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Syndrome TAFRO : zoom sur cette sous-entité de la maladie de Castleman !

Publié le 17 mars 2022 • Par Charlotte Avril

La maladie de Castleman, pathologie lymphoproliférative non maligne et rare, peut se présenter sous plusieurs formes distinctes, impliquant la nécessité d’une prise en charge différente selon la forme concernée. 

Le syndrome TAFRO fait partie des variantes peu communes de la maladie de Castleman, caractérisée uniquement depuis une dizaine d’année. 

Quelles sont les différences entre les différents sous-types de la maladie de Castleman ? Quelles sont les spécificités du syndrome TAFRO ? 

On vous dit tout dans notre article ! 

Syndrome TAFRO : zoom sur cette sous-entité de la maladie de Castleman !

Qu’est-ce que la maladie de Castleman ? 

Décrite par Benjamin Castleman en 1954, la maladie de Castleman (MC) peut aussi être dénommée tumeur de Castleman, hyperplasie géante ou angiofolliculaire ganglionnaire, hamartome lymphovasculaire, ou hyperplasie angio-folliculaire des ganglions lymphatiques. Il s’agit d’un trouble lymphoprolifératif, signifiant qu’elle provoque la prolifération de cellules dites lymphoïdes ce qui entraîne un trouble du système immunitaire. La MC peut être unicentrique (localisée dans un seul groupe ganglionnaire) ou multicentrique (touchant plusieurs aires ganglionnaires). La forme multicentrique est, quant à elle, subdivisée en trois catégories : associée à l'herpès virus humain de type 8 (HHV-8), associée au syndrome POEMS (polyneuropathie, organomégalie, endocrinopathie, protéine M et modifications cutanées) et idiopathique (iMCD), c’est à dire sans cause connue. 

La MC est une pathologie rare : son incidence est d’environ 15 / million de personnes et par année pour la forme unicentrique et de 5 / million de personnes et par année pour la forme multicentrique 

Pour en savoir plus sur les classifications de la MC, ses symptômes et son diagnostic, nous vous invitons à lire notre article
MALADIE DE CASTLEMAN : TOUT CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR ! 

Qu’est-ce que le syndrome TAFRO ? Quelles différences avec la maladie de Castleman idiopathique-multicentrique (iMCD) ? 

L'infection par l'herpès virus humain 8 (HHV-8) a été identifiée comme une cause majeure de maladie de Castleman multicentrique (MCD) chez les patients immunodéprimés, notamment les personnes positives au virus de l'immunodéficience humaine (VIH). 

Bien que des patients immunocompétents (avec un système immunitaire fonctionnel) MCD HHV-8-négatifs aient été rapportés, les causes sous-jacentes restent inconnues. Plusieurs experts supposent que la MCD chez les personnes immunocompétentes pourrait être due à une hypercytokinémie pro-inflammatoire (fabrication excessive de cytokines, molécules impliquées dans la réponse immunitaire) en raison d'une infection par un virus autre que le HHV-8, d'une inflammation ou d'une maladie néoplasique (cancers ou tumeurs). 

Retrouvez un article dédié à la MC liée au HHV-8 en cliquant ici :
MALADIE DE CASTLEMAN ET VIH : FOCUS SUR LE VIRUS HHV-8" 

En 2010, une forme rare distincte de MCD HHV-8-négatif a été signalée au Japon. Son diagnostic a été défini plus tard et repose sur un ensemble de symptômes ou signes cliniques bien identifiés et proposés par Masaki et al. en 2015.

Ainsi, ces signes sont répartis en critères majeurs : 

  • Thrombocytopénie (T) : trouble causé par une baisse du nombre de plaquettes (thrombocytes) dans le sang, entraînant un trouble de la coagulation. 
  • Anasarque (A) : œdème généralisé se situant sous la peau (tissu cellulaire sous-cutané), causé par une infiltration de sérosité dans les tissus cellulaires, essentiellement sous-cutanés. 
  • Fièvre (F) liée à l’inflammation systémique. 

Et des critères mineurs, associés à un aspect histologique (étude des tissus) favorable à une maladie de Castleman : 

  • Fibrose réticulinique (R) ou myélofibrose réticulée : pathologie dans laquelle du tissu fibreux remplace progressivement les cellules souches sanguines dans la moelle osseuse, ce qui provoque la formation de globules rouges de forme anormale, une anémie et une augmentation du volume de la rate. 
  • Organomégalie (O) : agrandissement anormal d'un organe. 
  • Défaillance rénale : diminution du fonctionnement des reins qui ne filtrent plus correctement le sang de l'organisme. 

A ces critères s’ajoutent un taux normal ou peu augmenté d’immunoglobulines et une histologie se distinguant par l’intensité des lésions vasculaires et la présence de lésions de fibrose. 

Des rapports de cas récents et une revue systématique suggèrent que le syndrome TAFRO pourrait avoir une pathogenèse unique parmi les variantes de MCD HHV-8-négatif. 

Le syndrome TAFRO est ainsi parfois considéré comme un sous-type d'iMCD (TAFRO-iMCD), tandis que les iMCD sans syndrome TAFRO sont considérées comme "non spécifiées autrement" (iMCD-NOS). 

D'autre part, ce syndrome, décrit initialement au Japon, semble être plus fréquent dans la population asiatique

L’individualisation des personnes ayant un syndrome TAFRO, au sein des patients présentant une iMCD, est encore méconnue des cliniciens, toutefois cette question est primordiale du fait du mauvais pronostic et de la surmortalité observée chez ces patients

Pour en apprendre davantage sur les méthodes utilisées pour diagnostiquer et identifier les sous-types de la maladie de Castleman, nous vous suggérons de lire notre article MALADIE DE CASTLEMAN ET DIAGNOSTIC DIFFÉRENTIEL 

Comment traite-t-on le syndrome TAFRO ?

Le traitement reste encore mal codifié du fait de la rareté de ce sous-type de la maladie de Castleman. Toutefois, selon le site de la Haute Autorité de Santé en France, le schéma thérapeutique du syndrome TAFRO semble être le même que celui d’une maladie de Castleman multicentrique idiopathique (iMCD) classique, reposant sur la corticothérapie, le tocilizumab, le rituximab ou la chimiothérapie (CHOP). 

Pour plus de détails sur les traitements des différents sous-types de la maladie de Castleman, rendez-vous sur notre article
QUELS SONT LES TRAITEMENTS DE LA MALADIE DE CASTLEMAN ?” 

Quelles sont les recherches en cours ? 

Plusieurs études ont été effectuées afin d’établir les caractéristiques spécifiques du syndrome TAFRO

Ainsi, en 2019, une étude (Fujimoto et al.) a recueilli les données cliniques de plus de 220 patients atteints d'iMCD, du syndrome TAFRO et d'autres iMCD-non spécifiées (iMCD-NOS), et leurs différences ont été analysées. Divers symptômes cliniques différaient chez les patients atteints du syndrome TAFRO par rapport à l'iMCD typique, ce qui indique que le premier est une entité clinique distincte. Cette étude a confirmé que les taux de fièvre, d'anasarque, d'insuffisance rénale et de mortalité étaient significativement plus élevés chez les patients atteints du syndrome TAFRO que chez les patients atteints d'iMCD-NOS. En effet, plus de 90 % des patients atteints d'iMCD-NOS étaient encore en vie 10 ans après le diagnostic. Dans l'ensemble, ces résultats indiquent que le syndrome TAFRO doit être considéré comme une entité à part, nécessitant un diagnostic rapide et des soins intensifs

Il existe plusieurs publications dédiées à l’étude de cas de syndrome TAFRO isolés, cherchant également à caractériser les symptômes et signes cliniques distinctifs du syndrome TAFRO. Seuls une trentaine de cas ont été recensés depuis 2010, essentiellement au Japon. Nous pouvons citer la première observation marocaine notamment, rapportée par le CHU Mohamed VI à Marrakech. Un autre cas, cité et reconnu pour être un exemple du syndrome TAFRO, concerne celui d’un homme de 20 ans étudié par l’université d’Edenberg. 

Si vous souhaitez vous renseigner davantage sur les recherches passées et actuelles dans la maladie de Castleman,
nous vous invitions à lire l’article suivant :
MALADIE DE CASTLEMAN - OÙ EN EST LA RECHERCHE ?” 

Plusieurs études ont été effectuées afin d’identifier les voies de signalisation impliquées dans le syndrome TAFRO dans le but de trouver et d’étudier de nouveaux traitements. 

Une étude réalisée en 2020 et soutenue par le CDCN révèle de nouvelles perspectives potentielles sur la pathogenèse de la maladie de TAFRO. Il s'agissait d’un profilage approfondi d'échantillons sanguins fournis par 15 patients iMCD-TAFRO en poussée et en rémission. Cette étude s'appuie sur des recherches antérieures identifiant l'activation de mTOR (enzyme de la famille des sérine/thréonine kinases qui régule la prolifération cellulaire) comme une nouvelle cible thérapeutique possible pour les iMCD. Les chercheurs ont ainsi mis en évidence un mécanisme potentiel qui sous-tend l'activation de mTOR chez les patients atteints d'iMCD, ce qui constitue un autre signe positif indiquant que le blocage de mTOR par le sirolimus (médicament en phase expérimental) pourrait aider les patients atteints d'iMCD qui ne répondent pas au siltuximab

Par ailleurs, une étude est actuellement en cours de recrutement de volontaires : le Castleman Disease Collaborative Network (CDCN) s'est associé à l'Université de Pennsylvanie et à l'Université d'Arkansas pour les sciences médicales afin de mener une recherche sur le sirolimus, pour les adultes atteints d'iMCD et qui ne peuvent pas bénéficier des thérapies anti-IL-6 (siltuximab (Sylvant) et le tocilizumab (Actemra)). 

Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur la recherche et les moyens d’y contribuer, vous pouvez consulter notre article dédié à la question : “MALADIE DE CASTLEMAN - COMMENT CONTRIBUER A LA RECHERCHE ? 

Pour aller plus loin :

N’hésitez pas à vous rendre sur le site du CDCN (Castleman Disease Collaborative Network) pour plus d'informations. Ce site est disponible en anglais uniquement.  

Vous pouvez également rejoindre la communauté “Maladie de Castleman” sur Carenity pour partager votre expérience, trouver du soutien et échanger de l’information avec d’autres patients ou proches de patients. 

Si faire entendre votre voix vous intéresse, faites-le nous savoir ! Partagez votre expérience et votre vécu (diagnostic, parcours…) dans la maladie de Castleman avec nos membres.   

Vous souhaitez témoigner ? Contactez-nous à cette adresse : contact@carenity.com 

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