Médicaments courants, danger méconnu : comment votre traitement peut compromettre votre conduite ?
Publié le 26 avr. 2025 • Par Somya Pokharna
Saviez-vous que les médicaments sur ordonnance sont plus souvent impliqués dans les accidents mortels de la route que l’alcool ou les drogues illicites ?
Même pris selon les recommandations médicales, certains traitements peuvent altérer votre vision, vos réflexes ou votre vigilance. Antidouleurs, somnifères, anxiolytiques ou antihistaminiques : des médicaments du quotidien peuvent transformer un trajet banal en véritable danger.
Dans cet article, découvrez comment les traitements influencent vos capacités à conduire, quels médicaments posent le plus de risques, et surtout, comment préserver votre sécurité (et celle des autres) au volant.

Les médicaments sur ordonnance sont impliqués dans 46,5 % des accidents mortels dus à la drogue au volant, ce qui en fait les substances les plus fréquemment détectées dans ce type d'incidents, plus encore que les drogues illégales ou l'alcool. Ce qui est encore plus inquiétant, c'est que de nombreuses personnes ignorent que les médicaments de tous les jours, même lorsqu'ils sont pris conformément à la prescription, peuvent nuire à la sécurité au volant.
Comment les médicaments affectent-ils la capacité à conduire ?
Conduire peut sembler un acte automatique, mais c’est en réalité une tâche complexe qui nécessite de réfléchir rapidement, avoir des sens aiguisés, une bonne coordination et des réflexes rapides. Or, certains médicaments peuvent altérer ces capacités en affectant le cerveau, la vue ou les muscles. Voici comment :
- Temps de réaction retardés : certains médicaments ralentissent le traitement de l’information par le cerveau, rendant plus difficile la réaction rapide à des situations imprévues (ex. : freinage soudain d’une voiture devant).
- Vision floue ou déformée : certains médicaments perturbent la vue, rendant difficile la lecture des panneaux, l’estimation des distances ou la détection des piétons.
- Somnolence et fatigue : des médicaments sédatifs comme les somnifères ou certains antihistaminiques peuvent entraîner des endormissements ou des absences au volant.
- Confusion mentale : les médicaments qui affectent l’attention ou la prise de décision peuvent provoquer désorientation, distraction ou lenteur de réaction.
- Coordination altérée : les myorelaxants (décontractant musculaire) et autres médicaments similaires peuvent compromettre l’équilibre, la coordination œil-main et la maîtrise du véhicule.
Ces risques sont particulièrement accrus chez les personnes âgées : en vieillissant, notre métabolisme ralentit, rendant les effets des médicaments plus longs et plus intenses. De plus, la polymédication est courante dans cette tranche d’âge, augmentant les risques d’interactions médicamenteuses. Des troubles fréquents comme la douleur chronique, l’insomnie ou l’anxiété, souvent traités par des médicaments à risque, contribuent également à ce "cocktail" dangereux.
Quels médicaments présentent le plus de risques pour la conduite ?
Voici les classes de médicaments les plus couramment associées à une altération de la conduite :
Opioïdes
- Exemples : Oxycodone, Hydrocodone, Morphine, Codéine
- Effets : somnolence, vertiges, ralentissement respiratoire, troubles de l’attention — même à faibles doses.
Benzodiazépines
- Exemples : Diazépam, Lorazépam, Clonazépam, Alprazolam
- Utilisés contre l’anxiété ou l’insomnie, ils entraînent sédation, réflexes ralentis, perte d’équilibre, troubles cognitifs.
Somnifères non-benzodiazépiniques
- Exemples : Zolpidem, Eszopiclone, Zaleplon
- Bien que présentés comme plus sûrs, ils restent sédatifs. Le Zolpidem notamment peut altérer la conduite le lendemain matin.
Antidépresseurs
- Exemples : Fluoxétine, Sertraline, Amitriptyline, Duloxétine
- Risques de somnolence, vision floue, ralentissement mental, étourdissements — surtout au début du traitement ou lors de changements de dosage.
Antihistaminiques
- Exemples : Diphenhydramine, Hydroxyzine, Dimenhydrinate
- Les antihistaminiques de première génération sont très sédatifs. Une seule dose de diphenhydramine peut nuire à la conduite autant qu’un taux d’alcoolémie illégal.
Myorelaxants (relaxants musculaires)
- Exemples : Cyclobenzaprine, Méthocarbamol, Carisoprodol
- Utilisés contre les douleurs musculaires, ils peuvent causer sédation, confusion, vision floue et mauvaise coordination.
Antipsychotiques
- Exemples : Olanzapine, Rispéridone, Quétiapine
- Prescrits pour la schizophrénie, les troubles bipolaires ou dépressions sévères. Provoquent somnolence, mouvements ralentis, troubles du jugement.
Médicaments antiépileptiques
- Exemples : Acide valproïque, Carbamazépine, Phénytoïne
- Peuvent entraîner vertiges, fatigue, troubles de coordination, surtout lors de changements de dose ou d’oublis.
Stimulants
- Exemples : Méthylphénidate, Pseudoéphédrine
- Utiles en cas de TDAH ou narcolepsie, ils peuvent causer nervosité, surestimation de ses capacités et décisions risquées.
Cannabis et produits au CBD
- Exemples : THC, huiles de CBD, comestibles, produits topiques
- Le THC entraîne somnolence, ralentissement, altération de la perception. Le CBD peut aussi causer fatigue et baisse de concentration à fortes doses.
Comment conduire en toute sécurité si vous prenez des médicaments ?
Prendre des médicaments, qu’ils soient prescrits ou en vente libre, ne signifie pas forcément que vous devez arrêter de conduire — mais cela nécessite de la vigilance.
Voici quelques conseils pour une conduite sécurisée :
- Soyez attentif aux signaux d’alerte : sensation de fatigue, vertiges, vision floue, esprit embrumé ? Ne les ignorez pas, même si vous avez l’habitude de ce médicament. En cas de doute, arrêtez-vous ou demandez à quelqu’un de vous conduire.
- Lisez les étiquettes et les notices : un triangle rouge sur la boîte indique un risque pour la conduite. Il en existe 3 niveaux : soyez attentif.
- Parlez à votre médecin ou pharmacien : surtout si vous débutez un traitement ou prenez plusieurs médicaments. Il pourra ajuster les doses ou proposer une alternative.
- Évitez l’alcool : l’alcool potentialise les effets sédatifs de nombreux médicaments, augmentant les risques de façon significative.
- Adaptez le moment de la prise : prenez les médicaments sédatifs le soir ou à un moment éloigné de la conduite.
- Testez vos réactions : essayez un nouveau médicament à un moment où vous n’avez pas besoin de conduire, pour observer ses effets.
- Envisagez des alternatives plus sûres : certains médicaments plus récents sont moins sédatifs et tout aussi efficaces.
À retenir
La conduite altérée par les médicaments est plus fréquente et plus dangereuse qu’on ne le pense. Somnifères, antidépresseurs, antihistaminiques… même pris correctement, ils peuvent compromettre votre sécurité au volant.
Cela vaut particulièrement pour les personnes âgées, souvent polymédicamentées et plus sensibles aux effets secondaires.
Restez informé(e), à l’écoute de votre corps, et discutez avec vos professionnels de santé. La sécurité sur la route ne dépend pas uniquement du code de la route… mais aussi de ce que vous avez dans votre organisme avant de tourner la clé.
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Sources:
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