Cyclothymie : quand l’humeur fait le yoyo
Publié le 11 juil. 2025 • Par Candice Salomé
Et si vos sautes d’humeur n’étaient pas seulement dues au stress ou à la fatigue ? La cyclothymie, forme atténuée mais chronique de trouble bipolaire, reste encore peu connue et souvent confondue avec un tempérament instable. Pourtant, elle impacte profondément la qualité de vie, les relations et le bien-être mental. Qu’est-ce que ce trouble exactement ? Comment le reconnaître, le diagnostiquer et le vivre au quotidien ?
Dans cet article, nous faisons le point sur la cyclothymie pour mieux la comprendre… et mieux la gérer.

Qu’est-ce que la cyclothymie ?
Définition du trouble cyclothymique
La cyclothymie, également appelée trouble cyclothymique, est un trouble de l’humeur chronique caractérisé par des variations émotionnelles importantes, mais moins intenses que celles observées dans les troubles bipolaires. Il s’agit d’une forme atténuée de bipolarité, où les épisodes d’hypomanie et de dépression légère alternent de manière récurrente sur une longue période, sans atteindre les critères complets d’un trouble bipolaire de type I ou II. Cette alternance crée une instabilité émotionnelle qui peut impacter la qualité de vie, les relations interpersonnelles et le fonctionnement professionnel ou scolaire, tout en restant souvent méconnue ou minimisée
Cyclothymie vs bipolarité : quelles différences ?
Si la cyclothymie appartient au spectre des troubles bipolaires, elle se distingue par l’intensité plus modérée des symptômes. Contrairement au trouble bipolaire, où les phases maniaques ou dépressives sont plus marquées et souvent invalidantes, la cyclothymie se manifeste par des fluctuations plus subtiles mais fréquentes de l’humeur. Ces variations peuvent être perçues comme de simples sautes d’humeur ou un tempérament changeant, ce qui complique le diagnostic. Le passage d’un état d’excitation à une humeur plus morose peut se produire en l’espace de quelques jours, voire quelques heures, sans qu’il y ait de retour à un état d’humeur "normale" stable.
Quelle est la fréquence de ce trouble ?
La cyclothymie toucherait environ 2 à 5 % de la population, bien que ce chiffre soit probablement sous-estimé en raison des difficultés diagnostiques. Elle apparaît souvent à l’adolescence ou au début de l’âge adulte, mais peut également se manifester plus tard. Hommes et femmes sont concernés de manière relativement équivalente, bien que les symptômes puissent s’exprimer différemment selon le genre. Ce trouble reste encore largement sous-diagnostiqué, en partie à cause de la confusion fréquente avec des traits de personnalité ou d’autres troubles psychiques.
Quels sont les symptômes de la cyclothymie ?
Les phases d’hypomanie (exaltation, énergie, agitation)
Les phases d’hypomanie dans la cyclothymie se traduisent par une augmentation de l’énergie, de la créativité et de l’activité. La personne peut se sentir euphorique, parler plus rapidement, avoir mille projets en tête et ressentir un besoin réduit de sommeil. Cette énergie peut être vécue positivement, mais elle s’accompagne parfois d’irritabilité, d’impatience et d’une perte de jugement. Des comportements impulsifs, comme des achats compulsifs ou des décisions précipitées, peuvent survenir, affectant le quotidien sans que la personne en soit pleinement consciente.
Les phases dépressives légères (tristesse, fatigue, repli sur soi)
Les épisodes dépressifs légers sont marqués par une perte d’intérêt, une baisse d’énergie, une tristesse diffuse et des difficultés à se concentrer. La personne peut avoir tendance à s’isoler, ressentir une fatigue persistante ou éprouver un sentiment de vide. Ces périodes, bien que moins profondes qu’un épisode dépressif majeur, peuvent affecter l’estime de soi, entraîner une démotivation et rendre les tâches quotidiennes plus difficiles à accomplir.
L’instabilité émotionnelle au quotidien
L’un des aspects les plus caractéristiques de la cyclothymie est l’instabilité émotionnelle permanente. L’humeur peut varier de façon rapide et imprévisible, générant une sensation de chaos intérieur. Cette instabilité rend la régulation émotionnelle complexe, ce qui peut entraîner des conflits relationnels ou des difficultés à maintenir un rythme de vie stable. Les personnes concernées décrivent souvent une lutte constante pour comprendre et apprivoiser leurs propres réactions.
Quelles sont les causes et facteurs de risque de la cyclothymie ?
Facteurs génétiques et familiaux
Des études ont montré que la cyclothymie peut avoir une composante héréditaire. Elle apparaît plus fréquemment chez les personnes ayant des antécédents familiaux de troubles de l’humeur, notamment de bipolarité. Certains gènes impliqués dans la régulation de la dopamine ou de la sérotonine, neurotransmetteurs essentiels à l’équilibre émotionnel, pourraient jouer un rôle dans la prédisposition à ce trouble.
Environnement et stress chronique
L’environnement de vie joue un rôle important dans l’apparition ou l’aggravation des symptômes cyclothymiques. Une enfance marquée par des instabilités affectives, des traumatismes ou un climat émotionnel tendu peut favoriser le développement du trouble. Le stress chronique, les situations de pression constante ou un rythme de vie irrégulier peuvent aussi amplifier les variations d’humeur chez les personnes vulnérables.
Déclencheurs psychologiques ou biologiques possibles
Certains événements de vie, comme une rupture, un deuil ou un changement professionnel, peuvent constituer des déclencheurs. Sur le plan biologique, des anomalies dans le fonctionnement du système nerveux central, en particulier au niveau des circuits émotionnels, sont également évoquées. Un déséquilibre hormonal ou une sensibilité accrue au stress pourraient expliquer la difficulté à maintenir une humeur stable.
Comment diagnostiquer la cyclothymie ?
Qui peut poser le diagnostic ?
Le diagnostic de la cyclothymie doit être posé par un professionnel de santé mentale, généralement un psychiatre. Ce dernier s’appuie sur l’entretien clinique approfondi, l’historique des symptômes et l’observation des variations d’humeur dans le temps. Le rôle du psychiatre est essentiel pour différencier la cyclothymie d’autres pathologies, comme les troubles de la personnalité ou les troubles anxieux.
Quels sont les critères diagnostiques ?
Selon le DSM-5, le trouble cyclothymique est défini par la présence, pendant au moins deux ans (ou un an chez les adolescents), de périodes répétées de symptômes hypomaniaques et dépressifs n’atteignant pas l’intensité d’un trouble bipolaire. Ces fluctuations ne doivent pas être expliquées par un autre trouble mental ou une consommation de substance, et elles doivent entraîner une souffrance ou une altération significative du fonctionnement social ou professionnel.
Existe-t-il des tests pour détecter la cyclothymie ?
Il n’existe pas de test biologique pour diagnostiquer la cyclothymie. Cependant, des questionnaires d’auto-évaluation comme le « Mood Disorder Questionnaire » peuvent aider à repérer certains profils à risque. Ces outils ne remplacent en aucun cas l’évaluation par un spécialiste, mais peuvent constituer une première étape dans la démarche de compréhension de ses troubles.
Quels traitements et solutions existent ?
Approches psychothérapeutiques efficaces
La psychothérapie est au cœur du traitement de la cyclothymie. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) aident à identifier et corriger les pensées automatiques négatives, à mieux comprendre les cycles de l’humeur et à développer des stratégies de gestion émotionnelle. D’autres approches, comme la thérapie de régulation émotionnelle, la pleine conscience ou la thérapie interpersonnelle, peuvent également être efficaces pour stabiliser l’humeur.
Traitement médicamenteux : est-il nécessaire ?
Dans certains cas, un traitement médicamenteux peut être recommandé, notamment si les fluctuations d’humeur sont très fréquentes ou handicapantes. Des stabilisateurs de l’humeur, comme le lithium ou la lamotrigine, sont parfois prescrits. Les antidépresseurs doivent être utilisés avec précaution, car ils peuvent accentuer les phases d’excitation. Le choix d’un traitement repose toujours sur une évaluation personnalisée.
Le rôle du suivi régulier et du mode de vie
Un suivi médical et psychothérapeutique régulier est essentiel pour ajuster les traitements et accompagner la personne dans la gestion de ses émotions. L’adoption d’une hygiène de vie stable, incluant un rythme de sommeil régulier, une alimentation équilibrée, une activité physique et la gestion du stress, contribue grandement à atténuer les variations d’humeur.
Vivre avec la cyclothymie : conseils pratiques
Gérer la cyclothymie au quotidien
Vivre avec la cyclothymie demande de connaître son fonctionnement émotionnel et d’adopter des habitudes stabilisantes. Maintenir des horaires réguliers, éviter les stimulants comme la caféine en excès, pratiquer une activité physique modérée et prendre soin de son sommeil sont des leviers précieux. Il est également bénéfique d’apprendre à repérer les signaux avant-coureurs d’une phase pour agir en amont.
Cyclothymie et vie professionnelle : quels défis ?
Sur le plan professionnel, la cyclothymie peut poser des difficultés de concentration, d’adaptation ou de gestion du stress. La communication avec les collègues ou la hiérarchie peut en être affectée. Il est parfois nécessaire d’aménager son environnement de travail ou de solliciter un accompagnement via un médecin du travail pour favoriser un cadre plus adapté.
Cyclothymie et relations : en parler à ses proches ?
Parler de la cyclothymie à ses proches peut s’avérer difficile, notamment en raison de la peur du jugement ou de l’incompréhension. Pourtant, expliquer le trouble et ses conséquences permet souvent d’apaiser les relations et de solliciter un soutien plus adapté. L’entourage joue un rôle clé dans le processus de stabilisation et dans le repérage des signes annonciateurs de déséquilibre.
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