Fatigue compassionnelle : un risque pour les proches et proches-aidants, comment la reconnaître et s’en protéger ?
Publié le 9 août 2025 • Par Claudia Lima
Soutenir un proche malade, âgé ou en situation de handicap est un engagement précieux. Que vous soyez aidant au quotidien ou proche-aidant reconnu, ce rôle peut devenir épuisant. À force d’être présent, d’écouter, de porter la douleur de l’autre, on finit parfois par s’oublier. Cet épuisement émotionnel, appelé fatigue compassionnelle, touche celles et ceux qui donnent sans relâche, souvent au détriment de leur propre bien-être.
Dans cet article, nous verrons comment reconnaître cette fatigue, pourquoi elle concerne tant les aidants et proches-aidants, et comment se protéger sans cesser d’aider.
Bonne lecture !

Qu’est-ce que la fatigue compassionnelle ?
La fatigue compassionnelle, aussi appelé épuisement compassionnel, désigne un état d’épuisement émotionnel, physique et mental qui survient chez les aidants et proches-aidants, mais aussi chez le personnel médical et les professionnels de secours, lorsqu’ils sont exposés de façon prolongée à la souffrance d’un proche ou d’un malade.
Elle ne résulte pas d’un manque d’endurance ou de courage, mais d’un engagement profond et sincère, motivé par l’amour, l’empathie et le devoir d’aider. Avec le temps, cette implication intense devient lourde à porter. À force de vouloir être présent à chaque instant, de soulager la douleur de l’autre, l’aidant finit par puiser dans ses propres réserves sans se régénérer.
Contrairement au burn-out, qui est davantage lié à la surcharge de travail ou à une pression professionnelle, la fatigue compassionnelle naît d’une empathie extrême et non régulée, d’un désir de bien faire, parfois jusqu’à l’épuisement.
Les premiers signes peuvent passer inaperçus : une fatigue persistante, une baisse de moral, de l’irritabilité ou une perte d’intérêt. Pourtant, peu à peu, l’énergie, la motivation et même le sens de l’aide s’érodent, jusqu’à mettre en péril la santé de l’aidant, sa qualité de vie, et la relation d’aide elle-même.
Pourquoi les aidants et proches-aidants sont-ils particulièrement vulnérables à la fatigue compassionnelle ?
En France, des millions de personnes accompagnent régulièrement un proche malade, en situation de handicap ou en perte d’autonomie.
Loin d’un engagement ponctuel, le rôle d’aidant s’inscrit dans la durée, souvent sans relâche, avec une implication émotionnelle très forte. Qu’il s’agisse d’un parent, d’un enfant ou d’un conjoint, cette aide repose sur un lien affectif profond, ce qui la rend quasi indissociable d’un sentiment de devoir, parfois de culpabilité. Pour beaucoup, ce rôle ne se délègue pas.
Résultat : près d’un aidant sur deux développe une maladie chronique liée au stress ou à l’épuisement, et un sur quatre se dit physiquement et moralement épuisé. L’exposition continue à l’anxiété, à la solitude, à une charge mentale élevée et à l’absence de reconnaissance fragilise les aidants et accentue leur risque de fatigue compassionnelle.
À cela s’ajoute une réalité préoccupante : beaucoup d’aidants renoncent à leurs propres soins, loisirs ou temps de repos, mettant de côté leur santé au profit de celle de leur proche. Sans soutien, sans formation, sans répit, l’équilibre s’effrite, parfois sans même que l’aidant s’en rende compte.
Quels sont les signes de la fatigue compassionnelle qui doivent vous alerter ?
La fatigue compassionnelle ne survient pas brutalement : elle s’installe progressivement, souvent en silence. Parce qu’elle touche des personnes engagées, attentionnées, investies dans l’aide à un proche, ses symptômes sont souvent minimisés, voire ignorés. Pourtant, certains signes doivent alerter.
Des symptômes émotionnels
- Un épuisement profond, malgré le repos,
- De l’anxiété, du stress permanent ou des ruminations,
- Une irritabilité, de l’impatience, des sautes d’humeur inhabituelles,
- Un détachement émotionnel, l’impression de ne plus ressentir grand-chose,
- De la tristesse, de l’abattement, voire un état dépressif.
Des symptômes physiques
- Des troubles du sommeil (insomnies, cauchemars, hypersomnie),
- Une fatigue chronique, des maux de tête, des douleurs diffuses,
- Des problèmes digestifs, une perte ou un excès d’appétit,
- Des tensions musculaires, une baisse de l’immunité.
Des symptômes comportementaux
- Un isolement, un retrait des interactions sociales,
- Une perte d’intérêt pour les loisirs ou les activités habituelles,
- Des difficultés de concentration, des oublis fréquents,
- Une négligence de soi, des reports de soins ou de rendez-vous,
- Un sentiment de ne plus trouver de sens dans le rôle d’aidant.
Ces signes, s’ils persistent ou s’accumulent, ne doivent pas être ignorés. Ils sont des signaux d’alerte importants, autant pour votre santé que pour la qualité de l’aide que vous apportez.
Comment prévenir ou surmonter cette fatigue quand on aide un proche malade ?
Face à la fatigue compassionnelle, prévenir vaut mieux que guérir. Mais lorsqu’elle est déjà installée, il est toujours possible d’agir pour s’en sortir. Voici des pistes concrètes pour prendre soin de soi tout en continuant à accompagner un proche :
- Posez vos limites : vous ne pouvez pas tout faire. Déléguez quand c’est possible, et acceptez de ne pas être parfait·e.
- Prenez soin de vous : sommeil, alimentation, loisirs, détente… Ce sont des besoins, pas des luxes.
- Cherchez du soutien : groupes de parole, associations, proches… Parler soulage et évite l’isolement.
- Soyez bienveillant·e avec vous-même : vos émotions sont légitimes. Acceptez-les sans jugement.
- Faites le point régulièrement : identifiez ce qui vous ressource ou vous fatigue, et ajustez votre engagement.
- Préservez votre vie personnelle : gardez du lien social, des activités à vous. Cela renforce votre équilibre.
À retenir
La fatigue compassionnelle est un signal d’alerte, pas une faiblesse. Elle rappelle que l’empathie a besoin de pauses, et que prendre soin de soi est essentiel pour continuer à prendre soin de l’autre.
En reconnaissant les signes, en posant des limites, en acceptant de l’aide et en vous entourant, vous permettez à votre compassion de rester une force durable, et non un poids écrasant. Des ressources, des associations et des espaces de parole existent pour vous soutenir.
Être aidant ou proche-aidant ne doit pas se faire au détriment de votre santé.
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Prenez soin de vous, et à très vite !
Sources :
Fatigue compassionnelle : qu'est-ce que c'est, passeportsante.fr
Mieux comprendre la fatigue compassionnelle, crh.cgos.info
Épuisement compassionnel, cairn.info
Fatigue compassionnelle : quand l’empathie se retourne vers le soignant, sciencedirect.com
L'usure de compassion : comment la reconnaître et la prévenir, lappui.org
Enquête "Motivations, vécus, aspirations des aidants accompagnant un proche", espace-ethique.org
Proches aidants : comment éviter l’épuisement, caf.fr
Risques sur la santé des aidants, has-sante.fr
Être proche aidant aujourd’hui, cnsa.fr
Charge mentale des proches aidants : que vivent-ils véritablement, france-assos-sante.org
Ressources pour les Aidants, fondation-fondamental.org
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