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Endométriose : l'Androcur augmente les risques de tumeur

Publié le 10 sept. 2018 • Par Louise Bollecker

Endométriose : l'Androcur augmente les risques de tumeur

Un médicament utilisé pour combattre les hirsutismes féminins majeurs d'origine non tumorale ou l'endométriose est remis en question : il peut multiplier jusqu'à 20 fois la probabilité de certaines tumeurs chez les femmes traitées longtemps à hautes doses.

androcur medicament

Des chiffres alarmants sur l'Androcur

L'étude de l'ANSM et l'Assurance maladie, rendue publique fin août, met en garde contre les effets secondaires de l'Androcur, un médicament prescrit pour combattre une pilosité excessive ou dans le cadre du traitement contre l'endométriose hors de son autorisation de mise sur le marché (AMM). L'acétate de cyprotérone, nom générique de l'Androcur, bloque l'activité des hormones mâles.

Les résultats sont alarmants : le risque de méningiome, une tumeur au cerveau le plus souvent bénigne, est "multiplié par 7 pour les femmes traitées par de fortes doses sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après 5 années de traitement". Ce risque figure depuis 2011 sur la notice de ce traitement hormonal, grâce, déjà, à une alerte française, mais l'étude est la première à chiffrer ce risque.

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"On s'attendait à trouver un risque" mais son importance chez des femmes traitées à haute dose et sur de longues durées "nous a surpris", explique à l'AFP l'endocrinologue Jean-Michel Race, de l'ANSM. "Cela constitue un fait nouveau qu'il faut prendre en compte dans l'évaluation du rapport bénéfice/risque de ce produit", poursuit-il.

De nouvelles modalités d'utilisation à prévoir

Les autorités sanitaires françaises vont demander à l'Europe de redéfinir les modalités d'utilisation de l'Androcur et de ses génériques, a annoncé jeudi l'Agence du médicament ANSM. Malgré ces chiffres, les autorités sanitaires ne jugent pas nécessaire de retirer ce médicament du marché car il possède des bénéfices dans les indications qui sont les siennes.

Le but est ainsi de "repréciser ces indications" pour éviter les utilisations impropres. L'objectif est de confirmer qu'il ne faut pas l'utiliser dans les pathologies plus légères que celles pour lesquelles il est indiqué et définir des durées et doses maximales. Le médicament, en effet, est parfois prescrit pour des signes d'androgénie petits ou moyens : une pilosité un peu plus importante, une tendance à l'alopécie (perte de cheveux), des peaux grasses et acnéiques...

Après une première réunion d'un comité d'experts indépendants le 13 juin, une seconde aura lieu le 1er octobre. Ces données seront transmises au niveau européen "avant la fin de l'année" pour une procédure dont l'issue est espérée en 2019.

Qui est concerné par l'Androcur ?

Selon le docteur Race, "89.000 femmes ont fait l'objet d'au moins une prescription en 2017" en France. En Europe, il est disponible dans cinq pays: le Royaume-Uni, l'Italie, l'Allemagne, l'Espagne et la France, qui représente à elle seule 60 % du marché. 

Chez l'homme, ce médicament est préconisé dans certaines formes de cancer de la prostate. Il est également donné à des personnes transgenres afin de diminuer les hormones mâles. Enfin, dans son dosage à 100 mg, ce médicament est utilisé dans la prise en charge des agresseurs sexuels afin d'éviter des récidives ("castration chimique").

AFP

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Auteur : Louise Bollecker, Community Manager France & Content Manager

Community Manager de Carenity en France, Louise est également rédactrice en chef du Magazine Santé pour proposer des articles, vidéos et témoignages centrés sur le... >> En savoir plus

1 commentaire


Louise
le 17/09/2018

Cinq femmes traitées par le médicament Androcur et opérées d'une tumeur, avec pour certaines des séquelles importantes, ont décidé d'aller en justice pour obtenir des indemnisations a annoncé leur avocat, vendredi 14 septembre. Toutes ont été opérées d'un méningiome. 

La veille, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a invité les patients qui prennent de l'Androcur "à se rapprocher de leur généraliste" en raison des risques liés à ce médicament, "tout en soulignant qu'il n'y a pas d'urgence". "Ce n'est pas un cancer. Ce n'est pas un scandale sanitaire", a déclaré la ministre au quotidien CNEWS.

Sur son site, l'ANSM indique que "pour toute question, les patients sont invités à se rapprocher de leur médecin ou de leur pharmacien. Ils ne doivent en aucun cas arrêter leur traitement sans l'avis d'un médecin".

Le numéro 0 805 04 01 10 est accessible gratuitement du lundi au vendredi de 9h à 19h.

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