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“Le cancer de l’ovaire a été une invitation à revoir ma manière de vivre”

Publié le 27 juil. 2020 • Par Candice Salomé

Nadine, membre de la communauté Carenity France,  est atteinte d’un cancer de l’ovaire qui s’est étendu au foie, sur le péritoine (membrane qui tapisse les parois intérieures de l'abdomen) et l’épiploon (repli du péritoine.). Elle a cependant su accueillir la maladie avec curiosité et philosophie. Elle se livre sur son parcours face au cancer et sa manière de l’appréhender au quotidien.

“Le cancer de l’ovaire a été une invitation à revoir ma manière de vivre”

Bonjour Nadine, vous êtes atteinte d’un cancer de l’ovaire et avez souhaité témoigner.
Tout d’abord, pourriez-vous nous en dire plus sur vous (qui vous êtes, ce que vous aimez faire dans la vie, votre profession, vie de famille…) ?

Je vais bientôt fêter mes 60 ans. J’aime : la vie de manière générale, les gens, la nature. J’aime lire, écrire, apprendre, découvrir et élargir mes horizons extérieurs et intérieurs. J’anime des ateliers santé-alimentation et des cercles de guérison du cœur. J’apprécie aller à des conférences qui abordent les thématiques en lien avec la santé et le développement personnel et spirituel.

Je suis maman de trois enfants qui sont les cadeaux de ma vie ! Mon fils ainé a 38 ans, ma fille va fêter ses 36 ans. Mon petit dernier aura bientôt 25 ans. Je suis mamie de trois petits-enfants. J’ai la chance d’avoir de belles relations avec mes enfants.

Mon parcours professionnel a été riche et varié. Il m’a amené à faire de l’accompagnement et du coaching en insertion personnelle et professionnelle. J’ai aussi créé une boutique d’alimentation biologique avec mon conjoint parce que ce domaine nous passionne particulièrement. 

J’ai repassé un BTS Economie, Social et Familiale à l’âge de 43 ans et enchaîné sur des prestations de services dans le domaine de la formation à la santé (alimentation saine et équilibrée) et dans le développement personnel.  Ayant des compétences dans le domaine du théâtre et l’animation d’ateliers d’écriture, je me suis servie de ces outils pour favoriser l’expression de soi et la prise de parole en public. J’ai également répondu à des appels à projets dans le cadre du Programme national nutrition santé.

J’ai besoin d’innover et je déteste la monotonie. Quand j’ai fait le tour d’un domaine, j’éprouve le besoin de me renouveler, j’apprécie de transmettre, de former et de guider. 

Le langage du corps m’a très vite passionnée. J’ai lu beaucoup d’ouvrages sur la psychosomatique et le langage du corps humain ce qui m’a permis d’accueillir le cancer avec une réelle curiosité et philosophie.

Comment vous-êtes-vous rendue compte que vous étiez atteinte du cancer de l’ovaire ? Quels ont été les premiers symptômes ?

De manière plutôt très curieuse, guidée par une intuition singulière, une vision peu ordinaire, qui m’a questionnée pendant plus d’une semaine. Au terme de huit jours d’interrogation, j’ai machinalement posé mes mains sur mon bas ventre juste avant de m’endormir et là, j’ai senti une énorme boule sous ma main, une boule si grosse que je me suis sentie comme enceinte de 4 à 5 mois : j’ai aussitôt établi le lien avec la vision du pompon dodu que j’avais eu ! 

J’ai donc pris rendez-vous dès le lendemain avec mon médecin traitant car je sentais qu’il y avait quelque chose d’anormal. 

Celui-ci m’a invité à passer une échographie qui a mis à jour la présence d’un volumineux kyste sur l’ovaire droit. Ce dernier a été opéré quelques semaines après sous célioscopie. J’ai aussi eu une prise de sang afin de faire une vérification du côté du marqueur du cancer de l’ovaire, le fameux CA 125* avec un résultat négatif.

*Le taux de CA 125 est considéré comme normal s'il est inférieur à 35 U/mL. Le CA 125 augmente en dehors de tout état pathologique au cours des règles et pendant la grossesse.

L’analyse des tissus malades et des parties opérées par le chirurgien a donc mis en lumière la présence d’un cancer migrant sur la trompe de l’ovaire gauche lequel était masqué par son homologue : l’ovaire droit...

J’ai eu la grande chance d’avoir un kyste avertisseur... Signe que le corps possède vraiment une intelligence, quand il y a un désordre quelque part, il crée d’autres formes d’équilibre qui génèrent par leur anormalité des sortes de signaux ! 

Depuis le début de l’année 2015, je m’étonnais d’avoir des besoins d’uriner de plus en plus importants. Avec un kyste opéré à 23 cm de diamètre, j’ai accueilli cette opération avec un réel soulagement mais une partie de moi savait que tout ne serait pas si simple ! 

Y a-t-il d’autres cancers dans votre famille ?

Mon grand-père paternel est décédé à l’âge de 74 ans des suites d’un cancer du côlon. Je suis suivie à ce titre là depuis l’âge de 22 ans, âge auquel on m’a retiré un gros polype intestinal, le plus gros de la carrière du chirurgien selon ses propos !

J’ai fait un test génétique qui a permis de voir que le cancer de l’ovaire n’avait pas de lien avec la génétique scientifique.

Combien de temps a-t-il fallu pour poser le diagnostic du cancer de l’ovaire ? Combien de médecins avez-vous rencontré ?

J’ai été opérée le 9 juillet 2015 et le diagnostic a été confirmé par les biopsies le 27 juillet, soit 18 jours plus tard. J’ai rencontré trois médecins : médecin traitant, la radiologue, et le chirurgien.

Comment vous a-t-on annoncé votre cancer ?  

Mon médecin que j’avais joint le matin pour savoir s’il avait les résultats des biopsies m’a rappelée en fin de matinée pour me communiquer les résultats de celles-ci.

Comme je l’ai senti embarrassé, je lui ai dit que j’étais assise et que je savais que c’était un cancer, il a alors confirmé mon pressentiment avec soulagement. 

Et comment avez-vous vécu cette annonce ?

Sans surprise vu le contexte ! Un peu déstabilisée par l’idée de ma propre finitude, mais au bout de 5/6 jours, j’ai décidé de ne pas me laisser aller à cette idée. J’ai pris conscience que nous sommes mortels dès le jour de notre naissance. Finalement, cela ne changeait pas grand-chose à l’histoire et j’ai eu à cœur de me dire qu’il fallait que je profite de la vie plutôt que de me torturer l’esprit avec une peur inutile.

J’ai éprouvé le besoin d’être seule et je suis partie au bord de la mer, chez ma tante qui m’a prêtée sa maison. J’ai éprouvé le besoin de me retrouver et de m’isoler pour réfléchir au sens de cette maladie dans ma vie.

Êtes-vous satisfaite de votre parcours de soins (consultations, diagnostic et traitements...) et de l’information reçue concernant la maladie ?

Mon médecin traitant a été humain et réconfortant. Par contre, le chirurgien était vraiment froid et sans empathie.
Au second rendez-vous préalable à la seconde intervention, il m’a précisé que si tout était ok au niveau des prélèvements et des biopsies, on refermerait le dossier et le chapitre !

Au troisième rendez-vous : visite post-opératoire, il m’a annoncé qu’un comité s’était réuni et m’a invité à suivre une chimiothérapie dite “de prévention”.

Je lui ai répondu que j’avais besoin d’y réfléchir, d’autant plus que cela n’allait pas du tout dans le sens des informations qu’il m’avait communiqué au préalable 

J’eu à peine franchi le pas de la porte de son cabinet, qu’il m’a lancé : « A lundi pour la pose de la chambre à chimio !!! » et sa secrétaire m’a aussitôt transmis un rendez-vous pour rencontrer un oncologue. J’ai très mal vécu ce forcing et le manque de considération de l’un et de l’autre. Aucune préparation psychologique de part et d’autres.

Je ne me suis pas présentée à ce rendez-vous estimant qu’il y avait des limites à la prévention et ce d’autant plus que les prélèvements étaient tous sains. J’ai consulté aussi mon médecin traitant qui pensait comme moi.

Quels traitements et soins avez-vous reçu ?

Deux opérations chirurgicales, dont une dite préventive avec curages thoraciques, rénaux hystérectomie et retrait de l’épiploon. 

Ces traitements et soins pour votre cancer étaient-ils lourds de conséquences ? 

J’ai été réopérée le 22 août 2015 et j’ai repris le travail le 4 janvier, soit juste 4 mois et demi après une seconde intervention lourde, trop tôt compte tenu de la fatigue et du besoin réel de la récupération de mon organisme. 

Il m’a fallu plus d’un an pour retrouver en partie ma vitalité, un peu de souplesse et la force physique de me relever parfois. Un ventre ouvert du pubis à l’estomac ne retrouve pas sa tonicité en un an !

Quel en a été l’impact sur votre vie ?

À terme : perte d’emploi et incidence désastreuse sur la vie intime notamment à cause de douleurs physiologiques consécutives à l’hystérectomie et sans doute aussi à cause de mon niveau d'hormones.

Actuellement, êtes-vous en rémission ? 

Le cancer initial de l’ovaire s’est étendu au foie, sur le péritoine et l’épiploon. 

Tout d’abord, les tumeurs du foie ont été découvertes en février 2018 à l’occasion d’une visite gynécologique et d’une prise de sang du CA 125. Ce marqueur avait toujours été négatif jusqu’à cette date. J’ai opté, à ce moment, pour des approches alternatives et un régime cétogène (régime alimentaire à très basse teneur en glucides compensé par un renfort de lipides) de février 2019 à octobre 2019 : je demeurais hostile à la radiothérapie et la chimiothérapie, trop de décès autour de moi consécutifs au cancer et à des traitements lourds.
Puis, en octobre 2019, j’ai eu une récidive d’un abcès sur un diverticule ainsi qu’un début d’éventration de la cicatrice consécutive à la laparotomie. Lors de l’intervention chirurgicale, j’ai donc appris que le cancer initial de l’ovaire s’était étendu au péritoine, en plus du foie...  

J’ai donc, après deux mois de réflexion nécessaires à mon cheminement, accepté la chimiothérapie.

Comment vous-sentez-vous aujourd’hui ?

Je me sens tout à fait bien mentalement, en paix et confiante pour l’avenir, la guérison est un chemin, une voie d’évolution. Mon objectif premier est de vivre agréablement afin de favoriser la guérison, je me moque des statistiques et des verdicts en tous genres. J’ai choisi de faire confiance à mon aptitude à me guérir avec les moyens que l’on met à ma disposition mais aussi en prenant en main mon alimentation, mon état d’esprit, je pratique la relaxation et la méditation.

Pourriez-vous nous en dire plus sur votre régime alimentaire ?

Le régime cétogène* est plus favorable à la guérison du cancer mais la consommation de trop de légumes notamment crus a généré pour moi un abcès sur un diverticule à deux reprises. Il a fallu opérer cet abcès en octobre 2019.  

L’alimentation est un facteur essentiel de la guérison, elle constitue à elle seule une base primordiale et complémentaire avec les traitements – cependant, à terme, j’ai été confrontée aux limites imposées par mon intestin. J’ai donc modifié mon alimentation depuis, en consommant plus de légumes cuits afin d’aider mes intestins, et pour limiter les inflammations intestinales favorisées par trop de cellulose.

*Le régime cétogène est un mode alimentaire dans lequel les lipides (graisses) fournissent l’essentiel des calories (70 à 80%, voire 90%) tandis que les glucides (sucres) sont apportés en très faible quantité (maximum 10% des calories). Lorsque l’organisme est ainsi privé de glucides, les graisses deviennent sa principale source d’énergie (qu’elles proviennent des repas ou soient puisées dans les réserves) et une partie d’entre-elles sont transformées en corps cétoniques, d’où le terme "cétogène". Les corps cétoniques peuvent servir de carburant à différents organes, mais ils sont principalement orientés vers le cerveau.

Et comment envisagez-vous l’avenir ?

Je suis sereine et confiante, mon intuition continue de me guider, j’ai de nouveaux projets comme celui de témoigner qu’il est possible de vivre avec un cancer et qu’il est possible de ne pas être pris aux griffes de la peur. Il y a des moyens pour parvenir à la paix intérieure, une discipline, tout comme il existe un chemin pour la guérison. Guérir, c’est soigner une globalité, un être, un état d’esprit. 

Êtes-vous atteinte par plusieurs pathologies ? 

Qu’il s’agisse des tumeurs du foie comme de la carcinose péritonéale, et de la tumeur épiploïque, c’est en fait une seule et même pathologie due à un dérèglement métabolique, je ne peux dissocier les différentes parties malades de mon corps.

Êtes-vous soutenue par vos proches et amis ?

J’ai la chance d’avoir, de part mes activités annexes, un grand réseau d’amis et de relations bienveillantes et cordiales. J’ai sollicité régulièrement le soutien mental de ce réseau pour alléger mon rapport à la chimiothérapie. Mes enfants sont proches ainsi que ma famille et mon conjoint a été d’une précieuse aide physique pour l’intendance de la maison quand j’ai été au plus mal entre novembre et décembre 2019. 

Il faut apprendre à s’aimer, et sentir l’amour des autres favorise cette acceptation de soi. Se sentir aimée et appréciée donne de la force et motive à vivre !

Il y a eu, certes, un passage un peu difficile pendant lequel j’ai douté de ma capacité à surmonter toutes ces épreuves. Et puis finalement, la foi, la vie et ma curiosité m’ont remise à flots. Tout cela n’est pas le fruit du hasard et il va en sortir quelque chose, j’en ai l’intime conviction.

Dialoguez-vous beaucoup au sujet de la maladie ?

Nous en parlons. Je réponds à leurs questions pour plus de clarté et pour qu’ils se rassurent. Je leur fais part des résultats des examens. Nous nous témoignons de notre affection mutuelle, et puis nous passons à autre chose. C’est important que la vie ne tourne pas autour de la maladie, même si celle-ci nous limite quelque peu, elle ne nous définit pas. 

Pensez-vous qu'un dépistage régulier du cancer de l’ovaire devrait être prévu comme pour le cancer du sein ?

Le dépistage est un point important. Il serait aussi intéressant de communiquer sur les signes avant-coureurs des cancers les plus fréquents.  Pour avoir travaillé en lien avec des associations de prévention cancer (ADECASO) on parle souvent du cancer du sein et du côlon, les autres sont plus négligés.

Enfin, qu’aimeriez-vous conseiller aux membres atteintes par le cancer de l’ovaire ?

La première chose que je leur dirais c’est : “N’ayez pas peur !”. La maladie n’est pas là pour vous tuer. Elle est, bien au contraire, une invitation à vous guérir. C’est un appel à l’aide profond de votre organisme, de votre ÊTRE, une invitation à revoir votre manière de vivre ou de mal vivre. C’est une invitation à vous reprendre en main. Vous devez apprendre à devenir votre PRIORITÉ !

Ne soyez pas gênées à l’idée de vous faire aider. Le jour de votre naissance, une sage-femme était là pour vous aider à venir au monde. Et bien maintenant, cherchez autour de vous les personnes qui vous aideront à renaître cette fois ci, dans la confiance et la douceur.                                                        

De plus, si le courant ne passe pas avec votre oncologue changez-en, c’est important ! De votre partenariat dépend votre guérison. C’est important de marcher main dans la main, et puis vous avez le droit de prendre aussi des initiatives pour vous-mêmes, il existe des thérapies complémentaires.  C’est l’occasion de vous ouvrir à la nouveauté et à ce qui parlera à votre intuition. Faites-vous confiance. Aimez-vous et soyez pour vous le meilleur des amants !

Un grand merci à Nadine pour avoir accepté de témoigner pour Carenity.
Et vous, quelle attitude adoptez-vous face à la maladie ?

N'hésitez pas à en parler dans les commentaires, nous sommes là pour nous soutenir !

Si vous aussi, vous désirez témoigner, cliquez juste ici !

Bon courage à tous, prenez soin de vous !

avatar Candice Salomé

Auteur : Candice Salomé, Rédactrice Santé

Créatrice de contenus chez Carenity, Candice est spécialisée dans la rédaction d’articles santé. Elle a une appétence particulière pour les domaines de la psychologie, du bien-être et du sport.

Candice est... >> En savoir plus

4 commentaires


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Utilisateur désinscrit
le 28/07/2020

Parfait article , comme toujours @Candice.S‍ 


groupedeparole
le 31/07/2020

Beau témoignage qui peut servir d’exemple , « on n’est jamais mieux soigné que par d’où même «  mais tous les patients n’ont pas la force d’âme  du témoin !! 
pour compléter les informations médicales , dommage que le courant ne soit pas passé entre le chirurgien et la patiente , la chimiothérapie préventive était justifiée mais il s’agissait pour les soignants d’expliquer au mieux son intérêt primordial !

les campagnes de dépistage des cancers de l’ovaire( CA12-5 et écho pelvienne) ont été un échec , passant brutalement d’un bilan normal à une imagerie témoignant du cancer de l’ovaire diffusant au péritoine , caractéristique habituelle de ce cancer: du coup , pour les femmes à risque génétique , il est proposé une ablation préventive des ovaires à la ménopause ( la plupart des cancers de l’ovaire apparaissent après la cinquantaine) , remplacés par la prescription d’estrogene en crème. 
derniere notion , le cancer de l’ovaire n’est pas hormone-dépendant et la prescription d’estrogene en crème est autorisée pour compenser les troubles liés à la ménopause ( ostéoporose , troubles vaginaux et urinaires ...)

Gardez votre mental et continuez à témoigner , cela aidera tellement d’autres patientes !!


verotiti86
le 04/08/2020

 Atteinte du même cancer j'ai apprécié ce témoignage encourageant.


Laurence1507
le 23/09/2020

atteinte egalement d'un cancer des ovaires stade3c haut grade recidive en 2018 etla mais marqueurs remontent

merci pour ce témoignage qui encourage, ne jamais baisser les bres. un grand merci laurence

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