Chirurgie bariatrique, suivi psychologique, coût : les avantages et les inconvénients
Publié le 11 déc. 2018 • Par Louise Bollecker
À 56 ans, Fabienne, alias @fabie30129, habite dans le Gard et est maman de trois enfants. Après une importante prise de poids liée à un traitement médical, elle a décidé d’avoir recours à une sleeve. Une expérience positive qu’elle partage au quotidien avec d’autres patients, dans le cadre de l’association de patients qu’elle a créée : Némo.
Depuis quand étiez-vous obèse lorsque vous avez été opérée ?
J’ai été en obésité pendant plus de 10 ans avec une prise de 40 kg à la suite d’un lourd traitement contre la dépression : une bipolarité avec des séjours en clinique psychiatrique avec des électrochocs et jusqu’à 16 cachets par jour.
Souffriez-vous psychologiquement et physiquement de votre obésité ?
Oui je souffrais énormément psychologiquement de mon obésité, mon regard dans le miroir était vraiment problématique. J’ai toujours été mince, même après mes 3 grossesses, à chaque fois j’avais perdu tous mes kilos de grossesse. Ce traitement contre la dépression m’a permis d’aller mieux mais j’ai pris énormément de poids. Constater que je devais changer de taille de vêtements tous les trimestres était vraiment dur à supporter.
Quel était votre IMC lorsque vous avez été opérée ?
Mon IMC était de 38.
Avez-vous essayé d’autres méthodes avant de sauter le pas (régimes, activité physique, hypnose...) ?
Non je n’ai pas essayé d’autres méthodes. Je faisais un peu de marche mais des douleurs au niveau des genoux me posaient des problèmes. Ce surpoids sur les articulations et des sciatiques à répétition étaient vraiment une contrainte.
Avez-vous vous-même demandé à être opérée ou est-ce un médecin qui vous en a parlé ?
J’ai moi-même demandé à mon médecin traitant ce que je pouvais faire en ce qui concerne une chirurgie bariatrique. J’avais dans l’idée la pose d’un anneau mais il me l’a déconseillé et il m’a orientée vers une sleeve avec un chirurgien reconnu à Nîmes. Quand j’ai rencontré le chirurgien, il m’a confortée dans le choix d’une sleeve, l’anneau ne se pose pratiquement plus et le by-pass entraîne beaucoup trop de contraintes avec une prise de vitamines à vie.
Comment s’est passé l’opération ? Êtes-vous restée hospitalisée longtemps ?
L’opération s’est très bien passée, je suis rentrée à la clinique le jeudi soir, opérée le vendredi matin et sortie le mardi matin. J’ai été en soins intensifs pendant 24h à cause de mon appareil pour les apnées du sommeil, mais c’est une précaution de la part des anesthésistes.
Avez-vous souffert des suites de l’opération ?
Non, aucune douleur ; même les douleurs de la cœlioscopie (technique chirurgicale qui permet d’opérer à l’intérieur du ventre en ne faisant que des petites incisions, ndrl) ont été très gérables. J’ai quand même été sous perfusion pendant 24h. Si je le voulais, j’avais droit à du doliprane, mais aucune douleur importante.
Le prix de ce genre de chirurgie est souvent mentionné comme un frein. Avez-vous été remboursée de cette opération ? Comment se passe la procédure administrative ?
Le remboursement a été total, même les dépassements d’honoraires du chirurgien et de l’anesthésiste, d’un montant total de 750 euros pour les deux m’ont été remboursés par ma mutuelle, mais j’ai une très bonne couverture mutuelle, sinon tous les autres frais ont été pris en charge par ma caisse d’assurance maladie.
La procédure administrative a été simple, le chirurgien a fait une demande d’entente préalable à la sécurité sociale du Gard qui a donné son accord sans visite d’un médecin contrôle.
Mais le jour de mon opération la CPAM (Caisse Primaire d'Assurance Maladie) ne m’avait pas donné son accord par écrit, uniquement par téléphone, mais je me suis quand même rendue à la clinique, et celle-ci avait bien l’accord de la sécurité sociale.
Avez-vous bénéficié d’un suivi psychologique avant et après cette opération irréversible ?
Oui tout à fait, le suivi est très important. Au sein de la clinique, il y a un pôle obésité, il y a donc des réunions pré-opération et post-opération où l’on nous explique l’importance du suivi, aussi bien psychologique que nutritionnel.
Quels ont été les effets de l’opération ? Avez-vous perdu du poids tout de suite ?
La perte de poids s’est faite correctement, je perdais 5 kg par mois. À ce jour, plus de 2 ans plus tard, j’ai perdu 53 kg.
Comment vous êtes-vous sentie psychologiquement ?
Avant mon opération, en août 2016, j’ai rencontré mon psychiatre avec qui nous avons décidé d’arrêter mon traitement contre la dépression. J’ai donc arrêté mon traitement tout doucement. À ce jour, je ne prends plus rien car l’endocrinologue m’avait dit que le peu de médicaments que je prenais encore (2 cachets par jour) étaient contradictoires avec l’opération. Ils avaient un effet de prise de poids, donc l’opération n’aurait pas été autant bénéfique. Et mon psychiatre, comme il avait vu que j’allais déjà mieux, m’a conseillé d’arrêter complètement mon traitement. Et, en effet, depuis je ne prends plus rien et je suis en super forme.
Avez-vous modifié vos habitudes alimentaires ? Qu’avez-vous trouvé difficile ?
Oui mes habitudes alimentaires ont été modifiées, je ne prends plus de boissons gazeuses (pas de bulles avec un estomac opéré). Avant mon opération j’étais assez attirée par le sucré, mais depuis c’est le salé qui m’attire.
Je mange peu, simplement 3 à 4 fourchettes par repas, un yaourt me fait 3 repas, mon bébé estomac ne peut pas plus. La satiété est très rapide, et c’est un peu normal comme, lors de l’opération, l’hormone la ghréline a été enlevée. Mais cette hormone va se redévelopper ailleurs (le corps humain est très bien fait), c’est pour cela qu’à partir de 2 ans post op et il est essentiel de continuer à être suivi, car les mauvaises habitudes alimentaires peuvent revenir à grands pas.
A ce jour, rien n’est difficile pour moi, il est vrai que j’ai perdu le plaisir de la table, mais ce qui est très paradoxal, c’est que je cuisine beaucoup. Les repas au restaurant ne sont plus intéressants pour moi, c’est à mon avis du gaspillage même si je ne prends qu’une entrée et un dessert. Le pire au restaurant, c’est quand je ne finis pas mon assiette, et que j’ai le serveur qui me tourne autour et qui finit par dire « mais ce n’était pas bon ? »… « Eh non, c’est que bébé estomac est arrivé à satiété ! »
Votre entourage vous a-t-il soutenue durant cette période ?
Au début mon mari était contre, un de mes fils de 24 ans à l’époque m’a dit « te faire opérer d’une chirurgie de l’estomac à ton âge… pourquoi tu vas t’embêter avec ça ? ».
Mais mon mari a vu que ma décision était ferme, il m’a donc très bien accompagnée et il est venu à tous mes rendez-vous avant et après l’opération. Et il continue de me soutenir même s’il se fait un peu de souci maintenant car j’ai trop perdu de poids. Je fais 46 kg pour 1,66 m donc mon IMC est très faible.
Mon fils au vu de mon résultat actuel de la perte de poids, il me dit que j’ai bien fait de faire cette opération.
Il ne vous reste donc plus de poids à perdre ?
Non au contraire, il faudrait que je regrossisse un peu mais mon estomac est plutôt contre et mon psychique aussi je pense, maintenant que j’ai perdu tous ces kilos je me vois mal en reprendre. Etant donné aussi que je suis très nerveuse, le peu que je mange je le brûle en calories, car depuis je fais du sport tous les jours.
Quels conseils donneriez-vous à un patient souffrant d’obésité qui s’interroge sur une sleeve ?
Mes conseils sont les suivants : être suivi par une bonne équipe pluridisciplinaire, se rapprocher d’un hôpital ou d’une clinique avec un pôle de l’obésité, se faire suivre et aider par une diététicienne, une psychologue, faire un rééquilibrage alimentaire mais surtout faire de l’activité physique.
Se rapprocher d’une association de patients pour être accompagné, aidé, conseillé ; ne pas rester seul face à toutes les interrogations que l’on peut avoir après une chirurgie de l’obésité.
L’association va aussi permettre de faire entre nous de l’activité physique adaptée avec de la sophrologie, de l’hypnose, du pilates, du renforcement musculaire, de l’aquagym. Il est bon d’assister à des groupes de paroles, il faut parler, témoigner, se sentir soutenu et compris, et cela on le trouve au sein des associations de patients.
D’ailleurs, depuis octobre 2017, j’ai créé ma propre association de patients sur Nîmes, rattachée à la Polyclinique du Grand Sud de Nîmes, l’association s’appelle Némo - Nîmes-Obésité.
Merci beaucoup à Fabienne pour son témoignage. N'hésitez pas à lui poser vos questions en commentaire ou à partager votre expérience !
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