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Orthorexie : quand manger sain devient une obsession

Publié le 2 juin 2025 • Par Claudia Lima

Manger sainement est une bonne chose. Mais que se passe-t-il quand cette volonté tourne à l’obsession ?  

L’orthorexie, ou orthorexie mentale, est un trouble du comportement alimentaire encore peu connu, mais de plus en plus répandu. Elle se manifeste par une fixation excessive sur la qualité des aliments, au point d'impacter la santé mentale, les relations sociales et le bien-être quotidien. 

Qu’est-ce que l’orthorexie ? Comment en reconnaître les signes ? Quelles en sont les causes, et quelles solutions existent pour retrouver un équilibre ? 

Toutes les réponses sont dans cet article.

Orthorexie : quand manger sain devient une obsession

Qu’est-ce que l’orthorexie ? 

L’orthorexie, ou orthorexia nervosa, est un terme créé en 1997 par le médecin américain Steven Bratman. Il combine les mots grecs orthoscorrect ») et orexis appétit »), désignant ainsi une obsession pathologique pour une alimentation perçue comme saine. Contrairement à d'autres troubles alimentaires centrés sur la quantité de nourriture, l'orthorexie se focalise sur la qualité des aliments ingérés

Bien que l'orthorexie partage certaines caractéristiques avec d'autres troubles du comportement alimentaire (TCA), elle s'en distingue par plusieurs aspects : 

  • L’anorexie mentale se caractérise par une restriction alimentaire sévère visant une perte de poids, souvent motivée par une image corporelle déformée.  
  • La boulimie implique des épisodes de suralimentation, suivis de comportements compensatoires (jeûne, vomissement), avec une préoccupation majeure pour le poids corporel.  
  • L’hyperphagie boulimique, quant à elle, consiste en des crises de suralimentation incontrôlées, sans comportements compensatoires, souvent déclenchées par le stress ou des émotions négatives. 

En revanche, l'orthorexie se concentre sur la qualité perçue des aliments, avec une attention obsessionnelle portée aux ingrédients, à leur origine et à leur préparation, indépendamment de l’effet sur le poids.  

À ce jour, l'orthorexie n'est pas officiellement reconnue comme un trouble du comportement alimentaire dans les principales classifications médicales internationales (DSM-5, CIM-10). Cependant, de nombreux professionnels de santé reconnaissent son impact significatif sur la qualité de vie des personnes concernées. Des recherches sont en cours pour mieux comprendre ce trouble et envisager son inclusion future dans les classifications officielles. 

Quels sont les signes et symptômes ? 

L’orthorexie est caractérisée par une obsession excessive pour une alimentation perçue comme saine. 

Voici quelques-uns des symptômes les plus fréquents : 

  • Une restriction alimentaire stricte : élimination de nombreux aliments jugés « impurs » ou « malsains » (additifs, sucre, gluten, pesticides). 
  • Une préoccupation obsessionnelle pour la qualité des aliments : analyse minutieuse des étiquettes, des origines des produits, des modes de cuisson, au détriment du plaisir de manger. 
  • Des rituels alimentaires rigides : règles strictes concernant les horaires, les combinaisons d'aliments ou les méthodes de préparation, pouvant conduire à des comportements compulsifs. 
  • Une culpabilité intense en cas d’écart : honte ou anxiété lors de la transgression d’une règle alimentaire, avec des comportements de compensation. 
  • Un isolement social : évitement des repas en groupe par peur de ne pas maîtriser la qualité des aliments consommés. 
  • Une perte de plaisir à manger : la nourriture devient source d’anxiété plutôt qu’un moment de convivialité. 
  • Des conséquences physiques : risque de carences nutritionnelles, perte de poids significative, troubles digestifs dus à des régimes déséquilibrés. 

Vouloir adopter une alimentation équilibrée est normal. Mais lorsque cela devient une obsession, entraînant stress, isolement et détérioration de la qualité de vie, il peut s'agir d'orthorexie. La clé réside dans la flexibilité et le plaisir associés à l’alimentation. 

Quelles sont les causes possibles de l'orthorexie ? 

L’orthorexie résulte de l’interaction de plusieurs facteurs psychologiques, sociaux et culturels. 

Facteurs psychologiques : perfectionnisme et anxiété 

Les personnes orthorexiques présentent souvent des traits de perfectionnisme et d’anxiété. Elles cherchent à atteindre une alimentation perçue comme parfaite pour maîtriser leur santé et réduire leur stress. Cette quête de perfection peut être exacerbée par une faible estime de soi. 

Influence des réseaux sociaux et de la culture « healthy » 

La prolifération des contenus en ligne sur l’alimentation saine et les modes de vie « clean » renforce les comportements orthorexiques. Les images idéalisées de la santé créent des standards irréalistes. 

Besoin de contrôle et peur de la maladie 

L’orthorexie peut également être une réponse à un besoin de contrôle, notamment en période de stress. La peur de la maladie pousse certaines personnes à des régimes alimentaires stricts, pour se rassurer et réduire l’anxiété. 

Quelles sont les conséquences de l’orthorexie ? 

L’orthorexie peut avoir des conséquences graves sur la santé physique, la qualité de vie et le bien-être psychique.  

En excluant de nombreux aliments jugés impurs ou malsains, les personnes orthorexiques s’exposent à des carences nutritionnelles (fer, calcium, vitamines essentielles) pouvant entraîner de la fatigue, des troubles digestifs et une baisse des défenses immunitaires. 

Ensuite, la rigidité alimentaire conduit souvent à l’isolement social : les repas partagés deviennent source d’anxiété, et les occasions conviviales sont évitées. Cela impacte les relations amicales et familiales, entraînant une perte de plaisir et une détérioration de la qualité de vie. 

Et pour finir, l’orthorexie peut évoluer vers des troubles alimentaires plus sévères comme l’anorexie mentale ou la boulimie, en raison de la rigidité extrême et des comportements compulsifs. La frontière entre orthorexie et autres TCA est parfois mince. Les personnes orthorexiques présentent souvent des symptômes communs avec l’anorexie, notamment le contrôle obsessionnel de l’alimentation. 

Comment sortir de l’orthorexie ? 

Le premier pas est la reconnaissance du trouble de l’orthorexie, souvent facilitée par l’entourage ou les professionnels de santé. Un diagnostic précoce aide à éviter l’aggravation des symptômes. 

Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont particulièrement efficaces pour modifier les pensées dysfonctionnelles liées à l’alimentation. Un soutien nutritionnel par un diététicien ou un nutritionniste permet de réintroduire progressivement une alimentation variée. Un suivi psychologique est également nécessaire pour gérer les peurs et l’anxiété liées à l’orthorexie. 

À retenir 

L’orthorexie est un trouble alimentaire où la quête de pureté alimentaire finit par devenir une obsession, nuisant à la santé physique, au bien-être mental et à la vie sociale.

Pour en sortir, il faut prendre conscience de ce trouble, puis consulter des professionnels qui proposeront un suivi psychologique et nutritionnel adapté.

Retrouver une relation saine et flexible à l’alimentation, fondée sur le plaisir plutôt que sur la peur, est la clé pour rééquilibrer son rapport à la nourriture et retrouver une meilleure qualité de vie. 

 

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