'ai bon espoir parceque j'ai la loi avec moi


chrissevemele
le 24/02/2022

@ààaquarella @aquarella Merci pour ton témoignage, c'est précieux. C'est bien que tu patiques de nombreuses techniques non-médicamenteuse. Monique est hospitalisée et absolument soumise à sa psy référente qui s'y oppose de toutes ses forces. J'ai déposé une réclamation auprés de la direction pour "soins inadaptés" et une autre pour "non prise en charge de sa souffrance intense". Je sais citer les lois qui nous donnent raison et je me fais aider par des persones accréditées, J'espère nous débarrasser de cette maudite femme et que Monique pourra enfin se faire soigner efficacement. Mais c'est urgent parceque Monique est désespérée et reparle de suicide. Je n'ai jamais entendu parler du régime Seignalet, de l'EFT, de la thérapie par le toucher ni de l'AD, je vais me renseigner. Nous aurons du mal à payer tout çà, il faudra trouver des solutions. C'est un rude combat que Monique est incapable de mener, il faut que ses amis et ses frères s'en occupent. Un de ses fréres est inaccessible, l'autre qui a voulu être sa " personne de confiance" veut que nous fassions confiance à sa psy référente.,il reste moi et une autre bonne amie

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