Qu'est-ce qu'une biothérapie ? Spécial asthme
Publié le 20 janv. 2020 • Par Camille Dauvergne
Dans certains cas, les patients asthmatiques peuvent se voir prescrire une biothérapie : quels patients peuvent en bénéficier ? Comment cela fonctionne-t-il ? Quels sont les effets indésirables ? Suivez le guide pour mieux comprendre ce traitement innovant.
Asthme et biothérapies
L’asthme est une pathologie respiratoire inflammatoire chronique, évoluant par crises. On distingue :
- L’asthme atopique, d’origine allergique, qui est le plus fréquemment retrouvé et qui commence généralement pendant l’enfance ou l’adolescence.
- L’asthme intrinsèque, non allergique, qui commence plus tardivement.
Depuis quelques années, des biothérapies se sont développées dans le traitement de l’asthme, notamment dans le cadre de l’asthme atopique. Ces nouvelles thérapies ciblent des médiateurs de la réaction inflammatoire, qui est une des composantes de la crise d’asthme avec le bronchospasme (rétrécissement du diamètre des bronches). Les biothérapies ne sont pas indiquées chez tous les patients asthmatiques et ne sont initiées qu’après l’évaluation de plusieurs critères par le médecin.
Comment ça fonctionne ?
Les biothérapies utilisées dans le traitement de l’asthme sont des anticorps monoclonaux ciblant des molécules impliquées dans la réponse allergique comme l’IgE (Immuno Globuline E), des cytokines ou bien des chimiokines. En bloquant ces molécules, elles empêchent l’activation des cellules pro inflammatoires et donc la survenue de la réaction allergique et inflammatoire observée lors d’exacerbations de l’asthme.
Quelle est la place des biothérapies dans le traitement de l’asthme ?
Les biothérapies n’ont qu’un emploi limité dans le cadre des pathologies respiratoires comme l’asthme, par rapport à d’autres domaines comme l’hématologie ou la rhumatologie. Elles ne sont indiquées qu’en troisième ou quatrième ligne de traitement pour les patients atteints d’asthme allergique persistant sévère, c’est-à-dire après l’utilisation en traitement de fond de bronchodilatateurs inhalés (antagonistes beta-adrénergiques et anticholinergiques) et d’une corticothérapie inhalée voire orale.
Plusieurs autres conditions doivent être remplies pour être éligible à une biothérapie comme :
- Être mal contrôlé malgré une corticothérapie inhalée à fortes doses (supérieures ou égales à 1500 µg par jour) ou bien une corticothérapie orale continue ;
- Présenter de fréquentes exacerbations ;
- Présenter un trouble ventilatoire obstructif inférieur ou égal à 60% de la valeur théorique du VEMS ;
- Avoir un taux d’IgE total compris entre 30 et 700 UI/mL
Les biothérapies sont indiquées chez les adultes et l’enfant âgé de plus de 12 ans.
Quelles sont les biothérapies disponibles dans le traitement de l’asthme ?
Il existe différentes biothérapies ayant chacune une cible différente :
- OMALIZUMAB (Xolair) qui est un anticorps anti-IgE
- MEPOLIZUMAB (Nucala) qui est un anticorps anti-IL-5 (interleukine 5)
- BENRALIZUMAB qui est un anticorps anti-IL-5Rα
- Les anticorps anti-IL-3
- DUPILUMAB qui est un anticorps anti-IL-4R
- ENBREL qui est un anti-TNFα (cytokine pro inflammatoire)
L’OMALIZUMAB et le MEPOLIZUMAB sont les seules biothérapies validées pour le traitement de l’asthme allergique à ce jour, les autres sont en cours d’essais cliniques.
Quelles sont les modalités d’emploi de l’Omalizumab ?
La posologie de l’Omalizumab est déterminée en fonction du taux d’IgE sériques totales et du poids du patient, elle est donc propre à chaque individu. Son administration se fait par voie sous-cutanée à raison d’une injection toutes les 4 semaines. Si la dose à administrer dépasse 300 mg (soit 2 ampoules), elle est fractionnée en 2 injections tous les 15 jours.
Est-ce efficace ?
L’Omalizumab présente une très bonne efficacité dans la prévention de la réponse immédiate et de la réaction bronchique retardée après exposition à l’antigène (c'est-à-dire l'agent déclencheur). Il permet une amélioration des scores symptomatologiques, de la qualité de vie des patients et une réduction de 50% des exacerbations les plus sévères. Il représente donc un progrès indiscutable dans la prise en charge de l’asthme allergique sévère corticodépendant.
Quels sont les effets secondaires ?
Les effets secondaires de ces biothérapies se limitent à des réactions douloureuses au niveau du site d’injection, et à quelques réactions urticariennes. De plus, la solution peut-être difficile à préparer pour le soignant car l’anticorps est difficile à dissoudre et nécessite l’utilisation d’un agitateur magnétique pendant 20 à 30 minutes.
En l’absence d’amélioration de l’état du patient après 4 mois de traitement sous biothérapie, il doit être arrêté. Le maintien du traitement après 12 mois et à plus long terme en cas d’effet favorable nécessite encore des études complémentaires pour prouver son innocuité.
Attention, cet article est général et ne remplace en aucun cas une prescription médicale. Il ne fait pas mention des éventuels cas particuliers qui peuvent exister. Chaque patient est différent, aussi parlez-en à votre médecin !
Article rédigé Camille Dauvergne, étudiante en 4ème année de pharmacie, relu par Louise Bollecker, Content Manager chez Carenity.
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