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SOPK : quand l’errance diagnostique et la minimisation médicale aggravent la souffrance des patientes

Publié le 1 sept. 2025 • Par Claudia Lima

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est le trouble hormonal le plus fréquent chez les femmes en âge de procréer touchant, selon les études, entre 6 et 13 % d’entre elles. Pourtant, cette maladie endocrinienne demeure largement méconnue et sous-diagnostiquée : jusqu’à 70 % des femmes atteintes ignorent qu’elles en souffrent. 

Cette invisibilisation s’explique à la fois par la diversité des symptômes, les critères diagnostiques parfois flous, et la minimisation médicale dont se plaignent de nombreuses patientes.  

Combien de femmes entendent encore que leurs douleurs, leurs cycles irréguliers ou leur prise de poids sont « normaux » ou simplement liés à leur hygiène de vie ? Pourquoi le SOPK reste-t-il si difficile à identifier malgré sa fréquence ? Quels signes doivent alerter ? Et surtout, comment briser le cycle de la banalisation médicale pour offrir enfin aux femmes concernées une prise en charge adaptée ? 

Bonne lecture ! 

SOPK : quand l’errance diagnostique et la minimisation médicale aggravent la souffrance des patientes

Qu’est-ce que le SOPK et comment se manifeste-t-il ? 

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), ou syndrome de Stein-Leventhal, est un trouble hormonal fréquent qui touche environ une femme sur dix en âge de procréer. Première cause d’infertilité féminine d’origine hormonale, il se caractérise par un excès d’androgènes (hormones stéroïdiennes) entraînant divers symptômes. 

Ses manifestations varient beaucoup d’une femme à l’autre : cycles irréguliers ou absents, acné persistante, excès de pilosité, perte de cheveux, prise de poids abdominale, résistance à l’insuline, fatigue, troubles de l’humeur et parfois infertilité. Certaines patientes présentent peu de signes, d’autres plusieurs à la fois, parfois dès la puberté. 

Le diagnostic du SOPK repose sur les critères de Rotterdam (2003, révisés en 2023). Il est confirmé si au moins deux de ces critères sont présents : troubles ovulatoires, hyperandrogénie (taux d'androgènes nettement supérieur à la normale) ou aspect polykystique des ovaires à l’échographie, ce qui signifie que des ovules immatures se transforment en kystes qui, au fil du temps, s’accumulent. 

Un bilan hormonal et une échographie sont donc essentiels. Pourtant, malgré ces outils, près de 70 % des cas restent non diagnostiqués, en raison de la variabilité des symptômes et d’une méconnaissance persistante du syndrome. 

Pourquoi le SOPK entraîne-t-il une errance diagnostique et une minimisation médicale ? 

Le diagnostic du SOPK est souvent long et difficile. En France, il faut en moyenne 2 à 7 ans entre les premiers symptômes et la reconnaissance médicale. Beaucoup de femmes ne sont diagnostiquées qu’autour de 25-30 ans, souvent lors d’un bilan pour infertilité

Des symptômes banalisés ou mal attribués 

À l’adolescence, des signes comme l’acné ou les règles irrégulières sont fréquemment mis sur le compte de la puberté. La pilule contraceptive, prescrite tôt, peut masquer les symptômes sans poser de diagnostic. Plus tard, la prise de poids, la fatigue ou les troubles de l’humeur sont souvent expliqués par le stress ou le mode de vie

Ce phénomène, appelé “medical gaslighting(*)” en anglais, se traduit par des phrases récurrentes : « c’est normal », « c’est dans votre tête », « perdez du poids et ça ira ». Loin d’aider, cette banalisation invisibilise la maladie et retarde la prise en charge. 

(*) acte qui invalide les préoccupations cliniques légitimes d'un patient sans évaluation médicale appropriée, en raison de l'ignorance du médecin, de préjugés implicites ou du paternalisme médical 

Une variabilité qui complique le diagnostic 

Le SOPK ne se présente pas de la même façon chez toutes les femmes : certaines souffrent surtout de troubles menstruels, d’autres de symptômes cutanés ou métaboliques. Cette diversité, combinée à un manque de formation des soignants, contribue largement aux retards diagnostiques. 

L’errance diagnostique liée au SOPK n’est pas seulement médicale : elle constitue un véritable enjeu de santé publique

Quelles sont les conséquences d’un diagnostic tardif du SOPK ? 

Un diagnostic tardif du SOPK n’est jamais anodin. Sans prise en charge adaptée, les complications physiques et psychologiques s’accumulent et deviennent plus difficiles à prévenir

Sur le plan physique, le SOPK ne se limite pas aux troubles menstruels. Il s’agit d’un véritable syndrome métabolique et endocrinien. Un retard de diagnostic augmente notamment le risque de diabète de type 2 (multiplié par trois), d’hypertension artérielle et de maladies cardiovasculaires, mais aussi de stéatose hépatique, d’apnée du sommeil et d’infertilité (première cause hormonale). Une prise en charge précoce (hygiène de vie adaptée, suivi médical, traitements hormonaux si nécessaire) permet pourtant de limiter ces complications. 

Sur le plan psychologique, l’errance diagnostique et la minimisation médicale accentuent l’anxiété, la dépression et la perte d’estime de soi. Beaucoup de patientes décrivent un sentiment d’échec ou de culpabilité, souvent renforcé par les difficultés liées à l’infertilité. Cette invisibilisation favorise l’isolement et fragilise encore la confiance envers le système de santé

Ainsi, poser un diagnostic tôt, c’est donc non seulement protéger la santé physique, mais aussi restaurer la confiance et améliorer la qualité de vie des femmes concernées. 

Comment mieux reconnaître et prendre en charge le SOPK ? 

Le SOPK, à la fois trouble hormonal, métabolique et psychologique, nécessite une prise en charge globale. Plusieurs axes d’amélioration permettraient de réduire l’errance diagnostique et améliorer la qualité de vie des patientes. 

Former les professionnels de santé 

Les dernières recommandations internationales insistent sur l’importance de mieux former les médecins généralistes, les gynécologues et les endocrinologues. Il s’agit de sensibiliser aux critères diagnostiques actualisés (Rotterdam 2023), de reconnaître la variabilité des symptômes, notamment à l’adolescence, et de déconstruire les biais genrés qui conduisent à banaliser les plaintes féminines. Chez les jeunes patientes, même si le critère échographique n’est retenu qu’après quelques années de règles, les symptômes (acné, hirsutisme, cycles irréguliers) doivent être entendus et pris en charge sans attendre. 

Promouvoir une écoute active et bienveillante 

De nombreuses patientes atteintes de SOPK se sentent incomprises ou culpabilisées. Restaurer la confiance suppose une relation médecin-patiente fondée sur le respect et l’écoute, le dépistage systématique de l’anxiété et de la dépression, ainsi qu’une information claire et pédagogique sur le syndrome et ses traitements

Mettre en place une approche multidisciplinaire 

Le SOPK ne peut être géré efficacement par un seul spécialiste. La prise en charge doit combiner : 

  • Un suivi gynécologique et endocrinologique (régulation hormonale, ovulation), 
  • Un accompagnement nutritionnel et sportif pour réduire l’insulinorésistance, 
  • Un soutien psychologique (thérapie ou groupes de parole), 
  • Des programmes d’éducation thérapeutique (ETP) favorisant l’autonomie des patientes. 

Quels conseils pratiques pour les patientes atteintes de SOPK ? 

Recevoir un diagnostic de SOPK, ou simplement le suspecter, peut être déstabilisant. Quelques démarches simples permettent pourtant de mieux préparer ses consultations et d’obtenir une prise en charge adaptée : 

  • Préparer sa consultation : noter ses symptômes (cycles, acné, pilosité, poids, fatigue, humeur), apporter ses antécédents familiaux, préparer ses questions. 
  • Demander les examens utiles : bilan hormonal, bilan métabolique, échographie pelvienne (hors adolescence), tout en écartant d’autres causes possibles (thyroïde, prolactine…). 
  • Faire valoir ses droits : si vos symptômes sont minimisés, sollicitez un second avis auprès d’un spécialiste. 
  • S’informer et s’entourer : rejoindre une association (SOPK Europe, Asso’SOPK, PCOS Challenge…), participer à des groupes de parole, consulter des ressources fiables. 

À retenir 

Le SOPK touche près d’une femme sur dix. Trop souvent sous-diagnostiqué et minimisé, il entraîne des conséquences physiques (infertilité, diabète, risques cardiovasculaires) et psychologiques (anxiété, isolement, perte d’estime de soi). 

Des solutions existent : une meilleure formation médicale, une écoute bienveillante et une prise en charge pluridisciplinaire peuvent transformer le parcours des patientes. L’autonomie des patientes – préparer ses consultations, demander les bons examens, solliciter un second avis, s’appuyer sur des associations – est aussi un levier majeur. 

Le SOPK n’est pas une fatalité : mieux reconnu et accompagné, il peut être géré efficacement pour préserver la santé et la qualité de vie. 

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