Quand l’asthme gâche les petits plaisirs de la vie, et comment y remédier ?
Publié le 2 mai 2025 • Par Candice Salomé
Avez-vous déjà renoncé à un moment de plaisir à cause de votre asthme ? Vous sentez-vous parfois limité pour rire, faire du sport, jouer avec vos enfants ou simplement cuisiner ?
Souvent invisible, l’asthme peut pourtant peser lourd sur le quotidien et s’immiscer dans les instants les plus précieux. Pourquoi en parle-t-on si peu ? Et comment retrouver un peu de légèreté malgré la maladie ?
Cet article explore les impacts silencieux de l’asthme… et surtout les clés pour reprendre la main sur son quotidien !

L’asthme est souvent réduit à une simple gêne respiratoire. Pourtant, pour des millions de personnes, cette maladie chronique empiète sur bien plus que la capacité à respirer. Elle s’invite dans les moments les plus simples, les plus intimes, les plus joyeux du quotidien. Rire, faire l’amour, cuisiner un plat en famille, jouer avec ses enfants ou faire un peu de sport peuvent devenir des épreuves. Ces petits plaisirs, essentiels à l’équilibre de chacun, sont parfois mis entre parenthèses par l’asthme… sans que l’on ose en parler.
Vivre avec l’asthme : plus qu’une simple gêne respiratoire
L’asthme touche près de 4 millions de personnes en France. Il s’agit d’une maladie inflammatoire chronique des bronches qui provoque une gêne respiratoire, des crises d’essoufflement, une toux sèche, voire une oppression thoracique. Mais derrière cette définition se cache une réalité bien plus complexe.
L’asthme est parfois perçu comme une affection bénigne, maîtrisable avec un inhalateur. Or, dans ses formes modérées à sévères, il peut profondément altérer la qualité de vie. La fatigue chronique, les réveils nocturnes, la peur constante d’une crise ou les restrictions dans les activités quotidiennes pèsent lourdement.
Chaque patient vit avec un asthme différent. Certains ressentent des symptômes discrets mais persistants. D’autres doivent adapter leur emploi du temps, leurs loisirs, leurs relations sociales à la maladie. Dans tous les cas, l’asthme impose une vigilance constante, souvent invisible aux yeux des autres.
Ces petits plaisirs de la vie que l’asthme vient troubler
On parle peu de la manière dont l’asthme peut interférer avec les moments agréables du quotidien. Pourtant, ces instants sont nombreux, et leur perte impacte profondément le moral.
Rire, parler, chanter… quand respirer devient un effort
Rire aux éclats ou chanter une chanson paraît anodin. Mais pour une personne asthmatique, ces gestes peuvent provoquer un essoufflement brutal ou une quinte de toux incontrôlable. Même une conversation animée peut devenir éprouvante. Cela peut conduire à éviter certains échanges sociaux, à se replier sur soi, et à redouter des moments normalement synonymes de joie.
Faire l’amour avec de l’asthme : tabou et réalité
La sexualité est un autre domaine où l’asthme peut s’inviter. Les efforts physiques, l’émotion, ou encore certains parfums ou produits peuvent provoquer des symptômes. Cela peut entraîner une gêne, voire un évitement de l’intimité. Ce sujet reste encore tabou, mais il mérite d’être abordé, car il touche à la confiance en soi et à l’épanouissement personnel.
Jouer avec ses enfants : entre frustration et culpabilité
De nombreux parents atteints d’asthme évoquent la difficulté de jouer avec leurs enfants sans être vite à bout de souffle. Porter son enfant, courir, faire du vélo ou même simplement lire une histoire avec emphase peut devenir pénible. Cela engendre souvent de la frustration, voire de la culpabilité, chez les parents qui souhaitent être pleinement présents pour leurs enfants.
Cuisiner, jardiner, bricoler : quand les odeurs ou les efforts déclenchent des crises
La cuisine, pourtant source de plaisir et de convivialité, peut poser problème. La chaleur, la vapeur, les odeurs fortes ou les épices sont autant de déclencheurs potentiels. De la même façon, bricoler ou jardiner expose à la poussière, aux pollens ou aux produits chimiques. L’anticipation des symptômes pousse parfois à renoncer à ces activités.
Faire du sport, même doux : le plaisir contrarié par la peur
L’activité physique est essentielle à la santé, mais elle peut devenir un vrai défi pour les personnes asthmatiques. L’asthme d’effort, fréquent, provoque une gêne respiratoire pendant ou après l’exercice. Même la marche rapide ou le yoga peuvent être redoutés. Le plaisir du mouvement cède alors la place à la crainte de l’essoufflement, voire de la crise.
L’impact silencieux de l’asthme sur la qualité de vie
Au fil du temps, ces limitations affectent profondément le bien-être. L’asthme ne nuit pas seulement à la respiration : il isole, fragilise et rend parfois la personne asthmatique incomprise.
L’anxiété face à l’imprévisibilité des crises, la peur d’incommoder les autres ou d’être perçue comme « fragile » peuvent conduire à une forme de retrait social. À cela s’ajoute la fatigue physique, souvent négligée, mais qui grignote l’énergie et l’enthousiasme jour après jour.
Souvent, les proches ne réalisent pas l’ampleur de l’impact de l’asthme, justement parce que la maladie est silencieuse entre les crises. Cela renforce le sentiment de solitude et peut même altérer les liens familiaux ou amicaux.
Mieux vivre avec l’asthme au quotidien : des pistes concrètes
Même si l’asthme ne se guérit pas, il est tout à fait possible d’en limiter l’impact au quotidien. Il ne s’agit pas de tout contrôler à 100 %, mais plutôt de mieux connaître la maladie, de s’écouter et d’apprendre à adapter ses activités. Voici quelques leviers pour vous aider à préserver vos petits plaisirs malgré l’asthme.
Apprendre à repérer ses déclencheurs
Chaque personne asthmatique est différente. Certains déclencheurs reviennent souvent (pollen, effort physique, émotions fortes, fumée, produits ménagers, poils d’animaux…), mais d'autres sont plus subtils. Tenir un carnet ou utiliser une application de suivi peut aider à repérer les circonstances précédant une crise ou un essoufflement.
Par exemple :
- Si la cuisine vous gêne, essayez d’aérer davantage, d’éviter les plats très épicés ou de déléguer certaines étapes.
- Si le sport vous essouffle, privilégiez des activités douces comme la natation ou le yoga, et échauffez-vous lentement.
Adapter ses activités sans les supprimer
Il n’est pas toujours nécessaire de renoncer aux choses qu’on aime. Souvent, une adaptation suffit. Cela peut passer par un aménagement du rythme, du lieu ou du moment de l’activité.
Par exemple :
- Rire sans s’essouffler ? Évitez les environnements enfumés, surchauffés ou trop bruyants.
- Jardiner sans risque ? Portez un masque filtrant pendant les saisons polliniques.
- Faire l’amour plus sereinement ? Parlez-en avec votre partenaire, évitez les efforts trop brusques et gardez toujours votre traitement à portée de main.
Être bien suivi médicalement
Un asthme mal contrôlé ne devrait jamais être considéré comme une fatalité. Il peut être le signe que votre traitement n’est pas (ou plus) adapté. N’hésitez pas à consulter régulièrement votre pneumologue ou votre médecin généraliste pour faire le point.
Par exemple :
- Des traitements de fond, des biothérapies ou des ajustements simples peuvent changer radicalement le quotidien.
- Pensez également à demander un plan d’action personnalisé, pour mieux gérer les crises en autonomie.
En parler : à ses proches, à son médecin, à d’autres patients
L’asthme est une maladie invisible. Beaucoup de patients ont l’impression de ne pas être pris au sérieux, surtout s’ils ont des symptômes discrets mais invalidants. Mettre des mots sur son vécu permet de sortir de l’isolement et de se sentir plus soutenu.
Par exemple :
- Expliquer à vos proches ce qu’est une crise, ce que vous ressentez quand vous êtes essoufflé·e, peut renforcer leur compréhension.
- Parler de sexualité ou d’intimité avec votre médecin peut ouvrir des pistes de solutions adaptées.
- Échanger avec d’autres patients via des forums ou des associations peut aussi offrir du réconfort et des idées nouvelles.
Préserver ses petits plaisirs, un pas à la fois
L’important n’est pas de tout faire parfaitement, mais de continuer à s’offrir des moments de joie à sa façon. Revoir ses habitudes, tester de nouvelles routines, faire preuve de douceur envers soi-même : ce sont des étapes précieuses pour mieux vivre avec l’asthme.
Sources :
L'asthme au quotidien, Vidal
Asthme de l'adulte au quotidien, Ameli
Asthme : mieux vivre au quotidien, Biogaran
Mieux vivre avec votre asthme, HAS
Asthme - Une inflammation chronique des bronches de mieux en mieux contrôlée, INSERM
Asthme : un défi à relever au quotidien !, Asthme & Allergies Info
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