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La peur des poussées : comment ne plus attendre le pire et reprendre le contrôle de la situation !

Publié le 23 mai 2025 • Par Somya Pokharna

La peur des poussées est une composante fréquente, mais souvent tue, de la vie avec une maladie chronique.
C’est cette anxiété qui s’installe même lorsque les symptômes s’améliorent, cette hésitation à faire des projets, et ces calculs mentaux constants pour savoir si une simple promenade en soirée ne risque pas de provoquer une rechute. Même lorsque le corps semble apaisé, l’esprit reste en état d’alerte, redoutant non seulement le retour des symptômes physiques, mais aussi la fatigue écrasante, l’augmentation des douleurs, la perturbation de la routine et le stress émotionnel qui revient.

Alors, comment gérer efficacement cette anxiété liée à l’imprévisibilité des poussées ? Et comment les patients peuvent-ils conserver un sentiment de contrôle et de stabilité face à l’incertitude de leur santé ?

Lisez cet article pour le découvrir !

La peur des poussées : comment ne plus attendre le pire et reprendre le contrôle de la situation !

Qu’est-ce que la peur des poussées, et comment crée-t-elle un cercle vicieux ?

La peur des poussées est l’inquiétude ou l’anxiété que vos symptômes s’aggravent soudainement. Elle apparaît souvent lorsque vous vous sentez plutôt bien depuis un moment, mais que vous redoutez que la situation se dégrade à nouveau. Vous pouvez alors vous surprendre à éviter certaines activités que vous aimiez ou à surveiller en permanence votre corps à la recherche de signes annonciateurs de problème.

Ce type de peur est fréquent chez les personnes atteintes de maladies chroniques, en particulier celles qui connaissent des poussées imprévisibles. Des chercheurs ont montré que plus les personnes se sentent incertaines à propos de leur maladie – sur sa durée, sa gravité ou l’efficacité des traitements – plus elles risquent de développer de l’anxiété et de la dépression. En d’autres termes, ne pas savoir ce qui va arriver est en soi une importante source de stress.

Et voici le piège : le stress et la peur peuvent en réalité aggraver vos symptômes. Lorsque votre corps se sent en danger, même émotionnellement, il déclenche une réponse au stress. Cela peut augmenter la sensibilité à la douleur, perturber la digestion, nuire au sommeil et causer de la fatigue. Ensuite, ces symptômes physiques nourrissent de nouveau la peur… et le cycle continue.

Ce n’est donc pas « juste dans votre tête ». La peur des poussées est bien réelle, et elle peut affecter votre santé physique autant que votre bien-être émotionnel.

Que pouvez-vous faire pour gérer la peur des poussées ?

La première étape est de comprendre que cette peur est normale. Vous n’êtes pas faible, vous n’avez pas échoué. Vous réagissez de manière profondément humaine à une situation difficile et imprévisible. Cela dit, il existe des moyens de rompre ce cycle de peur et de retrouver un certain équilibre.

Préparez un plan en cas de poussée

Dressez une courte liste des signes précoces que vous remarquez généralement : baisse d’énergie, mauvais sommeil, brouillard mental, troubles digestifs, etc. Notez aussi ce qui vous aide habituellement : modifier votre routine, vous reposer davantage, parler à un proche ou consulter votre médecin.

Avoir ce plan en tête peut apaiser votre esprit. Il vous donne une autre perspective que « et si ça empire ? ».

Modifiez votre discours intérieur

Remplacez des pensées comme « ça m’arrive toujours » ou « je ne vais pas y arriver » par des phrases du type : « J’ai déjà traversé ça » ou « Je fais de mon mieux aujourd’hui ». Il ne s’agit pas de prétendre aller bien, mais simplement d’avoir une voix intérieure bienveillante et ancrée dans le réel.

Gérez votre énergie de façon réaliste

C’est ici que la notion de rythme entre en jeu. N’essayez pas de tout faire d’un coup les jours où vous vous sentez bien, même si l’envie de « rattraper » le temps perdu vous démange. Étalez vos activités. Prévoyez des pauses, même si vous pensez ne pas en avoir besoin. Identifiez les moments de la journée où vous vous sentez le mieux et utilisez-les à bon escient : pour travailler, faire des courses, ou profiter de quelque chose qui vous fait du bien.

N’oubliez pas de vous reposer

Du vrai repos. Pas simplement faire parcourir votre téléphone ou répondre à des e-mails sur le canapé. Cela peut être une sieste, un moment allongé avec un livre, ou quelques minutes au calme à l’extérieur. Le repos n’est pas une récompense pour avoir été productif : il fait partie intégrante de votre santé.

Tenez un journal ou un suivi des symptômes

Pas besoin de tout noter dans les moindres détails. Mais repérer certains schémas récurrents – comme les liens avec le stress, le sommeil ou la météo – peut vous aider à anticiper. Le but n’est pas de vous angoisser, mais de vous informer et vous sentir plus en contrôle.

Comment renforcer votre bien-être émotionnel et savoir quand demander de l’aide ?

La peur des poussées n’affecte pas seulement le corps. Elle peut aussi influencer vos émotions, vos relations et votre capacité à profiter du moment présent. C’est pourquoi il est aussi essentiel de prendre soin de votre santé mentale autant que de vos symptômes physiques.

Commencez par rester en lien avec les autres. La maladie chronique peut être très isolante, surtout quand vous avez peur ou que vous êtes bloqué au lit. Parler à un ami, rejoindre un groupe de soutien ou suivre d’autres personnes concernées sur les réseaux sociaux, discuter avec d'autres patients sur Carenity peut vous rappeler que vous n’êtes pas seul(e).

Des pratiques comme la pleine conscience, des exercices de respiration, ou une activité douce (étirements, marche dans la nature…) peuvent aussi calmer votre système nerveux. Pas besoin de devenir un pro du yoga ou de méditer des heures. Même 5 minutes de respiration calme ou d’écoute de musique relaxante peuvent faire une vraie différence.

Et surtout, essayez de vous traiter avec compassion. Il est facile de se sentir frustré envers son corps ou de se blâmer quand les symptômes reviennent. Mais dans ces moments-là, ce dont vous avez besoin, c’est exactement le contraire : douceur, patience et bienveillance.

Parfois, cependant, la peur devient trop grande pour être gérée seul(e). Si vous vous surprenez à tout éviter « au cas où », si vous vous sentez désespéré(e) ou si vous n’éprouvez plus de plaisir dans les choses qui vous faisaient du bien, il est peut-être temps de consulter un professionnel de santé mentale. Des thérapies comme la TCC (thérapie cognitive-comportementale), l’ACT (thérapie d’acceptation et d’engagement) ou les approches centrées sur la douleur peuvent vous aider à sortir du cycle de la peur et à retrouver un sentiment de maîtrise.

À retenir

Vivre avec une maladie chronique, c’est vivre avec de l’incertitude. Il y aura des bons jours et des jours plus difficiles. Mais la peur n’a pas à prendre le contrôle.

En anticipant, en respectant votre rythme et en faisant preuve de compassion envers vous-même, vous pouvez créer plus d’espace pour la sérénité, même dans l’imprévisibilité. Vous n’avez pas besoin d’attendre que tout soit parfait pour aller bien. Vous n’avez pas besoin d’être sans symptômes pour retrouver la paix intérieure.

Les poussées font peut-être partie de votre pathologie, mais elles ne définissent pas toute votre vie. Vous faites déjà preuve de courage en étant là, en cherchant à comprendre, en prenant soin de vous. Et cela, c’est précieux, même dans les moments les plus durs.


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3 commentaires


Karlinio
le 23/05/2025

Bonjour,

C'est un superbe article pour ma part car il explique vraiment les sensations que je subis depuis un an.

Mais je suis perdu dans les solutions proposées pour atténuer les symptômes de la forte l'anxiété.

Je lis beaucoup d'articles et je vais souvent sur youtube en quête de solutions.

On parle de TCC, d'acceptation, de relaxation, d'hypnose et d'anticipation.

Je vous avoue être complètement désorienté et ne plus savoir pour quelle option optée et j'en suis même à perdre espoir car quoi faire réellement.

Je suis suivi par une psychologue mais je vois que nous n'avançons pas. Je ne doute pas de ces capacités mais a-t-elle vraiment compris mes attentes par rapport à tout ce que je lui raconte sur mon quotidien ?

J' ai pris un RV avec un psychothérapeute pratiquant la TCC

J'ai aussi réussi à voir avec mon médecin pour consulter un ORL en octobre pour mes dystonies laryngée s en vue j' espère d'injections de botox. J'envisage de faire de même avec mon ophtalmo pour mon blépharospasme.

J' ai espoir et ça me remonte un peu le moral.


phildu
le 23/05/2025

Vous avez raison, c'est normal d'avoir les chocottes. Si je n'avais pas peur, je serais , soit un super-héros, soit j'ai pas bien compris le concept. Alors, comment transformer ce "Bal de l'Angoisse Pulmonaire" en une "Petite Guinguette du Souffle (Presque) Tranquille" ?

L'été, quand je pars marcher, j’ai mon petit sac à dos qui ressemble à une véritable malle aux trésors… ou plutôt, une malle aux « pourquoi j’ai mis ça » ! Dedans, je glisse mon blouson (parce qu’on ne sait jamais, il peut faire un froid de canard comme un été indien) , mon oxymètre (parce que même en marche, je veux garder le contrôle sur ma santé), et entre saison, printemps ou automne, mon cache-col et mon bonnet… parce qu’on ne sait jamais, il pourrait neiger sur la promenade du dimanche !

Bref, mon sac, c’est un peu mon assistant personnel : toujours prêt à tout, même à affronter un hiver déguisé en été ou un été qui joue à cache-cache avec le soleil. En résumé, je pars marcher léger… mais surtout bien équipé !

Le plus important, c'est de garder le cap (et le souffle, autant que possible) avec indulgence et une bonne dose d'autodérision. Je joue peut-être avec un instrument un peu capricieux, mais c'est moi le chef d'orchestre.


Annabelle18
le 23/05/2025

Cet article résume bien tout par quoi je suis passée au début de ma pathologie. Jusqu'au jour où j'ai décidé de reprendre le contrôle de mon corps en lieu et place de ma douleur chronique.

Mon mandra : me lever le matin en guerrière et me coucher le soir en victorieuse.

Même encadré, soutenu, encouragé par une équipe médicale et c'est mon cas, la mienne est formidable, notre meilleur remède : c'est nous même. Décider de ne plus laisser notre douleur nous contrôler c'est une étape décisive pour une amélioration de notre vie quotidienne.

Si notre douleur ne peut être guerissable à long terme alors apprenons a cohabiter avec elle. Etre resiliante et combative. C'est ainsi que pour ma part, je survis depuis plus de 30 ans.

Courage à tous.

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