C’était prévisible, le suivi par Sophia des asthmatiques démarre avant les entretiens pharmaceutiques. Le système mis en place par la CNAMTS pour le suivi des malades chroniques sera expérimenté dans 19 départements début mars 2014. Les entretiens pharmaceutiques ne démarreront au mieux qu’au 2ème et plus probablement au 3ème trimestre 2014. Mais que les pharmaciens se rassurent : ils pourront sauter dans le train en marche en recrutant des patients pour les intégrer, si besoin, dans… le programme Sophia ! Après les avoir entretenus tout de même pendant 45 à 60 mn environ.
Chacun son tour
Après les diabétiques, c’est donc le tour des patients asthmatiques de pouvoir bénéficier des conseils de Sophia. Cette idée flottait dans l’air depuis 2008 et l’expérimentation aurait même dû commencer en 2012. Dès à présent, les patients peuvent avoir accès à des informations sur la maladie, les examens recommandés, les traitements... via le site www.ameli-sophia.fr. Dans 19 départements, certains d’entre eux, adultes recrutés sur la base de leur consommation de bronchodilatateurs β-2 d’action brève, recevront un courrier de leur caisse locale pour les inviter à intégrer le programme complet. Ce service gratuit offrira, outre ces informations en ligne, des lettres courriels ou postales et une plateforme d’accompagnement téléphonique par des infirmières formées actuellement à ce suivi.
Les pharmaciens et les médecins généralistes pourront également abonder dans ce sens en y inscrivant les patients de leur choix. L’entrée des heureux élus dans la boucle sera déterminée par les pharmaciens au travers des entretiens pharmaceutiques (EP). Les contours de ces EP ne sont pas encore totalement finalisés. L’avenant spécifique les concernant devrait être signé à la fin mars. Les EP ciblent les personnes en initiation de traitement par corticoïdes inhalés et ceux potentiellement inobservants qui n’auraient pas eu de délivrance depuis plus de six mois. Cela concernerait, selon l’Assurance maladie plus de 754 000 personnes, soit près de 34 patients par officine. Le suivi s’intéressera à l’observance, la perception par le patient du traitement, aux facteurs déclenchant les crises, et à la vérification de la maîtrise de la technique d’inhalation. Démonstrations et manipulations en direct difficilement faisables par téléphone en effet ! Ces EP devraient durer de ¾ heure à 1 heure et leur rémunération est encore en négociations…
Les aléas d’une coordination en kit
La Société de pneumologie de langue française (SPLF) prépare en contact avec la HAS des recommandations actualisées sur le suivi et le contrôle de cette pathologie. Lors de son congrès, fin janvier, elle les annonce pour fin 2014. Ce texte est attendu par les pharmaciens et les médecins comme référence. Il visera, entre autres, à l’harmonisation des pratiques. La SPLF par la voix de Pascal Chanez fait observer l’avantage qu’il y a dans le suivi et l’éducation thérapeutique à ce que tous les intervenants, dont les patients, parlent le même langage… Ajoutons à cela que 25 % des asthmatiques continuent de fumer. Les intégrer au programme national de réduction du tabagisme impliquant les officines annoncé par François Hollande, à l'occasion de la présentation du 3ème Plan cancer est pure vision futuriste. En effet , « les pharmaciens verront leur rôle de conseil mieux défini et reconnu dans le cadre d'une négociation qui devra aboutir d'ici 2015 ». Il semble pour le moment que la dispersion l’emporte sur la coordination! La synthèse de toutes ces actions profiterait sans doute aux patients, mais aussi à l’économie.
Marjolaine Labertonière
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