Maladie de Fabry : comprendre cette maladie rare pour mieux la vivre
Publié le 16 juin 2025 • Par Candice Salomé
Avez-vous déjà entendu parler de la maladie de Fabry ? Comment se manifeste-t-elle et que peut-on faire une fois le diagnostic posé ?
Maladie génétique rare, la maladie de Fabry peut toucher différentes parties du corps et se manifester de façon très variable d’une personne à l’autre. Bien que complexe, elle n’est pas une fatalité : mieux la connaître, c’est déjà un premier pas vers une prise en charge adaptée.
Dans cet article, découvrez l’essentiel sur cette pathologie, de ses origines à ses traitements.

Qu’est-ce que la maladie de Fabry ?
Une maladie génétique rare liée au chromosome X
La maladie de Fabry est une affection héréditaire liée à une mutation du gène GLA situé sur le chromosome X. Cette mutation empêche la production ou le bon fonctionnement d’une enzyme essentielle : l’alpha-galactosidase A. Comme ce gène est porté par le chromosome X, la maladie touche les hommes et les femmes, mais de façon différente. Les hommes, ne possédant qu’un seul chromosome X, présentent généralement des formes plus graves. Les femmes peuvent être asymptomatiques, peu symptomatiques, ou présenter des formes aussi sévères que les hommes. Il existe deux formes principales de la maladie : la forme classique, avec apparition des symptômes dès l’enfance ou l’adolescence, et la forme atténuée, plus tardive.
Un déficit en enzyme alpha-galactosidase A
Chez les patients atteints de la maladie de Fabry, l’enzyme alpha-galactosidase A est absente ou fonctionne mal. Le déficit enzymatique conduit à l’accumulation des substrats glycosphingolipidiques de l’enzyme, essentiellement le Gb3 (globotriaosylcéramide) et son dérivé déacylé, le lyso-Gb3 ou globotriaosylsphingosine.
En l’absence de cette enzyme, ces substances s’accumulent progressivement dans les cellules, en particulier celles des reins, du cœur, du système nerveux et de la peau. Cette accumulation est à l’origine des symptômes et des complications de la maladie.
Quels sont les symptômes de la maladie de Fabry ?
Symptômes précoces
Les premiers signes de la maladie de Fabry apparaissent généralement dans l’enfance ou l’adolescence. Les douleurs neuropathiques, ou acroparesthésies, sont fréquentes : elles se manifestent par des sensations de brûlure, de picotement ou de décharge électrique dans les mains et les pieds. Les angiokératomes, petites lésions cutanées rouges ou violettes, sont un signe typique. D’autres symptômes précoces incluent une réduction ou une absence de transpiration (hypohidrose), une intolérance à la chaleur, ainsi que des troubles gastro-intestinaux (douleurs abdominales, diarrhées).
Atteintes progressives des organes
Avec le temps, les atteintes s’aggravent.
L’accumulation progressive de Gb3 dans les reins finit par altérer leur fonctionnement, pouvant conduire à une insuffisance rénale. La présence de protéines dans les urines constitue le premier signe d’atteinte rénale, facilement repérable lors d’une analyse d’urine. Le Gb3 perturbe le rôle de filtration des reins, ce qui peut rendre nécessaire, à terme, une dialyse ou une greffe rénale.
Par ailleurs, la présence de Gb3 dans le cœur entraîne un épaississement des parois cardiaques ainsi que divers troubles circulatoires, tels que l’hypertension artérielle, un prolapsus de la valve mitrale, une hypertrophie cardiaque, des crises cardiaques, une insuffisance cardiaque, des arythmies ou encore des AVC. Les premiers signes de ces atteintes sont souvent une accélération ou une irrégularité du rythme cardiaque. Le risque de complications cardiaques augmente avec l’âge.
Le système nerveux peut également être touché, provoquant des vertiges, des maux de tête, une perte auditive ou des acouphènes.
Enfin, la cornée peut révéler une apparence spécifique dite "cornée verticillée", identifiable lors d’un examen ophtalmologique.
Différences entre hommes et femmes
Chez les hommes, les symptômes sont souvent plus précoces et plus graves. Chez les femmes, la variabilité est importante. Certaines peuvent présenter des manifestations cliniques similaires à celles des hommes, tandis que d’autres sont peu ou pas symptomatiques. Cette variabilité est due à l’inactivation aléatoire de l’un des deux chromosomes X.
Comment diagnostique-t-on la maladie de Fabry ?
Suspicion clinique
Le diagnostic repose souvent sur un faisceau d’arguments cliniques : douleurs atypiques, antécédents familiaux de maladie rénale ou cardiaque précoce, présence d’angiokératomes, troubles auditifs ou ophtalmologiques. La connaissance de la maladie de Fabry par les professionnels de santé est essentielle pour évoquer rapidement cette hypothèse diagnostique.
Examens complémentaires
Le diagnostic de la maladie de Fabry repose sur une analyse sanguine permettant de mesurer l'activité de l’enzyme alpha-galactosidase A. Chez l’homme, un taux anormalement bas, voire inexistant, confirme généralement le diagnostic. En revanche, chez la femme, en raison de l’inactivation aléatoire de l’un des deux chromosomes X, l’activité enzymatique peut rester normale dans environ 40 % des cas. Il est alors nécessaire de procéder à une analyse génétique afin de détecter une mutation du gène GLA, responsable de la production de cette enzyme.
Dépistage familial
Une fois le diagnostic posé chez un patient, un dépistage est proposé aux membres de la famille. Cela permet de repérer précocement les porteurs de la mutation et de mettre en place un suivi ou un traitement adapté.
Quels sont les traitements disponibles ?
Thérapies spécifiques
Deux types de traitements spécifiques sont disponibles. La thérapie enzymatique substitutive consiste à administrer régulièrement par voie intraveineuse une forme recombinante de l’enzyme alpha-galactosidase A. Ce traitement vise à réduire l’accumulation de Gb3 (globotriaosylcéramide). Une autre option est le chaperon pharmacologique qui stabilise l’enzyme mutée lorsque celle-ci est encore partiellement fonctionnelle. Ce traitement oral n’est cependant efficace que chez certains patients, selon le type de mutation.
Prise en charge multidisciplinaire
La complexité de la maladie de Fabry nécessite une prise en charge coordonnée et pluridisciplinaire. Les patients sont souvent suivis dans des centres de référence pour les maladies rares, qui regroupent néphrologues, cardiologues, neurologues, ophtalmologues, dermatologues et généticiens. L’objectif est d’assurer un suivi global et adapté à l’évolution de la maladie.
Traitements symptomatiques et soutien
En plus des traitements spécifiques, la prise en charge inclut le traitement des symptômes : antalgiques pour les douleurs, traitement des troubles digestifs, appareillage auditif si nécessaire. En cas de complications graves, comme l’insuffisance rénale terminale, la dialyse ou la greffe rénale peuvent être envisagées.
Vivre avec la maladie de Fabry
Suivi régulier et adaptation du quotidien
La maladie de Fabry impose un suivi médical rigoureux tout au long de la vie. Il est important d’adapter certaines activités du quotidien en fonction des symptômes : éviter les fortes chaleurs en cas d’hypohidrose, pratiquer une activité physique modérée et adaptée, adopter une alimentation équilibrée pour préserver les organes cibles.
Impact psychologique et soutien
La gestion d’une maladie rare, chronique et souvent invisible peut avoir un impact psychologique important. L’anxiété, la fatigue chronique et le sentiment d’isolement sont fréquents. Un accompagnement psychologique peut être utile pour les patients comme pour leurs proches.
Aides et ressources disponibles
Des associations de patients, comme l'APMF (association des patients de la maladie de Fabry), offrent informations, soutien et entraide. Elles permettent de rompre l’isolement, d’accéder à des ressources fiables, et de mieux comprendre les enjeux de la maladie. Des groupes de discussions en ligne, tels que Carenity, peuvent aussi venir en soutien aux patients et leurs proches. Des aides administratives peuvent également être mobilisées pour compenser un handicap ou préserver la qualité de vie professionnelle.
Ce qu’il faut retenir sur la maladie de Fabry
La maladie de Fabry est une affection génétique rare et grave, qui touche plusieurs organes et entraîne des symptômes très variables d’une personne à l’autre. Son origine est un déficit en enzyme alpha-galactosidase A, responsable de l’accumulation de substances toxiques dans l’organisme. Le diagnostic repose sur un faisceau d’arguments cliniques, biologiques et génétiques. Des traitements existent aujourd’hui pour ralentir l’évolution de la maladie et en atténuer les symptômes. Un suivi régulier, une prise en charge multidisciplinaire et un accompagnement global sont essentiels pour améliorer la qualité de vie des patients. Mieux connaître la maladie de Fabry, c’est aussi favoriser un diagnostic plus précoce et un avenir plus serein pour les patients et leurs proches.
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Sources :
Maladie de Fabry : intérêt du dosage de lyso-Gb3 plasmatique, Société Française de Cardiologie
Fabry (maladie de), Société Nationale Française de Médecine Interne
Les symptômes de la maladie de Fabry, L’Association Canadienne de Fabry
Traitement et suivi de la maladie de Fabry, Eurofins
Peut-on traiter la maladie de Fabry ?, Lysomed
La maladie de Fabry, APMF
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